
Avec Benjamin Arba, Merryl Beaudonnet, Charlotte Bigeard, Alain Bouzigues, Hélie Chomiac, Gaël Cottat, Rémi Couturier, Paul Delbreil, Charlie Fargialla, Laurence Gray, Tadrina Hocking, Frédéric Imberty, Damien Jouillerot, Blaise Le Boulanger, Claire-Lise Lecerf, Lydie Misiek, Christian Pélissier, Thibaud Pommier, Thomas Ronzeau, Charlotte Valensi
- Chorégraphie : Reda Bendahou
- Scénographie : Hélie Chomiac
- Musiques : Simon Meuret
L’histoire
1990, New York.
Une étudiante en psychologie rend visite à Stanislaw, médecin à la retraite, pour en savoir plus sur son grand-père, Eugène, et sur ses actions pendant la Seconde Guerre mondiale.
1940, Rozwadów, Pologne.
Deux jeunes médecins, Eugène et Stanislaw, mettent au point un ingénieux stratagème pour berner les nazis et empêcher les déportations de tous les habitants menacés… Mais leur ruse ne tarde pas à éveiller les soupçons dans les rangs du IIIème Reich et les deux amis doivent rivaliser d’inventivité pour que le château de cartes qu’ils ont érigé ne s’écroule pas sur eux.
Dans cette histoire, qui oscille entre deux époques, se croisent une vingtaine de personnages pris dans les rouages fragiles d’une machination vertigineuse.
Avez vous déjà entendu parler des « crapauds fous » ? Dire que le crapaud réputé pour sa laideur et sa bave empoisonnée a depuis la nuit des temps impressionné la gente humaine ! Wikipedia vous viendra sûrement en aide pour vous expliquer ce qu’est « un crapaud fou ».
L’expérience sera beaucoup plus vivante et instructive si vous vous laissez transporter au théâtre pour assister à l’aventure de deux valeureux médecins polonais en pleine seconde guerre mondiale, qui ont imaginé un stratagème particulièrement audacieux pour éviter la déportation dans les camps des nazis de 8000 habitants de confession juive de leur village Rozwadow.
Les deux médecins ont vraiment existé. L’un d’eux Eugène LAZOWSKI est considéré comme un héros mais reste inconnu du grand public. Pour rendre hommage à ces deux personnages de la grande et petite histoire Mélody MOUREY a créé une belle comédie qui illustre la capacité de rebondissement et de résistance humaine face à l’adversité. On pourrait dire que l’ambiance de la pièce est à l’image de ces crapauds bondissants qui refusent de se ranger .
Une histoire vraie ou un conte de fée ? L’auteure a dû songer qu’il fallait à tout prix éloigner les larmes du crapaud car le contexte est sombre. Le ton de la pièce est enjoué et les 9 comédiens, comédiennes qui interprètent une quinzaine de rôles rivalisent d’inventivité pour rendre comiques des situations dramatiques.
Parce que le passé ne peut rester figé, il revient aux jeunes de l’interroger. C’est dans cet état d’esprit au début de la pièce qu’une jeune étudiante en psychologie, petite fille de Eugène LAZOWSKI part aux États Unis rencontrer le vieil ami de son grand-père, Stanislaw MATULEWICZ qui va lui raconter comment Eugène et lui ont réussi à berner ces criminels de nazis.
Une question turlupine l’étudiante, celle de l’expérience des électrochocs de MILGRAM qui dévoile comment le réflexe d’obéissance peut transformer en bourreaux des individus ordinaires. Seul un petit pourcentage de personnes testées refuseraient d’obéir aux ordres qui mettent en danger la vie d‘autrui. On peut se souvenir à ce propos avec terreur de certaines scènes du film Orange mécanique de Stanley KUBRICK.
Après un tour dans un pub américain, changement de décor , les spectateurs sont transportés dans un village de Pologne où s’affairent les 2 médecins « crapauds fous ».Un paysan tout affolé vient trouver Eugène pour lui demander de l’amputer d’un bras car il veut échapper au camp de travail forcé (situation moliéresque). La perspective est si atroce que Stanislaw a l’idée de lui inoculer le vaccin du typhus, sachant qu’en infime dose, il n’y a pas de danger mais qu’il sera néanmoins testé positif à la maladie et donc pestiféré. Par la suite ce sont tous les ressortissants juifs qui seront vaccinés pour abuser les nazis. Difficile cependant de faire comprendre le stratagème à la population sensée être en quarantaine et avoir le typhus sans en présenter les symptômes. Les deux médecins en viendront à faire appel à des comédiens pour interpréter des individus malades de façon à convaincre les nazis de s’éloigner du village.
Les spectateurs, bien entendu, éprouvent les angoisses des médecins qui doivent affronter les interrogatoires des nazis, lesquels n’hésitent pas à les menacer de mort sur le champ. A vrai dire ces soldats sont tellement ridicules qu’ils prêtent à rire.
La scénographie est étonnante avec ses décors en tourniquets qui valsent au quart de tour et la musique est chatoyante.
Menée tambour battant, sans aucun temps mort, la pièce déborde de vitalité, elle est piquante, aussi vivace qu’un crapaud bondissant dont la bave est porteuse de ce savoureux message « Ne renoncez jamais, ne vous résignez pas, le cœur a plus d’intelligence que le mal ». Qu’on se le dise « Il ne faut pas désespérer de la nature humaine ! ».
Article mis à jour le 25 Novembre 2025
Evelyne Trân



































