Bach, Gotainer, Chopin, Polnareff, Mozart, Biolay, Wagner et tant d’autres opérassemblés dans une même partition ! Airs classiques et variété, rapiécés ensemble, tournoient dans le vaste dédale de la mémoire.
Deux chanteuses inventent des paroles originales que leur inspirent les thèmes classiques, et les répertoires, habilement revisités, fusionnent et s’entrechoquent. L’accordéon, véritable orchestre à bretelles, auréolé de son parfum nostalgique offre un décalage inattendu à cet univers hétéroclite.
Une Opéralchimie du Souvenir où le rire et l’émotion se télescopent avec malice, une madeleine de Proust aux pépites musicales qui ravive l’âme !
Un opéra sans aucun air d’opéra où classique et variété fusent à pleins tubes !
De Aurore Bouston et Marion Lépine Mise en scène William Mesguich Direction musicale Louis Dunoyer Avec Aurore Bouston, Marion Lépine, Jonas Vozbutas ou Vincent Carenzi Costumes Marie-Caroline Béhue – Black Baroque Chorégraphies Eva Tesiorowski Construction décor Thierry Deroche Vidéo Boris Carré Diffusion L’Impertinente, Stéphanie Gesnel Production ABML Productions Coproduction Canal 33 Partenaires Centre Culturel Marcel Pagnol, Bures-sur-Yvette / Espace Bernard Dague, Louvres Soutiens Centre National de la Musique – CNM – Avec le soutien de la Ville de Bois-Colombes
Aurore BOUSTON et Marion LEPINE, voilà 2 chanteuses aux voix puissantes qui emportent le public dans un tourbillon hallucinant de chansons puisées dans notre mémoire collective.
Elles sont carrément déchainées ! A peine avons nous eu le temps de reconnaitre une chanson qu’elles enchainent sur une autre… Une foire aux chansons, pour nous rappeler que les chansons ça pousse comme les fleurs, les fruits, les légumes et qu’il faut les apprécier et surtout les cultiver.
Les jeunes seront heureux de les découvrir et les anciens se diront qu’ils ne sont pas si vieux si leurs chansons du siècle dernier résistent au temps qui passe…
Et elles n’ont pas seulement des belles voix Aurore et Marion, ce sont de fameuses comédiennes qui se déguisent en un tour de main en Nana MousKouri, Polnareff, le chanteur de Mexico et savent même danser le French cancan.
Bref, nous avons passé avec Aurore et Marion un super moment , du rire aux larmes toujours avec le sourire. C’est tout de même étonnant de retrouver dans cette cohue musicale des chanteurs aussi différents que Piaf, Biolay, Halliday etc.
Mais le thème de la mémoire ou de l’oubli qui rime avec nostalgie donne des ailes à l’imaginaire audacieux de ces deux chanteuses que la mise en scène de William MESGUICH met tout à fait en valeur.
Il faut également saluer l’équipe artistique qui les entoure généreusement, l’accordéoniste, la costumière, la chorégraphe !
C’est le genre de spectacle qu’il faut revoir plusieurs fois comme on effeuille une marguerite, beaucoup, passionnément. Allez y sans hésiter !
Evelyne Trân
Le 7 Mai 2025
N. B :OPERAPIECE sera à Avignon pour un concert gratuit le vendredi 13 juin à 12 H 30 à la Salle des préludes Opéra Avignon Place de l’horloge puis le spectacle sera au Festival off d’Avignon du 5 au 26 Juillet 2025 à 17 H 55 au Théâtre EPISCENE 5 rue Ninon Vallin 84000 AVIGNON.
Frédérique Forgeard, « Frédérique » , d’origine bretonne, débute au théâtre en 1973. En 1978, elle rencontre Gérard Pierron en tournée avec son spectacle sur Gaston Couté, ce fut le début d’une belle histoire d’amitié avec Gérard mais aussi avec Couté…. Frédérique a par la suite chanté ce poète notamment dans un spectacle intitulé « La Chanson des Mauves » puis dans « Gaston Couté, Jour de Lessive » présenté avec Bruno Daraquy à Publico en 2023. Elle y a égalelement présenté ce spectacle, le 28 Janvier 2024, en avant-première.
Mots et Musiques et Publico présentent Vendredi 16 Mai à 19h Le Voyage Suspendu, Spectacle de Peinture Parlante.
Depuis l’Antiquité, la Poésie est dite peinture parlante et la Peinture poésie muette. (Simonide de Céos)
Sur un fil tendu, entre Peinture et Poésie, nous glisserons de l’une à l’autre, comme des funambules. De là-haut, nous verrons les corbeaux de Rimbaud, s’échapper de la toile de Van Gogh.
