Concert de Nathalie SOLENCE au Théâtre LA CAMILLIENNE 12 Rue des Meuniers 75012 PARIS le Dimanche 30 Avril 2023 à 16 H.

Pourquoi

Aie, aie, aie

Un Pont trop près – Une comédie de Nicolas DUBOIS au Théâtre ESSAION 6, rue Pierre au lard 75004 PARIS jusqu’au 30 mai 2023, les lundis et mardis à 19 Heures.

  • Auteur : Nicolas Dubois (avec le concours de Guillaume Destrem et Christel Wallois)
  • Mise en scène : Guillaume Destrem
  • Distribution : Christel Wallois, Guillaume Destrem, Eliott Lobrot

Un « Suicide mode d‘emploi » cocasse et élégant, c’est ce qu’indique l’affiche du spectacle qui a lieu actuellement à l’ESSAION.

Vais-je assister à une comédie « prise de tête » me suis-je demandé étant donné les mines plutôt inquiètes des deux protagonistes dos à dos sur l’affiche, les visages murés dans leur dernière pensée qui les rassemble sans qu’ils l’aient envisagé, celle d’un suicide en solitaire.

Manque de pot, les deux personnages ont eu la même idée au même moment et par un effet de miroir vont pouvoir remettre en question leur désir de suicide et y renoncer.

L’autre en la circonstance représente l’appel de la vie et il est providentiel. C’est l’idée de sauver l’autre – qui tout à coup illumine Guillaume puis à son tour la belle Emmanuelle – qui aura raison de leur désespoir annoncé car chacun s’oubliant pour ne plus s’inquiéter que de l’autre, retrouve énergie et espoir dans l’avenir.

Vous me direz, voilà une comédie très optimiste qui ne rime pas avec réalisme. Si l’on admet que l’humour noir permet de rire ou de sourire de tout, même du suicide, nous pourrions parler de SOS Suicide/Site de rencontre. Ce qui me rappelle de façon incongrue le « Sos détresse Amitié, j’écoute ! » du Père Noël est une ordure.

Les comédiens, Christel WALLOIS et Guillaume DESTREM sont formidables. Passer des rôles de désespérés aspirants au suicide à ceux d’amoureux, en une heure de temps, chapeau ! Dans le fond il s’agit de la rencontre de deux personnages esseulés qui en s’ouvrant l’un à l’autre reprennent goût à la vie.

A la fin de la pièce, je me suis exclamée « Mais c’est une histoire d’amour ! ». Je n’en dirai pas plus car il importe que les spectateurs, spectatrices découvrent eux-mêmes cette comédie très sensible qui croit à la magie de l’amour pour supplanter le désespoir et qui sonne vrai sans pathos avec juste l’humour nécessaire pour nous surprendre et nous faire rêver.

Paris, le 21 avril 2023

Evelyne Trân

N.B : Christel WALLOIS et Guillaume DESTREM sont les invités de l’émission Deux Sous de Scène sur Radio Libertaire 89.4, le samedi 22 avril 2023, de 15 H 30 à 17 H, ensuite en podcast sur le site de Radio Libertaire.

N.B : Article également publié sur Le Monde Libertaire.fr :

Un Picasso de Jeffrey Hatcher, adapté par Véronique Kientzy, mis en scène par Anne Bouvier au Studio HEBERTOT – Reprise du 09 avril au 03 juin 2023 du jeudi au samedi à 19 H, le dimanche à 17 H.

Avec Jean-Pierre Bouvier et Sylvia Roux

Un PICASSO la pièce de Jeffrey HATCHER tire sa source de faits historiques révélateurs de la pression insoutenable qu’exercèrent les autorités nazies à l’encontre des artistes coupables de véhiculer un art dégénéré.

 Une exposition « Art dégénéré » eut lieu à Munich en 1937. Elle avait pour objet de mettre à l’index les artistes considérés comme déviants et contraires à l’art classique et aryen, tels que Marc Chagall, Wassily Kandinsky, Pablo Picasso, Matisse et Monet …

Dans ces conditions, pendant l’occupation dans les années quarante, Picasso retranché dans son atelier des Grands Augustins n’avait pas d’autre choix que de se tenir tranquille, risquant à tout moment, suivant le bon vouloir des nazis, l’arrestation.

