ESCALE POESIE ET CHANSON. C’ETAIT A LA SORBONNE LE 4 JUILLET 2019. Par Laurent GHARIBIAN.

HERVE VILARD PHOTO GUY KUAN

Hervé VILARD – Photographie Guy KUAN

Créé en 1998 par Jean-Marc Muller et Matthias Vincenot, Poésie en liberté est un concours international de poésie en langue française ouvert aux lycéens, aux étudiants et, c’est à souligner, aux apprentis. Une seule condition : être âgé de 15 à 25 ans. Chaque année, le jury reçoit un nombre croissant de participations. Près de 4000 pour la présente édition 2019. La sélection suppose des choix…cornéliens. Le niveau se révèle particulièrement élevé et témoigne d’une forte créativité venant de toute la sphère francophone. Les poèmes lauréats sont interprétés sur scène par des comédiens professionnels. Cette année encore, l’Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne est rempli. Le prolongement éditorial de cette manifestation d’envergure se concrétise par la publication de plusieurs poèmes par les soins des Editions Bruno Doucey. L’événement scénique, baptisé  » Escale Poésie et Chanson », est organisé par l’ association « Poésie et chanson Sorbonne » avec le soutien du service culturel de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.

En seconde partie, c’est la tradition, un récital chanson a droit de cité dans ce lieu hautement symbolique.

 Figurer au palmarès constitue, pour ces jeunes lauréats, un encouragement certain à poursuivre dans ce mode d’expression. Vingt-deux poèmes sont proposés ce soir du 4 juillet par cinq comédiennes et trois comédiens. En ouverture, Matthias Vincenot, maître de cérémonie décontracté dit le poème « Déforestation » signé Cécile Cantat, angevine inspirée comme le sont, sans exception aucune, ses alter-ego élèves à Shanghaï (Bleuenn Gancel pour « Plaisirs non coupables ») Montréal (Adèle Gosset pour « Le chat » et Emmanuelle Kristof Tessier pour  » L’importun ») Moscou (Jules Paris pour « Le cul vaincu » interprété par Alyzée Lalande). Et Haïti, où étudie Niklovens Fransaint, pour un  » Elle D’un effleurement, Je » très remarqué. A l’instar de son interprète, le comédien Matila Malliarakis : un tempérament à suivre de près…Tout comme son complice Askehoug, le temps d’un poème à deux fort bien mis en scène et signé Maëlan Le Bourdonnec. Un futur numéro de duettistes? Ce serait pertinent.Quant à Bernard Menez, il conjugue sa notoriété sur le mode cool et distille avec sa faconde les sonorités ludiques de Joséphine Vernay ou celles d’Imane Elmouadan.

Les jeunes comédiennes  ne sont pas en reste, à commencer par Margot Lourdet, parmi nos coups de coeur avec « Liberté » d’Elise Daniel et « Pour un piano sans cordes » mots à vifs que l’on doit à Selma Bendada – une deuxième fois primée avec « Fissures » pareillement saisissant et que restitue fort bien Lena Lapres. Marie Oppert honore, elle aussi, les textes dûs à Clément Masselin, Letissia Titouah, Emmanuelle Kristof Tessier (déjà citée) et Marie Defontaine : images puissantes, toutes de contrastes.

Coup de chapeau , également à Eden Ducourant à qui l’on a confié « Les bombes et les papillons. Souvenirs de Syrie ».Façon court-métrage expressif dont l’auteur, Bouchra Assouad, mérite aussi tous les éloges.

 Parmi les auteurs, mentionnons aussi Niamh Fontaine (« A l’ombre »),  Mathilde Loiseleur ( « Maria au théâtre ») , Kevin Bour (l’original « Crayon de chantier »), le Rennois Corentin Dufourg (Prix Simone Veil pour « Parée »), très applaudi aussi. Sans oublier Marie Defontaine (« Anaïs) et enfin Anaïs Lo Re pour ce « Tout va » très singulier… Il faut rappeler combien les interprètes, ici, se révèlent tout autant investis et authentiques.

