LA VIE MATERIELLE de Marguerite DURAS au Festival off d’Avignon 2024. Avec Catherine ARTIGALA – Mise en scène William MESGUISCH du 29 Juin au 21 Juillet 2024 à 11 H 25. Relâche les 1, 8 et 15 Juillet – LA LUNA QUARTIER LUNA 1 Rue Séverine 84000 AVIGNON .

Adaptation de Michel Monnereau
Création lumière : William Mesguich
Création sonore : Matthieu Rolin
Costume : Sonia Bosc

Production : François Nouel

Avez-vous lu DURAS ? Le spectacle La vie matérielle conçu par Michel MONNEREAU qui a fait un travail remarquable d’adaptation du recueil éponyme des entretiens de Marguerite Duras avec le journaliste Jérôme BEAUJOUR, paru en 1987, projette d’emblée les spectateurs dans une sorte de montagne Duras non point inaccessible mais intrigante, qui plante le décor, celui d’une solitude ivre.

C’est une femme assurée de son prestige qui s’exprime, elle a intériorisé sa notoriété, sorte de pied de nez à une petite fille qu’on imagine timide, ébahie devant sa mère « ogresse » guerrière impénitente qui s’est battue contre vents et marées pour survire avec ses 3 enfants (cf. (Un Barrage contre le Pacifique) cette mère qu’elle dit folle.

Elle est un personnage. Il n’y a pas de limites pour un personnage sauf, allez savoir, lorsque la bougie vacille sous l’influence de l‘alcool. Se serait-elle reconnue si elle s’était rencontrée par hasard ?  Dans ces entretiens, elle donne toujours l’impression de se projeter dans quelque chose qui la dépasse. Et c’est ce sentiment de dépassement qui confine à l’émerveillement qui la rend terriblement touchante.

Est-il encore possible de se rappeler la parfaite petite fille inconnue, étrangère parmi les indigènes serviteurs de sa mère lorsqu’on s’appelle Duras. Parce qu’elle s’appelle Duras, des inconnus la recherchent, s’approchent d’elle et elle reconnait parmi eux Yann ANDREA.

Peut-on juger un personnage ? Nenni. Duras personnage, actrice se donne à ceux qui lui tendent la perche. Elle se donne à elle-même aussi avec une sorte d’espièglerie. C’est un jeu ; on la croirait à la marelle en train de lancer des cailloux ou des galets pour jeter un sort aux cases de souvenirs. Elle a le geste sûr ce qui lui permet ensuite de céder à l’exaltation.

Bizarrement, il semble qu’il ne soit pas nécessaire d’avoir lu Duras ou vu un de ses films pour l’entendre dans ce spectacle.  Duras interprétée par Catherine ARTIGALA fait penser à une héroïne de tragédie, elle est une ogresse comme sa mère qui s’assume comme telle. N’a-t-elle point accouché au réel, au théâtre, au cinéma de tant de personnages dont elle a souligné la détresse, la folie. Quant à l’Amour toujours avec un grand A, c’est le point culminant d’une rêverie, celle de la musique d’India song.

Oui alors, il faut peut-être avoir lu Duras pour la comprendre.

William MESGUICH certainement imprégné par cet univers accueille Marguerite Duras avec une mise en scène discrète et chaleureuse.

Catherine ARTIGALA ressemble physiquement à Duras sexagénaire mais c’est surtout sa présence qui impressionne. Elle incarne justement une écrivaine pour laquelle « Le dire » importe plus que la véracité des faits. Comme si sans passion, il n’y a pas d’évocation possible. La parole travestit la réalité. Duras est bien plus romancière que journaliste. Elle ne tricote pas, elle orchestre.

Bête de scène, magnifique croqueuse de mots, croqueuse de vie, Catherine ARTIGALA livre les souvenirs de Duras, bec et ongles tendus pour en découdre avec le rideau sale de la réalité, pour chasser les nuages, retrouver devant elle et chez l’autre le bonheur d’exister.

Article mis à jour le 25 Juin 2024

Evelyne Trân

N.B : Article initialement publié sur le Monde Libertaire en ligne

https://www.monde-libertaire.fr/?article=Marguerite_et_le_brigadier

Dans les forêts de Sibérie d’après le livre de Sylvain Tesson au Festival off d’Avignon 2024 à LA FACTORY – Salle Tomasi – 4, rue Bertrand 84000 AVIGNON – Du 1er au 21 Juillet 2024 à 14 H 35 – Relâche les 2, 9, 16 Juillet.

