OPÉRAPIÉCÉ DE ET AVEC AURORE BOUSTON ET MARION LÉPINE MISE EN SCÈNE WILLIAM MESGUICH au Théâtre LE LUCERNAIRE 53, rue Notre-Dame-des Champs 75006 PARIS du 8 Décembre 2021 au 31 Janvier 2022 à 21 H du Mardi au Samedi, Dimanche à 17 H 30.

À L’ACCORDÉON MARION BUISSET OU VINCENT CARENZI
DIRECTION MUSICALE LOUIS DUNOYER
CRÉATION LUMIÈRE : ÉRIC SCHOENZETTER
COSTUMES : BLACK BAROQUE BY MARIE-CAROLINE BEHUE
CHOREGRAPHIES : BARBARA SILVESTRE
PRODUCTION : ABML PRODUCTIONS, CANAL 33 ET L’IMPERTINENTE
CORÉALISATION : THÉÂTRE LUCERNAIRE

DATES DE TOURNÉE À VENIR

  • TOURNAN-EN-BRIE 4 ET 5 DÉCEMBRE 2021
  • LE SEIGNANX 4 FÉVRIER 2022
  • N O I SY- LE – G R A N D 1 1 FEVRIER 2022
  • CHAMPS-SUR-MARNE 12 FÉVRIER 2022
  • SARCELLES 22 MAI 2022
  • VERSAILLES 9 JUIN 2022

Il fallait y penser. Elles l’ont fait : marier en pleine intelligence les tubes du répertoire classique – entre opéra et symphonique – et les succès ou raretés de la chanson française ou francophone. Le délire en plus…
Aurore Bouston et Marion Lépine ont imaginé ce spectacle entièrement chanté et décliné en huit tableaux thématiques. Dans chaque tableau sont judicieusement mêlés de courts extraits issus du répertoire de Claude François, Jacques Dutronc, Léo Ferré, Jean-Roger Caussimon, Alain Souchon, Diane Dufresne, Brel, Jean Ferrat, Nicole Croisille, Brigitte Fontaine, Gainsbourg et des références pertinentes aux oeuvres de Gounod, Brahms, Boccherini, Chopin, Beethoven, Dvorak, J.- S. Bach…parmi une multitude qui donne le tournis : 80 compositeurs au total ! Dont Michel Legrand, Georges Van Parys, Philippe Sarde ou Ennio Morricone pour – deci delà- un bel hommage au cinéma populaire. Un tournis délicieux à chaque seconde. Maîtrise vocale confondante autant que la mise en scène de William Mesguich et les chorégraphies signées Barbara Sylvestre. Les changements à vue? Bluffants : costumes  « baroque-attitude », coiffes déjantées, objets insolites, titre pour chaque tableau . Une prestesse et une précision au service du propos entre humour et réflexion. En  effet, le premier tableau, « Opérassédic », décrit une réalité sociale toujours alarmante. Quand la fantaisie dépeint le quotidien de la vie d’artiste…avec – entre autres –  » Je m’voyais déjà » opportunément cité. En témoigne un autre tableau : »OpéraTP », tout aussi hilarant.
L’amitié et l’amour sont aussi de la partie, illustrés par les emprunts à Tchaïkovski, Mendelssohn, Brahms, alternant – en un tour de main – avec Brassens, Aznavour (bis), Lama ou…Gilbert Montagné. Subtils entrelacements d’époques, de sensibilités, de climats. C’est maîtrisé façon virtuose tout en laissant la délicieuse impression d’une création  instantanée. Alors, théâtre chanté ou chanson théâtralisée? Les deux assurément, avec une infinie légèreté et cette science consommée du clin
d’oeil traduisant une joie de vivre, une énergie débordante où se glissent de vrais moments de tendresse malicieuse et de nostalgie. Tout à la fois vocalistes et comédiennes, Aurore Bouston et Marion Lépine représentent, une fois de plus, la jonction réussie entre deux disciplines. Une alchimie si délicate à restituer…
En ce soir de première, nous avons découvert Vincent Carenzi comme accompagnateur (1). Le choix de l’instrument (coup de chapeau à Louis Dunoyer de Segonzac) constitue déjà un coup de maître : si nos oreilles sont coutumières du piano à bretelles en matière de chanson, elles le sont beaucoup moins lorsqu’il s’agit de Vivaldi, Ravel, Chostakovitch, Fauré, Grieg, Smetana ou Samuel Barber. Notre accordéoniste est un véritable créateur : couleurs tantôt éclatantes, tantôt irisées ; rythmique affirmée ; et surtout, souplesse féline. Même les silences restent éloquents. Dans la pleine discrétion, un artiste magnétique.