Suspendus par les mots, nous irons vers le Nord, danser la Maclotte et un peu plus loin, dans un ciel de confettis, nous apercevrons la Montagne Sainte-Victoire…en pointillé, puis nousdéjeunerons sur l’herbe et terminerons notre voyage en bord de mer.
Un itinéraire poétique en Toiles et en Chansons, de Vincent van Gogh à Paul Klee, en passant par Marie Laurencin et Caspar David Friedrich
« Tout le monde veut être Madame MARGUERITE ». Il y a des enseignants tous genres confondus qui se croient au théâtre sur le devant de la scène, face à un public privilégié, la classe.
Madame MARGUERITE en fait partie, son public, une classe de CM2 n’a qu’à bien se tenir, elle aura droit à un cours inaugural exceptionnel de nature à les vacciner contre toutes les vacheries que se permettent certains adultes au nom de l’autorité.
Madame MARGUERITE, cette créature exubérante, cinglée et insupportable qui s’écoute parler telle la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf est la personnification des années de plomb au Brésil (1964-1985) sous la dictature militaire.
L’auteur de la pièce éponyme, Roberto ATHAYDE avait 21 ans lors de sa création. En pleine dictature, la pièce a connu un grand succès, car elle exprimait probablement le ras de bol de toute une population condamnée au silence, en se moquant allègrement des tenants du pouvoir, à travers la caricature d’une maitresse d’école gagnée par la folie.
Le personnage, particulièrement cocasse et ridicule, profite de son statut pour terroriser d’innocentes brebis, ses élèves en dégoupillant vérités et contre-vérités sur la vie, la mort, le sexe.
« Vous allez tous mourir » leur assène-t-elle, les enjoignant à « cultiver l’obéissance reine de toutes les vertus ».
Qui ne se souvient pas de la sonnerie exaspérante de la fin de cours et du bruit de la craie sur le tableau noir sans éprouver quelques frissons ? Il est tellement facile de terroriser un enfant. Ils appellent ça l’école de la vie. En même temps, Madame MARGUERITE est si pitoyable qu’elle en devient touchante. Elle s’enlise dans ses délires, d’autant plus que son public est réduit au silence.
La mise en scène bien rythmée de Michel GIES met en valeur le jeu de la pétulante Emilie CHEVRILLON qui fait entendre la folie et la fragilité de cette dame-là, basculant de l’intonation infantile au rugissement animal avec une aisance incroyable.
Le spectacle délivre vigoureusement son message « Toute dictature est folie, signe que l’humanité est malade, à l’école de la vie, il devrait être toujours possible de réagir ! ».
Une histoire d’amour « merveilleuse » entre une mère et son fils ! Un merveilleux qui transite par la lucidité de l’enfant saisi de honte lorsque sa mère annonce à qui veut bien l’entendre, les voisins, les professeurs : Mon fils sera ambassadeur de France, mon fils sera un grand écrivain français.
« Son regard de fierté et d’admiration me suivait partout » confie Romain Gary dans ce roman autobiographique La promesse de l’aube écrit à l’âge mûr, à 45 ans. Le titre, juste le titre que l’on peut glisser sur ses lèvres, il est possible de l’associer à une caresse ultime, celle que procure au narrateur la présence inaliénable de cette mère, chevillée au corps et à l’esprit. Elle préside à la destinée de son fils.
D’un naturel exubérant Mina Owczynska née en Lituanie et émigrée en France (à l’adolescence de Romain) douée d’une énergie hors normes, consacra sa vie à l’éducation de son fils au point de l’étouffer, ce dernier se prenant à regretter qu’elle n’ait point eu d’amant.
Cette mère extravagante qui déclarait avoir été une grande actrice avait une personnalité encombrante mais si pleine de vitalité qu’elle l’a manifestement transmise au narrateur dont l’œuvre révèle bien des aspects tourmentés, voire désespérés. Gary lui fait dire que « La mort est une formalité désagréable mais où tous les candidats sont reçus ».
Il fallait exprimer cette promesse de l’aube avec cet humour destiné à « désamorcer le réel » Franck DESMEDS s’y emploie en donnant le ton de l’invraisemblance du souvenir. C’est que Gary n’analyse pas ses souvenirs, il les vit comme de véritables flashbacks émotionnels, comme au cinéma certaines scènes de film où sa mère jouerait le rôle principal. A croire que sa mère était une véritable actrice dans la vie. Pour celle qui était dans la misère, seule pour élever son fils, il s’agissait de réinventer la vie.