Collaborateur·rice artistique : Estelle Andrea

Créateur·rice lumière : Richard Arselin

Adaptation théâtrale : Charlotte Escamez

Scénographe : Grégoire Lemoine

Metteur·se en scène : William Mesguich

Comédien·ne : William Mesguich

Assistant·e de diffusion : Pierrick Quenouille

Créateur·rice son : Maxime Richelme

Auteur·rice : Sylvain Tesson

Rendez vous au festival d’Avignon 2024 pour ces forêts de Sibérie où vous serez accueillis.es par un guide fort sympathique, William Mesguich qui prête sa fougue et sa chaleur à l’écriture de Sylvain Tesson.

Bien entendu nous savons que Sylvain Tesson est célèbre, décoré de plusieurs prix. Mais en entrant dans le théâtre, nous oublions sa renommée, nous avons juste envie de nous laisser emporter et pénétrer pat l’histoire d’un homme qui a choisi les mots comme rempart à la libéralité de nos émotions, à cet aléatoire, ce rien confus qui parfois nous trouble. Le narrateur raconte sa curieuse confrontation avec la solitude et une nature difficile, voire hostile ; il fait affreusement froid là-bas en Sibérie, non sans se départir d’un certain humour il déclare « Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure ».

Donc rassurez-vous, Sylvain Tesson ne se prend pas pour Thérèse d’Avila mais nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’il prête de l’esprit aux montagnes, à la banquise, au soleil et plus largement à la nature d’une présence d’autant plus prégnante que l’homme qui l’éprouve a pour partenaire cette étrange maîtresse, la solitude.   

Pourquoi donc raconter cette aventure qui a duré six mois, pour avoir suffisamment de matière pour écrire un livre ? Nous pensons que Sylvain Tesson poète dans l’âme, a écrit ce livre pour fixer une véritable histoire d’amour avec un paysage, une nature foisonnante de mystère devenue sa compagne.

William Mesguich tour à tour émouvant, drôle, lyrique, laisse fuser toute cette sensualité propre aux mots qui fondent dans la bouche et suggèrent toutes sortes de sensations qui vont bien au-delà de la pensée. Car il faut quelque peu la faire exploser cette intériorité de la pensée qui épouse l’austère nature et se rêver animal homme pour faire battre son cœur !

Paris, article mis à jour le 22 Juin 2024

Evelyne Trân

SUNNY SIDE D’APRES BILLIE HOLIDAY au Festival off d’Avignon au Théâtre des Lila’s 8 rue Londe Avignon du 2 au 21 Juillet 2024, jours pairs, relâches les lundis.

  • Photo Stephen BEDROSSIAN

Distribution :

Jeu, danse et interprétation : Naïsiwon El Aniou

Musiques : Billie Holiday & Archie Shepp

Lumières : Sylvain Pielli

Scénographie : Naïsiwon El Aniou & Claire Thevenin

Costumes : Laetitia Chauveau & Alice Herbreteau

Elle est sur le fil, la voix ballotée dans le rayon d’une toile d’araignée filante suspendue aux parapets de l’infortune et des succès.

Mais pour voir poindre son petit cœur d’hirondelle, il fallait sûrement lever les yeux tant sa voix très subtile laisse transparaitre l’émotion d’un être qui, l’espace d’une chanson, jugulait tous ses doutes et ses aspirations dans un souffle, dans un rêve ; sa vision intérieure toujours dominée par les charbons ardents de la musique alors même que son corps lui refusait la plénitude.

L’auteure interprète de Sunny side sait  restituer cette voix intérieure, jeune, pour une confession naturelle, capable de sonder ses jardins voilés par la  violence de son environnement, et des épreuves assourdissantes : la prison à 15 ans pour prostitution, la misère, l’esclavage, la drogue.

 Pas évident d’exister et de faire entendre sa propre clarté lorsqu’on a pour horizon le nuage sombre du racisme, particulièrement oppressant, qui régnait aux Etats Unis au début des années 1900.

 La voix de Billie Holiday était digne de passer à travers ce nuage. Baudelaire ne disait-il pas « Tu m’as donné la boue et j’en ai fait de l’or  ». Billie Holiday avait cet or à fleur de peau qui renvoyait de la lumière chaque fois qu’elle chantait.