Opérapiécé associe les morceaux les plus disparates dans une unité sidérante par sa cohérence et son inventivité. On rit beaucoup. Un spectacle total. Pour mélomanes avertis,  amateurs de chansons tout format, connaisseurs intransigeants ou néophytes ouverts aux découvertes extravagantes. Toutes générations confondues…Un moment rare. Immanquable, de toute évidence.
                                                    Laurent Gharibian

(1) En alternance avec Marion Buisset.

Joséphine BAKER, l’universelle de Brian BOUILLON-BAKER aux éditions du Rocher.

A l’heure où un candidat d’extrême droite à la Présidence  de la République se fait applaudir en tirant à boulets rouges sur les étrangers et ce faisant en incriminant de tous les maux une importante partie de la population française issue de l’immigration – 14 millions de personnes sont soit immigrées soit enfants ou petits-enfants d’immigrés et parmi elles plus de 10 millions sont d’ores et déjà françaises (source le Musée d’histoire de l’immigration in Economie et Statistique Avril 1991) il apparait crucial de se rattacher à l’idéal de fraternité universelle de Joséphine BAKER.

Dès lors le témoignage d’un de ses enfants, Brian BOUILLON-BAKER, sobre et réfléchi ne peut que retenir notre attention.

Brian BOUILLON BEKER a été adopté à l’âge de 6 mois lors d’une visite de Joséphine Baker dans un orphelinat pendant la guerre d’Algérie. Ses parents avaient été tués dans les combats.

Le témoignage a une portée universelle, celle d’un fils vis-à-vis de sa mère. Il est également émouvant parce qu’il parle en tant que membre de la Tribu Arc-en-ciel, composée par ses frères et sœurs embarqués dans cette aventure extraordinaire, celle de représenter la famille voulue et rêvée par Joséphine BAKER : « Nous nous efforçons tous, au quotidien et à notre façon, d’appliquer autour de nous les principes de l’école de l’Universel que Maman nous a inculqués. En ces temps de communautarismes et de racisme pandémiques, ça n’est pas du luxe, croyez-moi ».

Joséphine leur disait « En cas de pandémie d’intolérance, ne jamais laisser cette crasse mentale salir votre habitation ou votre esprit ».

Joséphine BAKER née d’un père « blanc » et d’une mère « noire » a fondé avec son mari Jo BOUILLON une famille issue de 4 coins du monde.

Elle entendait réduire à néant la notion de racisme. D’instinct, elle avait compris que les enfants ne naissent pas racistes et que si le racisme perdurait c’est parce qu’il était véhiculé par les adultes.

Brian confie qu’il n’a pas eu « de gros problème identitaire, ma famille adoptive avec ses rires et ses chamailleries me correspondait amplement, c’était mon destin, voilà tout ». Parce qu’avec sa mère, c’est une histoire d’amour et qu’il l’a choisie enfant avec un sourire lorsqu’elle s’est penchée vers lui.

Une certaine gravité émane de ce livre de souvenirs exempt cependant de sentimentalisme, et sans complaisance. Brian évoque les conflits de génération que connaissent souvent les enfants vis-à-vis de leurs parents. Joséphine Baker n’a pas échappé à la règle.