Picasso reçut sans doute plusieurs fois les visites d’officiers allemands mais cela n’empêcha pas l’artiste de continuer à peindre alors même qu’il ne pouvait plus exposer ses œuvres.

Jeffrey HATCHER imagine l’une de ces rencontres entre Picasso et une jeune femme nazie, Mademoiselle FISCHER. Cette dernière met en demeure l’artiste d’authentifier trois autoportraits destinés à un autodafé.

Un véritable combat de fauves s’instaure. La jeune femme incarne toute l’ambivalence des autorités culturelles nazies. Mademoiselle FISCHER contrainte d’obéir aux ordres d’Hitler admire en secret l’œuvre de Picasso. Du coup, la rencontre prend la forme d’un psychodrame.

Picasso reconnait ses œuvres. Elles ressuscitent chez lui tant de souvenirs intimes. Nous ne les dévoilerons pas car il faut voir la pièce. C’est juste fascinant d’éprouver qu’une peinture n’est pas seulement un objet mais possède une âme.

Pour sauver ses toiles, le personnage Picasso s’ingénie alors à les déclarer fausses évidemment sans convaincre Mademoiselle FISCHER.

Picasso et Mademoiselle Fischer ont en point commun la même passion pour l’art, l’un en tant que créateur, l’autre en tant qu’admiratrice. Mais cette réalité d’ordre intime est victime de la censure démoniaque du régime nazi.

Picasso se comporte en animal rusé qui fait mine de lâcher prise alors même qu’il est train de flairer les failles de son adversaire qui ne réussit pas à masquer son intérêt pour ses œuvres.

Picasso, dans cette fiction, prétend qu’il n’est pas un artiste engagé. Une déclaration à mettre en doute qui soulève le débat sur l’engagement des artistes très souvent les premières victimes des dictatures politiques.

Jean-Pierre BOUVIER interprète un Picasso très combatif, mettant en relief sa part d’humanité au-delà de sa stature de célébrité.

 Quant à Sylvia ROUX, elle fait fondre cette glace qui emmure son personnage, de façon vraiment bouleversante.

La mise en scène sobre et suggestive d’Anne BOUVIER est très concentrée sur les comédiens. Nous n’avons d’yeux que pour ces êtres exaltés qui font rougir les barreaux de leur cage, grâce à l’étincelle de leur passion commune.

 Il faut découvrir cette braise ardente qui illumine ce spectacle ! Il s’agit d’un superbe hommage à la création !

 Article mis à jour le 11 avril 2023

 Evelyne Trân

N. B : Article également publié sur LE MONDE LIBERTAIRE.FR

Ouvre-Moi : Poèmes à crier de Brigitte Brami – Présentation-Lecture le Vendredi 14 Avril 2023 à 19 H à la Librairie PUBLICO 145 Rue Amelot 75011 PARIS –

Dans ce recueil de poésies écrites entre 1980 et 1990, Brigitte Brami, née en 1964, fait déjà montre d’un talent ancré dans un univers singulier à la belle langue cisaillée et puissante et aux métaphores incisives et sensibles.

Brigitte Brami, née en 1964 à Tunis, vit entre Marseille et Paris. Spécialiste de Jean Genet, thème de ses études doctorales à la Sorbonne, c’est lors de sa deuxième incarcération à la Maison d’Arrêt des Femmes qu’elle finalise les corrections de Miracle de Jean Genet . Elle s’est fait remarquer en 2011 par le succès en librairie d’un livre relatant sa première incarcération à Fleury- Mérogis : La Prison ruinéeCar le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire, carnets de cavale en est la suite. Elle est régulièrement interrogée par des journalistes sur les problématiques carcérales.

N.B : Brigitte BRAMI est invitée à l’émission DEUX SOUS DE SCENE de 15 H 30 à 17 H sur RADIO LIBERTAIRE 89.4, le samedi 15 Avril 2023.