Pas une seule fausse note dans cette symphonie de mots disant l’ironie, la violence ou la douceur. Il émane de cette première partie – bien rythmée – une sacrée dose d’humour, de gravité, une conscience affûtée de notre monde en effervescence. On y respire la volonté de dire, en beauté, l’accomplissement, l’ouverture sur l’autre, la luminosité l’emportant sur les ténèbres. Oui, un soleil surplombant les tempêtes. Vivement 2020.

En seconde partie apparaît le très attendu Hervé Vilard. Un homme de scène resté intact dans l’émotion, la simplicité et le vrai. Il a su patiemment, avec courage, donner de lui une image nouvelle. De « chanteur populaire » à « chanteur poétique » comme l’a si joliment dépeint Matthias Vincenot dans son texte de présentation. Rien à redire. Cette définition a fait l’unanimité au sein d’un public réceptif et respectueux. Parmi ses auteurs de prédilection, le chanteur nous propose depuis de longues années un choix éclectique, assumé. Et pointu. Nous sommes venus pour entendre les paroles de Marguerite Duras sur la sublime mélodie du regretté compositeur argentin Carlos d’Alessio .Nous sommes venus apprécier l’univers – formidablement restitué – de Michèle Bernard .Nous sommes venus assister au « Café littéraire » de l’immense Allain Leprest qui fut pour Hervé Vilard un ami véritable. Nous savions que allions réentendre l’une des plus belles versions de « L’Echarpe » de Maurice Fanon. Et nous avons redécouvert, parmi  tant d’autres auteurs, Jean Genet dans « Le condamné à mort »(merci Hélène Martin). Un must absolu.Par un artiste attachant, sensible. Lequel ne pouvait quitter la scène sans nous offrir « Capri c’est fini ». Et là, avec cette manière intimiste de recréer ce « tube », Hervé Vilard a montré le chemin parcouru par cet interprète de plain pied avec son époque. Un artiste exigeant. La cordialité en plus.  

Monsieur le ministre de l’Education Nationale est resté un peu plus longtemps que prévu, nous a-t-il semblé…Tout comme la maire du Vème arrondissement. Le public quant à lui – connaisseurs et passionnés- a manifesté son vif contentement. Pour le chanteur et son excellent pianiste accompagnateur. Classieux en tous points…

Cette escale estivale a déjà vingt et un ans. Vivement 2020, une fois de plus…

                                                           Laurent GHARIBIAN

Ode aux enveloppes

ENVOL CARTE

TAKESADA MATSUTANI

Stream Osaka (Osaka Contemporary Art Center 1982-83)

Crayon graphite sur cartes postales

Une enveloppe cachetée a échu entre mes mains. Elle venait d’ailleurs, d’un autre âge, d’une autre époque, elle avait plus de soixante ans. J’avais l’impression d’être devant une tombe. Alors pour me faufiler dans cet ailleurs, j’ai réfléchi que j’étais moi-même grisonnante et qu’en soustrayant un peu de mon âge, je pouvais m’aligner sur n’importe quelle bulle de temps aussi expiatoire soit-elle.