Franck DESMEDS met en évidence les anecdotes les plus croustillantes du roman, celle par exemple où l’enfant Gary est contraint de jouer au tennis devant sa majesté Gustave V de Suède pour ne pas décevoir sa mère qui entendait l’inscrire gratuitement à un cours célèbre ou encore celle où il s’apprête à aller tuer Hitler à la demande de sa mère qui finit par le prier de « renoncer à ce projet héroïque ».
L’on y croit à ces scènes et on les visualise à travers la voix de Franck DESMEDS tour à tour aimable, sémillante, colorée, grasseyante ou pointue, qui interprète aussi bien Gary que sa mère et d’autres personnages.
Et l’on rit pendant le spectacle, ce qui fait un bien fou, avec indulgence pour les fantasmes d’une mère si originale, si pittoresque. Romain Gary écrit avec une pointe d’amertume :
« Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours ».
Or, c’est à travers cette promesse de l’aube que Mina Owczynska apparaît comme pour fortifier l’image du narrateur qui se confondrait alors avec celle de la mère, letemps d’un sentiment de tendresse retrouvée, le temps d’un geste de bienveillance.
L’on ressort du spectacle l’esprit apaisé et heureux !
https://www.youtube.com/watch?v=shk0aIYhdEY&t=8s C’est l’histoire d’un homme qui a choisi les mots comme rempart à la libéralité de nos émotions, à cet aléatoire, ce rien confus qui parfois nous trouble. Le narrateur raconte sa curieuse confrontation avec la solitude et une nature difficile, voire hostile ; il fait affreusement froid là-bas en Sibérie, non sans se départir d’un certain humour « Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure ».
Nous ne pouvons-nous empêcher de penser qu’il prête de l’esprit aux montagnes, à la banquise, au soleil et plus largement à la nature d’une présence d’autant plus prégnante que l’homme qui l’éprouve a pour partenaire cette étrange maîtresse, la solitude.
Pourquoi donc raconter cette aventure qui a duré six mois, pour avoir suffisamment de matière pour écrire un livre ? Nous pensons que Sylvain Tesson poète dans l’âme, a écrit ce livre pour fixer une véritable histoire d’amour avec un paysage, une nature foisonnante de mystère devenue sa compagne.
William Mesguich tour à tour émouvant, drôle, lyrique, laisse fuser toute cette sensualité propre aux mots qui fondent dans la bouche et suggèrent toutes sortes de sensations qui vont bien au-delà de la pensée. Car il faut quelque peu la faire exploser cette intériorité de la pensée qui épouse l’austère nature et se rêver animal homme pour faire battre son cœur !
Production : Artistic Scenic, Ada Productions et DB&A
Le 30 juin 1984, l’enfance de Thelma, 11 ans, s’arrête. Comment fait-on pour se reconstruire après une vérité cachée ? D’une adolescente survoltée, à la jeune femme qui monte à Paris pour réaliser son rêve, de la femme prise en étau par son corps et ses amours, grâce à la scène, Thelma va trouver en elle, la force de grandir… Du rire aux larmes, par le récit de personnages sensibles, redoutables et parfois drôles, Cache Cache nous percute en plein cœur.
Une production Les larrons en accord avec le Théâtre de Poche Montparnasse.
Un cœur simple est une nouvelle de Gustave Flaubert tirée du recueil Trois contes, qui retrace l’histoire d’une servante au 19ème siècle, en Normandie, Félicité de son prénom… Ce spectacle a été nommé en 2019 aux Molières dans la catégorie Meilleur Seul en Scène, joué plus de 400 représentations en France et à l’étranger, il revient pour notre plus grand plaisir !
Ce sont les 7 derniers jours de Madeleine Béjart, première compagne de Molière, qui a été sa « mentor », sa muse, sa compagnonne de route, son ombre…
Madeleine Béjart est une femme moderne. Elle s’aventure sur des chemins qu’aucune femme de son époque n’a empruntés. Elle est une interprète de génie, elle écrit des vers, elle invente la mise en scène, elle construit, finance et dirige la troupe qui deviendra le Théâtre Français en 1680. La Comédie Française devrait s’appeler la maison de Molière et de Madeleine Béjart !
Il voulait être seul. Et puis elle entre dans son compartiment. Elle ne le regarde pas. Pire encore, c’est comme s’il n’existait pas. Elle lit. Qui est-elle ? A quoi joue-t-elle ? Qui est cette inconnue, proche de la « passante » de Baudelaire ? Que cache-t-elle ? Aussitôt, des textes sur les femmes et la séduction surgissent, se recoupent et se contredisent. Le jeu est grave et rieur. Le spectacle est comme une boîte dont on sort des cartes imprévues, mais de la même famille, celle du cœur.
