REPRISE DU SPECTACLE MAYA UNE VOIX au Festival off d’AVIGNON – SPECTACLE MUSICAL INSPIRÉ DE LA VIE DE MAYA ANGELO – A L’ESSAION THEATRE 33, rue de la Carreterie 84000 AVIGNON du 7 au 30 Juillet 2022 à 10 H. Relâches les Lundis le 11, 18 et 25 Juillet.

De Eric Bouvron, Julie Delaurenti, Tiffany Hofstetter, Sharon Mannet, Elisabeth Wautlet

  • Avec Ursuline Kairson, Audrey Mikondo, Julie Delaurenti ou Sharon Mann, Vanessa Dolmen ou Margeaux
  • Lampley, Tiffany Hofstetter ou Elizabeth Wautlet.
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  • Et un musicien sur scène : Christophe Charrier ou Jo Zeugma.
  • Mise en scène : Eric Bouvron
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  • Musique originale de Nina Forte et standards de Blues et Jazz
  • Traduction de l’anglais de Julie Delaurenti

Elles butinent comme des abeilles autour de la figure de Maya ANGELO. L’image peut paraître un peu facile mais c’est l’impression vertigineuse qui nous vient à l’esprit à propos de ces cinq comédiennes d’origines culturelles différentes (américaines, afro-américaines, africaines et françaises) qui évoquent en chantant l’enfance de cette artiste trop peu connue en France.

Sans micro, sans d’autre instrument de musique que la voix, elles chantent a capella, se déplaçant sur une sorte d’herbier folâtre, inspiré de l’autobiographie de Marguerite Annie Johnson, plus connue sous le nom de Maya ANGELO.

Elles ont pris le parti d’illustrer avec bonne humeur, son enfance marquée par un drame, l’assassinat de son beau-père qui avait abusé d’elle et qu’elle dut dénoncer. Traumatisée, elle cessera de parler pendant plusieurs années avant de se découvrir une vocation, celle de la littérature grâce au soutien de Mrs Flowers.

Les cinq comédiennes qui jouent avec brio, plusieurs rôles aussi bien masculins que féminins tournent donc les pages du livre d’enfance de Maya, illustrées de chansons rythmées par le blues et le jazz qui donnent le ton de l’ambiance de cette époque, les années 20 aux Etats Unis où naquit Maya ANGELO, à Stamps une petite ville d’Arkansas.

Ursuline KAIRSON incarne avec une poignante douceur ce personnage emblématique, qui satisfait au concept de résilience puisqu’elle a réussi à rebondir en devenant danseuse, chanteuse, militante aux côtés de Martin Luther King puis une poétesse reconnue.

La poésie, la fraîcheur dominent ce spectacle musical a capella, mis en scène par Éric Bouvron en hommage à Maya ANGELO qui exhorta tant de femmes à sortir de leur silence :

« Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir ».

Article mis à jour le 28 Juin 2022

Evelyne Trân

N.B Article initialement publié sur le MONDE LIBERTAIRE.NET

https://www.monde-libertaire.fr/?article=Le_brigadier_festivalier_en_Avignon

Sur un air de tango de Isabelle De TOLEDO au Théâtre BUFFON 18 Rue Buffon 84000 AVIGNON à 21 H 30 du 7 au 30 Juillet 2022 (Relâches les 10, 17 et 24 Juillet)

Distribution

Mise en scène : Bénédicte Bailby et Pascal Faber

Auteur(e)(s) : Isabelle de Toledo

Comédien(ne)(s) : Michel Papineschi Damien Boisseau Chloé Froget

Avec le soutien de : Le 3 Quai, la ville de La Garenne-Colombes, le centre culturel Jean Vilar Marly-le-Roi et le TAM