 C’est une voix capable de poursuivre, dans les moindres recoins, l’âme des musiciens de jazz et de blues, de celles qui savent passer entre les notes, qui ne trichent pas et qui ont même dans leurs altérations cette sorte de supplément  enchanté, une voix toute en nuances.

 Sur la scène devenue presque un jardin de récréation, l’interprète de Billie Holiday dénoue son corps de façon très imaginative, exprimant à  la fois sa lutte, ses vulnérabilités, ses audaces.

 Naïsiwon El Aniou  signe une sensible évocation de Billie HOLIDAY, intimiste qui fait chatoyer la personnalité de Billie HOLIDAY qui dit-on avait l’âme d’un enfant, capable de s’éblouir et de s’émerveiller. Elle raconte sa vie comme il pleut sur la ville ou qu’il fait soleil. Les extraits de ses chansons qui soudain nous font fermer les yeux, sont bien choisis tout juste sur la crête des rêves de Billie HOLIDAY.

Article mis à jour le 10 juin 2024

Evelyne Trân

N.B : Article également publié dans LE MONDE LIBERTAIRE.FR :

Des cendres sur les mains de Laurent Gaudé au Théâtre du GIRASOLE 24 bis Rue Guillaume Puy, 84000 Avignon du 2 au 21 Juillet 2024 à 10 H 10. Relâche les 8 et 15 Juillet.

Distribution :

Comédien·ne : Arnaud Carbonnier, Olivier Hamel, Prisca Lona

Metteur·se en scène : Alexandre Tchobanoff

Il est possible de se déplacer de l’univers de Beckett à celui de la tragédie grecque. C’est le tour de force de cette pièce « Les cendres sur les mains » de Laurent GAUDE qui met en scène à la fois des personnages rappelant ceux de la pièce « En attendant Godot » de Beckett et une femme qui cumule la charge dramatique d’une Antigone ou d’une Cassandre pour exprimer l’horreur et l’absurdité de la guerre.

La pièce est bâtie sur deux oppositions de comportements, d’attitudes, de réactions par rapport à la mort et à la guerre.

D’une part une femme (le personnage aurait été inspiré du témoignage d’une réfugiée du Kosovo) à qui il incombe de faire parler la mort et les morts, d’autre part deux fossoyeurs qui n’ont pour d’autre mission que celle de faire disparaitre les cadavres comme les éboueurs enfouissent nos déchets sans états d’âme.

La mort et la guerre ne font qu’une dans l’esprit de la femme – venue de nulle part sinon de la mort, elle faisait partie d’un monceau de cadavres mais elle s’est réveillée comme le phénix renait de ses cendres – qui donne l’impression de s’adresser à une entité obscure qui vient de la plonger dans la désolation. Des réminiscences de tragédies d’Eschyle ou Sophocle nous reviennent en sursaut à travers les incantations, les lamentations de cette femme qui se dresse au milieu des morts.

 Les fossoyeurs quant à eux n’ont également pour champ de vision qu’une hécatombe. Ils sont payés pour déblayer. C’est le salaire de la mort, de la guerre. S’ils font penser aux héros de Beckett, leur Godot n’a rien de spirituel et eux-mêmes sont dépourvus d’imagination, ils ne sont pas des clodos bohèmes, juste des employés abêtis par leur travail harassant et mortifère. Leur patron n’a pas de chair, il ne se manifeste que par quelques ordres élémentaires, pragmatiques. Comment auraient-ils le temps de rêver ?

Deux formes de langage s’opposent. Il y a celui familier et pauvre des employés d’une part et de l’autre celui lyrique et poétique de la femme qui telle Antigone n’a de cesse d’honorer les morts en les touchant, en les caressant ou en les embrassant.

L’opposition très marquée entre les fossoyeurs et la femme ennemie s’avère très efficace mais quelque peu manichéenne.

Le spectacle bénéficie d’une excellente distribution. L’interprétation quasi truculente des deux comédiens Arnaud Carbonnier, Olivier Hamel est très attrayante et celle dramatique de Prisca Lona, impressionnante. La mise en scène d’Alexandre Tchobanoff souffle le chaud et le froid avec une belle maitrise.

La pièce constitue une violente charge contre la bêtise humaine incarnée par ces deux fossoyeurs pitoyables et misérables, des morts-vivants qui ne peuvent se dépêtrer de la mort. Alors comment, pourquoi les humains continuent-ils à se tuer les uns les autres au mépris de la vie magicienne ? C’est la question qui nous assaille à l’issue de la représentation comme un poing levé contre la dictature de la guerre.