En attendant Godot de Samuel Beckett – Mise en scène Alain Françon du 21 mars  au 8 avril 2023 à LA SCALA -13, boulevard de Strasbourg 75010 Paris.

DISTRIBUTION

Avec : Éric BergerPhilippe DuquesneAntoine HeuilletAndré MarconGilles Privat

Attendez-vous Godot ? Etes-vous assez niais, niaise pour surenchérir : Oui, oui, j’attends Godot et de pied ferme encore !

Beckett aurait écrit En attendant Godot pour se détendre au lendemain de la 2ème guerre mondiale. Le contexte a son  importance mais 70 ans après sa création, une nouvelle mise en scène suscite toujours une attente.

 Celle d’Alain ALAIN FRANÇON s’attache littéralement au texte. C’est lui qu’on entend servi par la diction impeccable des comédiens. Faut-il s’étonner de la résonance  dans une salle de théâtre de phrases aussi ordinaires que : Nous nous ennuyons ferme, c’est incontestable.

Oui, on peut faire la littérature avec des mots de tous les jours. Mais qui s’écoute vraiment parler ? Au théâtre ce n’est pas pareil, on est obligé de s’entendre, enfin on est venu pour ça !

Il y a en fond de scène une grande toile sombre d’un froid esthétisant qui contraste avec la chair des personnages dépenaillés, Vladimir et Estragon. L’un d’eux soupire : Encore une journée de tirée !

En tant que spectatrice, j’avoue avoir envie alors de m’échapper du texte. Tant pis ou tant mieux pour moi. A chacun, chacune sa lagune. Ce cher Beckett me donne parfois l’impression de soupeser la toile d’araignée juchée au plafond. L’ennui qui se cristallise à hauteur de plafond. Et pourquoi pas si du mortel ennui peut jaillir encore quelque chose. Le défi est énorme et il ne s’agit tout de même pas de renverser l’encrier. Toute encre bue par le buvard, que resterait-il ?

Tout le monde connait l’histoire. Deux clodos dans un endroit désert où seul un arbre desséché semble leur adresser un geste, devisent avec philosophie pour passer le temps. Ils paraissent ne rien attendre de la vie ni même des autres hommes. Et pourtant il faut bien se raccrocher à quelque chose. Que vaut ce Godot qu’ils attendent dans le fond pour justifier leur surplace, leur inaction, leur rien à foutre.

Godot en argot se rapproche du mot godasse. Aussitôt me reviennent en mémoire les souliers peints par Van Gogh et les semelles au vent de Rimbaud. Que ferait-on sans la culture et tous les aphorismes qui meublent la tête ?

Exit la culture. Reste la tendresse qui se dégage des échanges entre Vladimir et Estragon. Elle est irremplaçable. Beckett choie ses personnages même quand ils sont odieux comme Pozzo vis-à-vis de Lucky qu’il tient en laisse.

Le public voyeur peut comprendre que ces gens-là nous font signe à travers un tableau, une mise en scène, quelques pensées qui tombent à plat ou pas par leur seule présence à un moment donné et prendront sens quand nous nous en souviendrons, lequel ?

Les comédiens sont remarquables qui nous réconcilient grâce à leur gouaille avec nos instants dépressifs. Il y a le mot espoir dans désespoir disait Léon FERRE. Beckett ne fait pas la morale, il appuie sur les mots comme sur des sonnettes. A la cour de récréation d’En attendant Godot, 2 clodos (ça rime) et la lune !

Le 4 avril 2023

Evelyne Trân

Article également publié dans le Monde libertaire.fr

https://www.monde-libertaire.fr/?articlen=7151&article=Le_brigadier_dans_la_salle_dattente

En attendant Godot, de Samuel Beckett (Editions de Minuit). Mise en scène : Alain Françon. Théâtre La Scala, Paris 10e, jusqu’au 8 avril. Puis au Domaine d’O, à Montpellier, du 12 au 14 avril ; au Théâtre national de Nice, du 3 au 5 mai ; à La Scala Provence, à Avignon, du 7 au 29 juillet.