Coproduction : Thalia Prod et La Compagnie 13

Une comédie familiale douce amère, très tendre, voire enveloppante mais pas larmoyante, plutôt poétique, voilà mon ressenti à l’issue de la représentation de la pièce Sur un air de tango au Studio Hébertot à Paris, en Avril dernier.
Dans la chaleur et l’ivresse du festival off d’Avignon gageons que ce spectacle viendra à point rasséréner les esprits tout en éveillant leur curiosité.
C’est un joli motif que celui du tango pour illustrer les mouvements affectifs des membres d’une famille. Il faudrait demander aux danseurs de tango ce qu’ils ressentent mais voilà seuls leurs corps parlent. Sont-ils à la recherche d’émotions premières ? Est-ce un moyen pour eux de prendre le large, de s’accorder une liberté, donner libre cours aux rêves d’évasion dans les contrées secrètes et profondes, mystérieuses que suggèrent les corps dansants.
L’intrigue est simple.la pièce nous conte les retrouvailles d’un fils et d’un père sous le prisme de l’inquiétude : divorce du fils accaparé par son travail, fin de partie pour le père qui refuse (dans un premier temps) de partir en maison de retraite.

Avec finesse, Isabelle de TOLEDO aborde des sujets clés de l’existence somme toute banals. Mais voilà pour ne pas sombrer dans le déjà vu, déjà entendu, il y a l’offensive du rêve et de la musique, le tango qui comme la petite sonate de Vinteuil pour Swann (dans un amour de Swann de Proust), galvanise les ardeurs du vieux interprété par Michel PAPINESCHI, un comédien fabuleux. Cela dit, toute la distribution est épatante.
La mise en scène naturaliste rappelle à quelques années-lumière les atmosphères familiales de Pagnol, mais en beaucoup plus sobre. Elle offre une belle vision à ce « derrière la porte » les coulisses d’une histoire de famille avec ces non-dits, ces confidences tardives. La vie et pourquoi faire et comment ? Et dire qu’il suffit de danser pour oublier le temps qui passe sur un air de tango. Vaste éternité ! Tout un poème !
Le 28 Juin 2022
Evelyne Trân

N.B : Article initialement publié sur LE MONDE LIBERTAIRE.NET

https://www.monde-libertaire.fr/?article=Le_brigadier_festivalier_en_Avignon

Je m’appelle Momo d’après La vie devant soi de Romain Gary (Emile Ajar) – GUICHET MONTPARNASSE 15, rue du Maine 75014 PARIS – Du 20 Mai au 26 Juin 2022 les vendredis et samedis à 19 H. et les dimanches à 15 H.

Distribution

Mise en scène et création lumières

Cédric Bécu

Avec

Rémi Guirimand (Momo, guitare)

Marie-Estelle Hassaneen (Momo, flûte)

Caroline Michel (Momo, chant)

Le programme musical

Toutes arrangées pour leur formation, les pièces choisies

sont les suivantes :

• La Complainte des filles de joie, de Georges Brassens

Les Coeurs tendres, de Jacques Brel

Passepied, extrait de la Suite Bergamasque de Claude Debussy

Sur la Place, de Jacques Brel

Spiegel im Spiegel, de Arvo Pärt

Beau Soir, de Claude Debussy / Paul Bourget

C’était bien (le p’tit bal perdu), de Gaby Verlor / Robert Nyel

• Prison, de Gabriel Fauré / Paul Verlaine

Nuit et Brouillard, de Jean Ferrat

Spleen, de Gabriel Fauré / Paul Verlaine

• Jewish song, de Ernest Bloch

Hashivenu, prière traditionnelle juive

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Cette phrase de Victor Hugo « le cantique le plus sublime qu’on puisse entendre c’est le bégaiement de l’âme humaine sur les lèvres de l’enfance » hante le cœur des troubadours qui ont décidé d’incarner Momo ce gosse universel qui ne mache pas ses mots et qui « regarde plus loin que la misère » (J.Brel) en s’accompagnant d’une guitare, une flûte et du chant.

Leur spectacle tout à fait charmant entrelace les propos de Momo souvent lapidaires et percutants et des chansons tirées du répertoire de Brel, Brassens, Ferrat, des mélodies de Gabriel Fauré, Debussy et des poèmes de Verlaine et Paul Bourget. Les enchainements n’ont rien d’artificiel, ils coulent de source et les trois silhouettes du jeune Momo semblent s’y abreuver. La mise en scène de Cédric BECU calée sur la musique laisse carte blanche à notre imaginaire.  