Si certaines anecdotes croustillantes nous font sourire, c’est tant mieux. Joséphine rayonnait naturellement tout en restant humble. Elle avait de l’amour à revendre.

Le témoignage est sans ambiguïté. Brian ne dissimule pas les faiblesses de sa mère dont il dit qu’elle a un caractère entier. Il semble vouloir contenir en lui cette flamme de Joséphine grâce à laquelle il a eu une enfance et adolescence heureuses bien que hors normes.

A l’issue de la lecture demeure ce sentiment qu’il y a des valeurs à partager quoiqu’il en coûte, même à sacrifier son égo au profit de la solidarité confraternelle.

Il ne s’agit pas d’un livre de plus sur Joséphine BAKER. Brian BAKER naturellement a envie de communiquer son ressenti en hommage à sa mère mais aussi pour affirmer que c’est possible la famille universelle.

Eze, le 22 Décembre 2021

Evelyne Trân

N.B : Article publié également sur le MONDE LIBERTAIRE.NET

https://www.monde-libertaire.fr/?article=Josephine_Baker_racontee_par_un_de_ses_enfants

Le souffleur de Emmanuel Vacca – Mise en scène de Paolo Croccco au Studio Hébertot 78 bis Boulevard des Batignolles – 75017 Paris – Du 29 novembre 2021 au 15 février 2022, les lundis et les mardis à 19 Heures.

Distribution
Texte : Emmanuel Vacca
Mise en scène et interprétation : Paolo Crocco
Collaboration artistique : Fabio Marra
Lumière : Luc Dégassart
Régie plateau : Alberto Taranto
Composition : Claudio Del Vecchio
Costumes : Pauline ZuriniBernadette Tisseau
Construction Décor : Claude Pierson
Production : Cie Dell Edulis / Pony Production
Diffusion : Pony Production – Sylvain Berdjane

A la fin de la première mondiale de Cyrano de Bergerac, le 28 Décembre 1897, Ildebrando Biribo le souffleur du Théâtre de la Porte Saint Martin fut retrouvé mort dans son trou de souffleur.

Ce fait divers a t-il défrayé la chronique à l’époque ? L’auteur de cette pièce, l’artiste Emmanuel Vacca récemment décédé, délibérément élude la question et ce faisant les interrogations des spectateurs. C’est le personnage qui l’intéresse qui fait partie de l’histoire du Théâtre. Il incarne cette passion sans bornes pour le théâtre et toutes ces petites mains invisibles qui veillent à l’ombre à la réussite d’un spectacle et sur qui tout comédien peut compter .

Le métier de souffleur qui a disparu pourrait paraître ingrat et particulièrement frustrant pour tout aspirant comédien. Dans son Chant du cygne, Tchekhov le met en scène à travers le personnage de Nikita Ivanitch un sans domicile fixe qui devient l’interlocuteur d’un vieux comédien vedette Svetlovidov.

Qui mieux qu’un personnage sorti de l’imagination d’un auteur – car l’imagination se moque des règles de l’espace-temps et des mesquineries de détails trop matériels – pourrait invoquer l’esprit du souffleur.

Il appartenait autrefois au souffleur d’anticiper toute défaillance et trous de mémoire des comédiens, véritablement scotché à leur respiration, il devait pouvoir leur souffler le texte immédiatement , ce qui signifiait que le texte, il le connaissait par cœur.

Aujourd’hui ce sont les oreillettes qui remplacent le souffleur. On n’arrête pas le progrès !

Emmanuel Vacca raconte qu’Ildebrando fut convoqué par Coquelin aîné , ce fameux jour du 28 Décembre 1897, pour lui annoncer brutalement qu’il n’avait plus besoin de ses services. Son dernier jour était arrivé et parait-il Coquelin eut besoin de lui ce jour là . Comme il venait d’avaler de la mort au rat, c’est agonisant qu’il termina son travail.