Article mis à jour le 11 Juin 2024

Evelyne Trân

LA NOMAD HOUSE du 5 au 9 juillet 2024 à la Cartoucherie de Vincennes 75012 PARIS.


LA NOMAD HOUSE est un projet cofinancé par Europe Créative, une initiative de la Compagnie des Nouveaux disparus en Belgique, portée par un consortium de 5 pays européens ainsi que la Tunisie, avec l’Artistique Théâtre comme partenaire français. C’est un processus de création artistique et de recherche scientifique autour des questions des migrations. Il vise à promouvoir un dialogue interculturel et social à travers l’art et la culture, tout en abordant les questions complexes liées aux migrations.

Après la Belgique, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, et la Tunisie, la Nomad House s’installera à Paris, du 5 au 9 Juillet 2024, à la Cartoucherie 75012 PARIS. La Nomad House prend la forme d’un Centre Culturel Européen Itinérant qui se déplacera de pays en pays entre avril et juillet 2024. Il a vocation à faire venir les actions artistiques à des publics qui en sont souvent éloignés, et créer ainsi un lien entre les populations à travers l’art et la culture.


Du 5 au 9 Juillet 2024, la Nomad House sera présente à Paris ; il s’agit de proposer au public un ensemble d’évènements artistiques gratuits entre spectacles, conférence débat, exposition photographie et journée associative. Les actions auront lieu à la Cartoucherie, le Centre Culturel Itinérant avec son chapiteau et le spectacle Le Songe s’installera sur le parking, avec l’aide du Théâtre du Soleil. le Théâtre de l’Epée de Bois accueillera le spectacle Les filles de la Mer. L’exposition, le bar et la journée associative auront lieu autour du chapiteau.

Le spectacle Le Songe inclut un groupe de demandeur.ses d’asile, de jeunes en voie de professionnalisation et des professionnelles qui ont participé aux ateliers artistiques et culturels de la Nomad House depuis mars 2023, et qui vont rejoindre sur scène l’équipe artistique du spectacle.

LE PROGRAMME

Le programme de La Nomad House comprend une série d’évènements artistiques et culturels gratuits, dont les moments forts sont les suivants :

LE SONGE – SPECTACLE PLURIDISCIPLINAIRE
par Cie Les Nouveaux Disparus


Dans Le Songe, le public se retrouve plongé au sein d’une
troupe théâtrale sélectionnée pour l’adaptation de la
célèbre pièce de Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été.
D’abord sceptiques quant à l’orientation de la mise en
scène, des tensions émergent entre la metteuse en scène,
Lila, et son équipe. Elles seront vite écartées lorsque
certain·es artistes accueillent incognito dans le théâtre…
des migrant·es en détresse.
Le spectacle a été créé dans le cadre du projet La Nomad
House. Écrit et mis en scène par Jamal Youssfi.
Spectacle tout public, à partir de 9 ans.

  • Vendredi 5 Juillet à 19h
  • Samedi 6 Juillet à 14h30 et 19h
  • Dimanche 7 Juillet à 14h30
  • Lundi 8 Juillet à 11h
  • Mardi 9 Juillet à 11h et 19h

    LES FILLES DE LA MER – Spectacle par
    l’Artistique Théâtre
    (Assoc. 1901)
    11, boulevard Davout-75020 Paris
    artistiquetheatre@yahoo.fr/ http://www.artistique-theatre.f

  • ©selenemagnolia
  • Une écriture contemporaine mêlant théâtre, danse et
    performance. Quatre femmes venant des quatre coins du
    globe, issues de cultures variées et ayant des histoires
    distinctes, migrent pour des raisons diverses. Leurs
    chemins se croisent en France, elles se retrouvent liées par
    une affaire de viol et de meurtre.
    La mer est l’élément commun à ces vies singulières. La
    notion d’insularité géographique aussi bien que
    symbolique est un des éléments de recherche sur lesquels
    est construite la dramaturgie.
    De l’espace vers le mouvement, notre autre élément de
    recherche se penche sur la notion de départ réel ou rêvé,
    mouvement migratoire des âmes. Migrer, se déplacer d’un
    point à un autre, une direction reliant des inspirations
    différentes, toutes convergentes vers un Autre possible. De
    soi vers l’Autre, une quête identitaire, sociale et culturelle
    au plus intime de nous même.
    Les corps des personnages deviennent les témoins de leurs
    voyages et de leurs luttes intérieures, révélant les
    frontières physiques et psychologiques qu’elles
    traversent.
    Ecrit, conçu et mis en scène par Lucile Cocito et Shaula Cambazzu.
    Spectacle tout public, à partir de 15 ans
    Plus d’infos : https://artistique-theatre.fr/wp-content/uploads/2024/05/dossier-fdlm-juin-23-compressed.pdf
  • Vendredi 5 Juillet à 21h
  • Samedi 6 Juillet à 17h
  • Dimanche 7 Juillet à 16h30