Dans La vie devant soi  de Romain GARY/Emile AJAR, le narrateur est un enfant parmi les plus défavorisés, d’origine arabe, fils de pute, adopté par une vieille femme juive, elle-même ancienne prostituée et rescapée des camps d’Auschwitz. Reconnaissons que l’écrivain n’y est pas allé de la main morte. Il plonge au plus profond de la misère morale, matérielle, sociale, existentielle puisqu’il est question de vieillesse, d’adolescence, pour en extorquer la seule chose qui compte à ses yeux, qui donne une raison de vivre : Aimer. Le roman comme le spectacle s’achève avec ces mots simples, l’injonction « Il faut aimer ».

Momo adolescent de 13 ans à la fois mature et naïf a toujours dans sa besace des phrases choc, saisissantes :

Le bonheur c’est une belle ordure, une peau de vache, il faudrait lui apprendre à vivre

Moi la vie je ne peux pas en faire une beauté, je l’emmerde

Paroles de révolté mais également de poète :

J’ai fait venir le clown blanc et il m’a joué du silence 

 Le soleil a l’air d’un clown jaune assis sur le toit 

Momo n’a qu’une personne à aimer, Rosa avec tous les défauts qu’il lui connait. En y réfléchissant, l’auteur donne l’impression à travers ce gamin de secouer l’arbre de vie jusqu’au bout c’est-à-dire la mort de Rosa ; Momo entend être solidaire de cette mort comme il a été solidaire de sa misère.

Momo et Rosa, c’est une histoire d’amour jusqu’au boutiste.

Mais la musique nous exempte de commentaires ou d’explications de texte. Nous nous laissons submerger par les chansons de Brel, Brassens, Ferrat qui entrent en résonance avec la sensibilité de Momo, ses révoltes, ses aspirations.

Après la révolte, c’est la douceur qui remonte à la surface qui ose parler d’amour et sans mièvrerie. Oui, cette douceur imprègne le spectacle « On peut tout faire avec les mots mais sans tuer les gens » .

Voilà un spectacle musical tout en délicatesse, original et poétique auquel nous convie le talentueux ensemble Jeux de quatre mis en scène par Cédric BECU.

« Il est des parfums frais comme des chairs d’enfant » dixit Baudelaire dans son poème Correspondance. Quand la flûte, la guitare, le chant et les mots de Momo se rassemblent pour le bonheur des spectateurs !

Le 14 Juin 2022

Evelyne Trân

N.B : Article initialement publié dans le Monde Libertaire.net

https://www.monde-libertaire.fr/?article=Un_spectacle_musical_pour_le_brigadier

N.B : Rémi GUIRIMAND, Marie-Estelle HASSANEEN, Caroline MICHEL, les trois interprètes de Momo étaient les invités de l’émission DEUX SOUS DE SCENE, le samedi 11 Juin 2022 sur Radio libertaire 89.4 en podcast, sur le site de Radio Libertaire.  





Lecture en espace « Les Mémoires Invisibles (ou la part manquante) » de Paul Nguyen au MUSÉE DES ARTS ASIATIQUES 405 Promenade des Anglais – Arenas 06200 NICE le samedi 04 Juin de 15 H 30 à 17 H.

Paul Nguyen, metteur en scène et comédien, s’est un jour lancé dans une enquête sur sa famille vietnamienne dont il ne connaissait que très peu l’histoire. Au cours de son enquête, il rencontre Brigitte Macadré, auteure, elle aussi de père vietnamien, et dont il partage de nombreuses interrogations. Ensemble, ils décident de plonger dans ce passé trouble et plein de fantasmes. L’enquête dure deux ans.

Après maintes rencontres et de nombreuses recherches, l’enquête suscite beaucoup plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Avec pour toile de fond l’Indochine et l’indépendance du Vietnam, le texte né de ces échanges mêle enquête personnelle, réalité historique, fantasmes mis en scène ; le mythe se mêle à la réalité et embarque le spectateur dans un récit à tiroirs où la vérité n’est jamais celle que l’on imagine. Les protagonistes explorent cette période délicate de la décolonisation, et à travers le prisme de leur histoire familiale, s’interrogent sur leurs identités métissées et sur les non-dits de la transmission.