Production : Le Grenier de Babouchka, Scène Productions et A&P Productions
Le 25 avril 1974, au Portugal, la révolution des œillets fait chuter la plus longue dictature d’Europe. Des milliers de Portugais marchent ensemble, vers leur destin pour écrire, la fleur au fusil, une sublime histoire d’union, d’amour et de paix. Ces hommes et ces femmes réussissent ainsi à gagner leur liberté sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée. C’est l’histoire d’une démocratie qui se gagne par l’union d’un peuple et qui se conquiert avec des fleurs. Quand son petit-fils l’interroge sur sa vie, Céleste, émigrée portugaise en France, convoque en sa mémoire les souvenirs passés de sa jeunesse muselée par la dictature de Salazar…
Ce soir le théâtre se transforme en salle de classe. Celle de Madame Marguerite, institutrice mégalomane et tyrannique. Elle est investie d’une mission : faire de vous des élèves obéissants. Inexpressifs. Impuissants. Un monologue critique de la dictature, intense et caustique, sans tabou, qui secoue la morale avec une insolence vivifiante, mis en scène avec finesse par Michel Giès et interprété par l’époustouflante Emilie Chevrillon. Un moment jubilatoire.
Romain Gary raconte sa jeunesse, son déracinement, sa relation à sa mère qui l’élève seule. Elle rêve de grandeur pour lui. Il n’aura de cesse d’essayer d’être à la hauteur de ce rêve. Passant de la mère étouffante d’amour à la femme de ménage espiègle, du grand De Gaulle à une galerie de petits Parisiens qui traversent la terrible guerre, Franck Desmedt retrace avec virtuosité l’itinéraire de l’un des auteurs les plus mystérieux, le seul à avoir obtenu deux fois le prix Goncourt.
Production : Atelier Théâtre Actuel, Samsha Films, Pony Production, Qui Vive !, SPJL Production, Avec le soutien de la ville de Romainville — Coup de cœur du Festival BeFOre le OFF – Saint-Cloud
Une jeune femme tombe malade. La grippe, quoi de plus banal. Mais la maladie s’aggrave et elle est transportée d’urgence à l’hôpital. Son pronostic vital est engagé, son cœur très affaibli : l’équipe médicale décide de lui greffer une machine de circulation extra corporelle. Comme c’est étrange, à 29 ans, d’avoir le cœur qui flanche… Comment faire pour survivre ? Comment revenir au monde ? Une histoire de montagne à gravir, de brouillard à traverser, de résilience et d’amour. Une plongée dans l’univers surréaliste, épique et désespérément drôle de la réanimation. D’après une histoire vraie.
C’est comme si c’était l’histoire d’un homme qui se racontait une pièce de théâtre. Ou c’est comme si une pièce de théâtre traversait un seul homme. Dans les deux cas, le présent a un goût de souvenir. Théâtre radical : de quoi s’agit-il là, sinon de voir les voix, et de tenter de les faire voir ? L’art de la « mise en scène » attendra. Nous arrêtons ici le « spectacle » à sa seule rêverie. Dans la pièce de Daudet, on ne voit jamais L’Arlésienne, n’est-ce pas ? Cette fois, on ne verra pas davantage les autres, Frédéri, Vivette, Rose Mamaï, le Gardian ou Balthazar… mais on entendra leurs spectres. Et pourquoi L’Arlésienne ? Parce que c’est la Provence et, derrière la naïveté apparente de ses accents, tendez l’oreille, plusieurs Provence. Et parce que c’est autrefois et, tendez l’oreille, c’est encore maintenant. Et parce que c’est l’amour, enfin. Tendez l’oreille : celui, ici, maladie infantile et mortelle, de tous pour tous.
Production : Compagnie de l’Étreinte. Pierre Bonnier – Théâtre de la Huchette – Théâtre du Poche Montparnasse
William Mesguich nous fait revivre sur scène l’expérience exceptionnelle de l’écrivain-aventurier Sylvain Tesson. Parti loin de la cité et de la foule, il fait le choix de s’isoler au milieu des forêts de Sibérie, là où ses seules occupations sont de pêcher pour se nourrir, de couper du bois pour se chauffer. Il réapprend le bonheur de la lecture et de la réflexion solitaires. Avec poésie et humour parfois, il nous entraine dans sa cabane : « Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence, toutes choses dont manqueront les générations futures ? »
Textes de : Jehan-Rictus (issus du recueil « Le cœur populaire »)
Mise en scène : Guy-Pierre Couleau
Avec le soutien de l’ADAMI dans le cadre du dispositif déclencheur théâtre.