LA CONFÉRENCE

Au Musée National de l’Histoire de l’Immigration – Palais de la Porte Dorée
Femmes en mouvement : parcours migratoires et expressions artistiques. Une rencontre autour des migrations féminines et des arts.

Cette conférence-débat réunit des intervenantes d’horizons divers afin d’échanger sur les enjeux des migrations des femmes en Europe ainsi que de la place et du rôle des arts. Cette rencontre se déroulera en deux temps. Dans un premier temps, les chercheuses Elsa Mescoli et Camille Schmoll ouvriront la matinée sur les enjeux qui entourent les parcours migratoires des femmes et le rôle de la pratique artistique pour renforcer leur inclusion sociale.

Ensuite une table ronde avec une méditation réunira Delphine Rouilleault, la directrice générale de France Terre d’Asile, Shaula Cambazzu, danseuse-chorégraphe, qui a donné les ateliers et suivi tout le processus de création et Coulibaly Traore qui a suivi les ateliers et qui fait partie du groupe qui va jouer dan le spectacle le Songe. La rencontre se poursuivra à la Cartoucherie pour un déjeuner, les spectacles et une visite guidée de l’exposition par la photojournaliste Serena Magnolia Gatti.

Samedi 6 juillet de 10h30 à 12h45

UNE EXPOSITION

Une exposition photographique et numérique sera ouverte parallèlement aux représentations du Songe. Intitulée Beyond Borders, elle a été créée par la photojournaliste sociale et environnementale Serena Magnolia Gatti, en collaboration avec Borderline-Europe. Dans le cadre de la Nomad House, elle s’est rendue dans les pays partenaires pour rencontrer les gens et recueillir leurs témoignages et également sur les bateaux qui portent secours en mer. L’exposition qui présente ses propres œuvres ainsi que celles d’autres artistes, se penche sur certains défis rencontrés à la fois le long des périlleuses frontières extérieures de l’Europe et à l’intérieur de l’Europe elle-même.

Une visite guidée de l’exposition par la photojournaliste Serena Magnolia Gatti aura lieu le Samedi 6 Juillet à 16 H.

Lucile COCITO était l’invitée de l’émission DEUX SOUS DE SCENE en première partie sur RADIO LIBERTAIRE 89.4, le samedi 22 Juin 2024. En podcast sur le site de RADIO LIBERTAIRE.

Entretien avec Lucile COCITO :

FINAL CUT de Myriam SADUIS au 11 Avignon 11 Bd Raspail (près du cloître St Louis) 84000 AVIGNON du 2 au 21 Juillet 2024 – Relâches les lundis 8 et 15 Juillet.

Conception et écriture Myriam Saduis
Collaboration à la mise en scène Isabelle Pousseur
Avec Myriam Saduis et Pierre Verplancken en alternance avec Olivier Ythier
Conseillers artistiques Magali Pinglaut et Jean-Baptiste Delcourt
Création lumière Nicolas Marty
Création vidéo Joachim Thôme
Création sonore Jean-Luc Plouvier (avec des extraits musicaux de Michel Legrand, Mick Jagger / Keith Richards, Amir ElSaffar)

Ingénieur du son et régisseur vidéo Celia Naver ou Anatole Gibault
Régie lumière et direction technique Nathanaël Docquier
Mouvement Nancy Naous
Création des costumes Leila Boukhalfa
Collaboration à la dramaturgie Valérie Battaglia
Construction Virginie Strub
Maquillage et coiffure Katja Piepenstock
Diffusion Agnieszka Zgieb pour la Cie Défilé, (email – +33 6 08 28 83 76)

Le spectacle FINAL CUT (créé en 2018 dans le cadre du Festival Mouvements d’identité au Théâtre Océan Nord à Bruxelles) de Myriam SADUIS, reprend au festival off 2024 d’Avignon.

