CROCODILES d’après Dans la mer, il y a des crocodiles de Fabio GEDA Reprise AU MUSÉE NATIONAL DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION Palais de la Porte Dorée 293, av. Daumesnil 75012 Paris. Spectacle tout public à partir de 9 ans – MARDI 17 DÉCEMBRE 10H et 14H – MERCREDI 18 DÉCEMBRE à 19 H.

CROCODILES auThéatre Dunois. 12/11/2017

La représentation du 18 Décembre 2024 sera suivie d’une rencontre avec l’équipe artistique.

Mise en scène & adaptation Cendre Chassanne & Carole Guittat

Avec
Rémi Fortin ou Zacharie Lorent

Images Mat Jacob/Tendance Floue
Montage José Chidlovsky
Création & régie son Édouard Alanio
Création, régie lumière, régie générale Sébastien Choriol
Régie tournée Édouard Alanio ou Sébastien Choriol
Construction Édouard Alanio, Sébastien Choriol, JB Gillet
Collaboration artistique & action culturelle Isabelle Fournier

L’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari
Enaiat, Afghan et Hazara, a dix ans lorsque sa mère le conduit
clandestinement au Pakistan. Les Hazaras sont considérés comme
des esclaves par les Pachtounes et les talibans, qui les persécutent ou
les éliminent. En « abandonnant » son enfant de l’autre côté de la
frontière, la mère d’Enaiat lui donne une chance de sauver sa vie.
Débute alors, pour l’enfant, un périple de 5 années, jalonné d’épreuves,
jusqu’à son arrivée, en Italie, où une famille va l’accueillir.

Le livre

6 années plus tard, Enaiat a 21 ans, il rencontre Fabio Geda, éducateur, auteur : ensemble ils décident d’écrire Dans la mer il y a des crocodiles. Un livre indispensable et maintenant traduit en 28 langues.

Le livre devient CROCODILES, un spectacle destiné à tous, enfants, jeunes et adultes.
Il y a une nécessité urgente de raconter l’histoire au monde. La vraie histoire d’un enfant migrant. Pas celle qu’on nous raconte à la télé. Pas celle qu’on agite à renfort d’images choc et contre productives : c’est à dire à côté de l’humain.
La vraie histoire : celle d’un enfant, sauvé par sa mère, car il n’y a pas d’autre choix : fuir et s’arranger avec la réalité du monde adulte, les trafiquants, les camps de travail, les voyages interminables, l’enfer, l’inadmissible, et ça on l’oublie.

© Mat Jacob – Tendance floue

Il revient de très loin et il n’en revient pas lui-même le jeune Afghan Enaiat qui raconte son parcours de migrant de plusieurs années qui l’ont mené du Pakistan à l’Iran, la Turquie, la Grèce jusqu’en Italie.

Il n’avait que dix ans lorsque sa mère l’a conduit clandestinement au Pakistan afin qu’il échappe aux persécutions des Hazaras, l’abandonnant entre les mains d’un propriétaire de maison d’hôte qui l’a hébergé en contrepartie de son travail, l’école de la vie en quelque sorte pour ce môme.

Enaiat n’a pas besoin de tel commentaire, il rapporte juste les faits, le souffle coupé, comme s’il revivait encore et encore ses événements qui ont mis fin à son enfance du jour au lendemain. Jamais, il n’aurait voulu quitter son village très pauvre où sa famille disposait d’une vache, deux brebis et un champ de culture de blé, il était juste heureux. Quelle école de la vie pour cet enfant qui assiste au meurtre de l’instituteur par des talibans, au sein même de son école. Les talibans pas seulement Afghans, mais aussi Pakistanais, Egyptiens ou Sénégalais «Des ignorants qui empêchent les enfants d’apprendre » s’indigne Enaiat.

 Enaiat n’a pour bagage que quelques instructions de sa mère : ne pas prendre de la drogue, ne pas utiliser d’armes, ne pas voler.  Ultimes recommandations d’une mère à son fils avant leur séparation permettant d’imaginer l’état de désarroi et d’angoisse de la mère.

 « Il te faut toujours avoir un rêve au-dessus de la tête qui te porte quel qu’il soit ». Il faut croire qu’Enaiat avait au moins le courage, l’inconscience de l’innocence. Comment devient- on migrant, balloté de pays en pays ? Quelle est donc cette spirale qui fait d’un enfant un migrant ? C’est qu’il est impossible de se résigner à la misère, aux squats, aux camps de détention, à l’esclavage du travail. Dès lors, comment ne pas devenir la proie des trafiquants d’hommes qui proposent toujours un avenir meilleur dans un autre pays, au prix de quelques années de travail, d’épuisants et dangereux périples à travers les frontières. Enaiat finira par être accueilli par une famille en Italie, reprendra les chemins de l’école.  Il a désormais 15 ans mais sans doute est-il bien plus âgé dans sa tête. Il dit seulement à la fin du récit « Je suis vivant ! ».

 Inspirée de l’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari rapportée dans le livre « Dans la mer, il y a des crocodiles » de Fabio GEDA, la mise en scène très épurée de Cendre CHASSANNE et Carole GUITTAT s’érige en porte-voix du témoignage d’un enfant à l’état brut, qui raconte son histoire, sans intention de faire pitié, pour dire simplement  comment, pourquoi,  il est un rescapé et exprimer sa  reconnaissance à ceux qui l’ont accueilli.

 Sans doute est-il plus évident de porter une oreille sensible au témoignage d’un enfant innocent. Une chose est sûre, c’est que notre regard sur les migrants en général, a besoin de projecteurs sur l’humain. On ne nait pas migrant, on le devient par malheur. Le courage d’Enaiat, son bonheur d’entendre sa mère au téléphone après plusieurs années de séparation, justifient au-delà de tout discours, ceux qui tendent leurs mains aux migrants.

La présence de Rémi FORTIN fait penser à un petit Prince moderne qui porterait la nuit sur ses frêles épaules et aurait le pouvoir de l’apprivoiser, apprivoiser les crocodiles, grâce à sa capacité d’étonnement, un désir de vivre invincible. C’est troublant et beau, c’est une parole d’espoir !

Article mis à jour le 4 Décembre 2024

 Evelyne Trân

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