Ces histoires issues du recueil « Le Cœur populaire » sont un manifeste en faveur du Pauvre, ce bon vieux Pauvre dont tout le monde parle et qui se tait toujours ; ce Pas-de-Chance que tout le monde voit mais que personne ne regarde. Jehan-Rictus décrit des personnages du peuple avec une vérité qui bouleverse et surprend. Seule en scène, Agathe Quelquejay offre à notre écoute une langue populaire haute en couleur, fascinante invitation à revisiter le français d’aujourd’hui.
C’est l’histoire de l’amour incommensurable d’une mère pour son fils. C’est l’histoire d’une mère qui est prête à tout pour offrir la meilleure vie à son fils. C’est l’histoire d’une réussite…
Fin septembre, réunion de parents d’élèves : elle est là, « la mère du Burt ». Celle qu’on n’a pas vue depuis des années, celle qu’on aurait sans doute préféré ne pas revoir. Elle n’a plus aucune raison d’être là, pourtant elle s’est invitée. Alors, comme le prof principal est en retard, elle se lève et parle. En combat contre les mots, elle se raconte, raconte son Burt, cet « enfant difficile ». Dans ce texte ciselé et haletant, cette mère courage n’a aucune limite pour son fils qu’elle embarque sur les routes de France, en quête d’un rêve hollywoodien. Et au fil de ce parcours entre musique, danse et cinéma, une vraie émotion se dévoile peu à peu. On comprend alors qui elle est, et pourquoi elle est là…
Un homme en crise avec le monde cherche, par tous les moyens, à s’exfiltrer de la folie des hommes et trouve refuge dans des cliniques psychiatriques où on l’encourage à écrire pour se soigner. Accompagné de personnalités plus ou moins réelles qui, tour à tour, l’empêchent et l’encouragent, il se confronte progressivement au désir qu’il chérit et redoute le plus : devenir un écrivain.
C’est une histoire de fous. Dans Pseudo, Emile Ajar pseudo de Romain Gary donne la parole à Paul Pavlowitch qui représente face aux médias Emile Ajar, lauréat du prix Goncourt pour La vie devant soi. Souvenons-nous que Paul Pavlowitch existe vraiment, qu’il a juste joué le rôle d’Emile Ajar et qu’il n’a rien à voir avec ce Paul Pavlowitch qui parle dans le roman.
Pour ne pas s’embrouiller davantage, on oublie, pour juste s’intéresser au personnage du roman qui possède un don d’auto-analyse assez surprenant. L’auteur Romain Gary se lâche complètement – il règle ses comptes aussi bien avec lui- même qu’avec le monde – en se faufilant dans une identité fictive, celle d’un jeune homme qui souffre de symptômes d’appartenance, par exemple, il se sent responsable de massacres qu’il n’a pas commis. Dans le texte, il s’exprime ainsi : Je me découvrais planétaire, d’une responsabilité illimitée. C’est d’ailleurs pourquoi les psychiatres m’ont déclaré irresponsable.
« J’accepte moi Paul d’être une caricature d’Emile Ajar ». Un festival de caricatures ? Plusieurs personnages interviennent dans le roman : Tonton Macoute (un parent de Paul, caricature de Romain Gary) une journaliste du Monde, Yvonne Baby, le psychiatre, le docteur Christianssen et Dieu qui aurait créé le monde dans un but artistique.
« Tout fait semblant, rien n’est authentique » se désespère celui qui ne sait plus quelle identité endosser. Il va jusqu’à se méfier de l’aspect rassurant d’une chaise puisque tout fait semblant… Evidemment, cet homme qui a un besoin effrayant de fraternité accepte d’être une caricature.
Oui, il faut citer quelques phrases de cet auteur :
Il n’y a pas de moment opportun pour fermer sa gueule
Je suis un linguiste né, je comprends même le silence
La peur c’est la seule valeur universelle et fraternelle.
Tout ce que raconte ce personnage, faut-il le prendre au premier ou au second degré ?
A force de crier au loup, personne ne le prend au sérieux. Il est un lanceur d’alertes. Le monde va mal et parait-il que tout le monde est au courant, mais lui, il n’en démord pas, il appelle au secours, à chaque jour qui se lève.
Il faut remercier Zacharie FERON d’incarner avec une sincérité désarmante ce personnage hors normes. Hors de ses gonds, sa vitalité est réjouissante !
Evelyne Trân
Le 2 Mai 2025
Zacharie FERON était l’invité de l’émission Deux sous de scène en première partie sur Radio Libertaire 89.4, le samedi 26 Avril 2025. En podcast sur le site de Radio Libertaire.