Avec Angélique Zaini et Paul Nguyen

Son et technique : Néry Catineau

Durée : 1 heure 15

Photo E.T.
Ces photos de familles forment un bel arbre !

Aller vers le public, se tourner vers la scène pour faire le récit d’une quête intime, celle d’un homme qui se sait aiguillonné par le passé de ses aïeux où les guerres et l’exil sont devenus « des mémoires invisibles ». Il faut se coller au mur de l’invisible, imaginer surprendre un papillon frôler l’arbre fantastique de la mémoire de tous les anonymes qui auraient à cœur de raconter leur corps d’Asie et d’Europe, ayant toujours à l’esprit cette distance géographique, 10.000 Km du Vietnam à la France à vol d’oiseau. Au siècle dernier dans les années 40, il fallait parfois un mois en paquebot pour la franchir. Cela donne le vertige…  

Il y aurait une identité d’eurasien-ne, mais elle ne s’entend guère. Par ailleurs que l’on soit issu d’un couple mixte franco-vietnamien, ou pas, la notion de double culture ne peut s’appliquer à toute personne d’origine asiatique née en France. C’est d’ailleurs là où le bât blesse, le facies ne définit pas la culture, la sensibilité ou l’intériorité d’un individu, il est posé comme un masque, un signe parmi d’autres comme la couleur de peau ou des yeux.

L’histoire que raconte Paul NGUYEN est toute personnelle, car de toute évidence c’est une aventure que celle de partir en quête de ses origines en se projetant sur la figure d’un aïeul quasi inconnu lequel, ce n’est pas un hasard, est prénommé Paul.

Dans toute histoire familiale il y a des trous, des non-dits et la transmission d’un ancêtre à ses descendants ne peut aller au-delà de la 3ème génération, à fortiori lorsque cet ancêtre a voyagé, que l’Indochine a disparu ainsi que les archives.  

Mais le personnage que Paul Nguyen met en scène ne veut pas renoncer à sa quête « impossible » et il continue à fantasmer sur cette part de Vietnam en lui.  

Le regard de l’autre l’a renvoyé à son facies qui porte les traces d’un pays effacé, le Vietnam. Paul fait penser à Hamlet quand il dit « Quelle place ici, là-bas, ni ici, ni là-bas, partout, nulle part.  Il parle de « déracinement profond, d’enracinement raté ».

Les psychologues disent que les séquelles traumatiques se transmettent de génération en génération. Paul pense que » le corps n’oublie pas, il garde les douleurs anciennes, il transmet le souvenir de la guerre à ceux qui ne l’ont pas vécue. Il maintient le lien. »

La quête d’identité qu’exprime Paul Nguyen a un rapport avec sa sensibilité et son appréhension du monde et ce qui est intéressant c’est qu’elle met le doigt sur cette part d’inconnu que tout individu peut éprouver en lui-même dès lors qu’il s’interroge. Aussi bien, on pourrait penser à CAMUS qui enquête sur son père inconnu mort à la guerre de 14/18 dans son livre posthume Le premier homme.

Dans cette lecture en espace Paul dialogue avec Brigitte, elle aussi de père vietnamien. L’un et l’autre se questionnent. A l’intériorité de Paul répond la vivacité de Brigitte.

Une très belle lecture, passionnante de bout en bout. Avec la perspective de nouvelles dates du spectacle. A suivre…

Le 20 Juin 2022

Evelyne Trân

Article initialement publié sur LE MONDE LIBERTAIRE.NET

https://www.monde-libertaire.fr/?article=Le_brigadier_se_fait_faire_la_lecture

N.B : la pièce a été représentée à la Gare Franche de Marseille le 15 Octobre 2021.

https://www.lezef.org/fr/saison/21-22/memoires-invisibles-ou-la-part-manquante-623