« Même si chaque histoire est singulière, toutes et tous nous partageons ce fait universel que nos secrets de famille sont tissés d’histoire jusqu’à la moëlle — tout passant à la fin au fleuve du récit collectif. »

Myriam SADUIS est le fruit de la rencontre amoureuse entre sa mère européenne et son père arabe. Elle est née en 1961 en pleine décolonisation. Les parents de sa mère, colons en Tunisie durant le protectorat français, racistes n’ont pas accepté l’union de leur fille avec un Tunisien. Il s’agissait d’une transgression insupportable. Les parents se sont séparés et la mère a rayé de sa carte le père arabe jusqu’à œuvrer pour son expulsion hors de France.

C’est une histoire terrible que raconte Myriam SADUIS. Il semble qu’elle ait labouré à l’intérieur d’une plaie immense mais ce faisant toute à la quête de son père, elle a voulu comprendre la folie de sa mère et ce qui a contribué à sa paranoïa, n’hésitant pas à y associer la paranoïa de l’empire colonial français :

« Dans FINAL CUT histoire familiale et grande histoire se trament ensemble ».

Difficile de mesurer le travail entrepris par Myriam SADUIS pour mettre à distance sa douleur et s’élever au-dessus du malheur. Il ne s’agit pas de résilience, terme trop galvaudé, mais de prise de conscience.

L’amour qu’elle porte à ses parents engage et éclaire sa parole. Sur scène, elle s’exprime avec une vitalité, une générosité communicatives qui forcent le respect.

Cette entreprise courageuse, celle d’exposer sa propre histoire loin de résonner comme l’arbre qui cache la forêt, l’histoire avec un grand H, nous la désigne avec profondeur. 

Article mis à jour le 10 juin 2024

Evelyne Trân

1936, la Crosse en l’air de Jacques Prévert avec Guillaume Destrem – Mise en scène d’Olivier Clément au Théâtre ESSAION 6, rue Pierre au lard 75004 PARIS du 13 au 27 Juin 2024, les mercredis et jeudis à 21 H.

Un texte de Jacques Prévert
Interprété par Guillaume Destrem
Mis en scène par Olivier Clément
Création lumière de Pierre Gille

En 1936, Jacques Prévert « pique une crise », une mémorable  » sacrée  » colère contre le plus représentatif des malentendants de l’époque : le Pape…

En 1936, le veilleur de nuit s’endort. La guerre fait rage en Espagne, Mussolini a envahi l’Ethiopie… Alors, le veilleur de nuit rêve. Il rêve qu’il va voir le Pape, dire tout ce qu’il a à dire à cet individu, aveugle aux malheurs du Monde… Un « sacré » inventaire … A la Prévert, bien sûr !

Mais que faisait donc le Pape Pie XI en 1936 ? Et Mussolini ?

Dans un pamphlet anticlérical féroce, Jacques PREVERT sort véritablement de ses gonds, oui le doux poète qui fait dialoguer le chat et l’oiseau blessé exprime sa rage et sa douleur alors qu’il voit avec la guerre civile en Espagne, la montée du nazisme et de l’antisémitisme, toutes ses valeurs de liberté, de paix et de justice bafouées. La résonance avec l’actualité avec frappante.

La crosse en l’air est un texte qui figure dans le recueil Paroles. Il ne semble pas être très connu, il se rattache à l’anticléricalisme de Prévert mais pas seulement. On peut dire qu’il s’agit d’un Prévert tout craché, chaviré qui n’aurait pour bouée de sauvetage que la poésie et le rêve …

Ainsi dans la Crosse en l’air, il met en scène, un évêque ivre, un chien, un veilleur de nuit, un Pape et Mussolini :

« Le veilleur de nuit…il veut crier, hurler, gueuler …mais ce n’est pas pour lui tout seul qu’il veut gueuler, c’est pour tous ses camarades du monde entier… de toutes les couleurs, de tous les pays. »

Guillaume DESTREM est génial ! Il réussit à exprimer toutes les facettes d’un texte bondissant, furieux mais aussi plein d’humour et drôle et poétique !

Le 24 Juin 2024

Evelyne Trân

Article également publié dans le Monde Libertaire.fr

https://www.monde-libertaire.fr/?articlen=7921&article=le_brigadier_renverse

N.B : Guillaume DESTREM était l’invité de l’émission DEUX SOUS DE SCENE en 2ème partie sur RADIO LIBERTAIRE 89.4 , le samedi 15 Juin 2024, en podcast sur le site de RADIO LIBERTAIRE.