Nous l’apprenons juste à la fin du spectacle. Car Ildebrando Biribo superbement interprété par Paolo Crocco n’a pas vocation à parler de sa fin tragique . C’est de la vie de souffleur qu’il a envie de parler .

Dans sa note d’intention Emmanuel Vacca s’explique :

« Le personnage est une âme. Une âme dans mon imagination représente un être sans attache, en dehors de toutes nos souffrances terrestres, libre de pouvoir suivre à son gré le monde intérieur qui l’habite. C’est de cette façon que je peux expliquer la structure de mon texte fait d’idées et de récits qui se croisent, se coupent et se retrouvent, de mélange de comédie, de drame, de conte qui enlève au public la possibilité de savoir tout au long de l’action ce que sera la suite. »

Et ce personnage n’a qu’un seul projet, celui de parler de sa vie de souffleur avec bonheur en racontant ce qui lui passe par la tête ses délires, ses fantasmes, avec facétie et philosophie tire bouchonnant tous ces mythes accrochés à cette spirale qui enchaîne la vie à la mort ou inversement, pour nous faire tourner la tête et nous faire rire d’Adam et Eve, du Grand Manitou, de ce qui est vrai et n’est pas vrai mais qui au théâtre s’anime et il suffit d’être sur scène pour le vivre. Oui, dîtes que vous êtes un arbre, mimez l’arbre et les spectateurs vous croiront ! Sur scène c’est possible, ailleurs, on vous prendrait pour un fou .

Paolo Crocco qui a repris le rôle d’Ilbrando est génial de drôlerie, de présence, il sait aussi être grave et bouleversant. Nous arrêtons là la description pour ne pas déflorer la pièce. Allez y, voilà un spectacle qui ne manque pas de souffle c’est bon pour le moral !

Article mis à jour le 4 Décembre 2021

Evelyne Trân

Zaza vide son sac – One Woman Show au Théâtre Pandora Bastille – 30 Rue Keller 75011 PARIS – Les vendredis 3,10,17,24 décembre à 21h, le 31 Décembre à 21 Heures.

Isabelle Sprung est une artiste étonnante.
Je l’ai découverte à Radio Libertaire. J’étais étonné par sa voix, son humour, son peps, son chant. J’étais intrigué. J’avais envie de la voir sur scène. Je n’ai pas été déçu. Son dynamisme à la radio est encore plus performant sur scène.
Dans « Zaza vide son sac » actuellement au Théâtre Pandora (Paris 11ème), Isabelle a écrit ce one-woman show. Déjà joué à Annecy, elle nous le propose maintenant dans la capitale. Elle s’adresse à son public pour lui parler de sa famille, de sa vie, de l’amour.
Elle chante, elle se maquille en direct, elle saute, elle joue du piano, elle interroge son public, elle nous fait rire. Et elle saute encore et encore quand on l’applaudit de plus en plus. 
C’est une pile vivante. Son auto-dérision en continu, elle aime faire le clown tout en étant sérieuse dans ses propos.

Elle y interprète également deux chansons qu’elle a écrites et composées elle-même, « Rien de tel » et « La Ride ». On chante avec elle et on s’amuse. Ce n’est pas son show, c’est notre show. Ce spectacle est prolongé tous les vendredis de décembre, toujours au Pandora. Et l’envie d’y retourner est là.
« Zaza vide son sac » n’est pas son premier spectacle. Isabelle depuis les années 90 impressionne et nous fait rire que ce soit dans une troupe de comédiens ou en solo. A noter qu’elle joue souvent le spectacle « De Fréhel à nos jours », où elle interprète des chansons réalistes et humoristiques.
Isabelle Sprung a plus d’une corde à son arc, elle a aussi sorti un livre « Rien de tel » aux éditions Le Lys Bleu où on y trouve des petits textes qui parlent de la vie de tous les jours. On n’en a pas fini d’en entendre parler Tata Zaza !

Fabien Roland