 Tribulation enfantine : toujours mettre un peu de soi dans une enveloppe, en tout cas une espérance, un rêve, un sentiment, un peu de mystère scellé au bout d’une pensée.  Comment ne pas être ému en ouvrant une enveloppe, comment ne pas croire voir s’échapper quelque cri, quelque soupir d’aise. Enfin, je suis ouverte dit l’enveloppe miraculée (c’est Pâques).  Elle n’eût pas été ouverte que le temps ne se fut pas arrêté. Mais le temps est un mime, il se joue de nos reflets et nos songes. Qu’importe puisque l’enveloppe scellée, abandonnée, au moment de son ouverture lâche un grand soupir et à la lumière du jour libère son message. Il jaillit soudain comme une puce sous l’oreille, il se moque du temps qui a passé, il le célèbre. Il ancre ses songes sous le jeune avenir comme croupit un nuage en dentelles. Il fend l’air comme une libellule. Il faut – balustrade d’un mot sur une toute petite échelle – faire scintiller quelque brindille échappée d’un amour, d’un aveu, d’une crainte enveloppés, cachetés. Que le mystère jaillisse du bec d’une enveloppe qui prendrait la forme d’un avion en papier. Quoi ? Oser déflorer une gentille enveloppe restée vieille fille par surabondance de nuages. Je les veux subsister à tous les courants d’air, tous les petits élans de l’âme qui obéissent à quelques rites : l’enveloppe, le timbre, l’adresse et l’effort d’écrire.  Oui, je l’écoute cette chaîne de lettres entrelacées qui davantage que des ombres fayotent contre le mur du temps qui redevient hirondelle de passage. A travers une coulure du temps ou sa moulure, écouter une enveloppe qui craque comme un poussin sort de sa coquille. Songer aux yeux hagards du destinataire qui va soit l’ouvrir, soit l’abandonner dans un  coin. Subir cette hallucination : je suis l’enveloppe. Alors, être là au moment de l’ouverture, ouf ! C’est tellement étrange de s’envoyer soi même, avec le recul n’est-ce pas, la distance nécessaire entre l’expéditeur et le destinataire pour que la réception ait lieu. Quoi ? Encore regarder un oiseau emporter en son bec un rameau, comprendre qu’il voyage aussi, qu’il travaille, qu’il fait son nid. A travers des lettres c’est le frémissement de brindilles que je surprends sur les lèvres de n’importe quel scribe et je ne puis m’empêcher de souffler à tous ceux qui ne se servent plus de leurs mains pour écrire : quel dommage, vous avez quitté l’oiseau en vous, de vos gestes, de vos caresses. Vous ignorez que vos doigts peuvent chanter à toute allure sur du papier, qu’il peuvent réciter au delà de la coulure d’une date car ils connaissent l’étoile du jour et de la nuit avant de se poser.

Cet oiseau qui vient se poser sur votre épaule, entendez le comme la confidence d’un messager qui a voyagé avant d’arriver jusqu’à vous. Remerciez le !

Evelyne Trân       

Bernard DIMEY – Père & Fille – Une incroyable rencontre – Le spectacle musical de Dominique DIMEY – Création au Festival Off d’Avignon du 05 au 28 juillet 2019 – Théâtre Le Cabestan 11, rue Collège de la Croix – 84000 Avignon – Réservation et information : 04 90 86 11 74 et Ticket Off – Jours et horaire des représentations : Du lundi au dimanche inclus à 12h10 (Relâches tous les jeudis) – Durée du spectacle : 1h10 .

Dominique DIMEY était l’invitée de l’émission DEUX SOUS DE SCENE sur Radio Libertaire 89.4,  le 29 Juin 2019 en podcast sut Theatreauvent.com

DEUX SOUS DE SCENE 29 06 19

 

Conception et mise en scène : Bruno LAURENT

        Avec Dominique DIMEY (jeu et chant),

       Charles TOIS (accompagnement piano)

      Richard BOHRINGER (voix off)

.     Décors : Nils ZACHARIASEN

•    Lumières : Stéphane BAQUET

  • CHRONOLOGIE DES POEMES ET CHANSONS

Paris par cœur (Bernard Dimey / Jean Ferrat) – Au Lux-bar (Bernard Dimey) Les enfants de Louxor (Bernard Dimey) – Quand on a rien à dire (Bernard Dimey) – J’ai trois amis (Bernard Dimey) – L’enfant maquille (Bernard Dimey / Charles Aznavour) – Mais si je n’ai rien (Bernard Dimey / Francis Lai) – Les pauvres (Bernard Dimey) – L’auguste (Bernard Dimey) – Le bestiaire d’autre part (Bernard Dimey) – Les imbéciles (Bernard Dimey / Léo Chauliac, Jean-Claude Pascal) – Tu ne m’as pas encore eu cette fois la vieille (Bernard Dimey) – Chanson pour Bernard (Dominique Dimey / Pierre Bluteau) – Syracuse (Bernard Dimey / Henri Salvador.

L’histoire de Bernard et Dominique DIMEY on la croirait sortie d’un conte de Prévert, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre. Père et fille, Bernard et Dominique ne se connaissaient pas, c’est la poésie qui les a réunis, « le cœur a ses raisons que la raison ignore ».

Elle est parfois légère la vie comme un amour de jeunesse trop vite oublié et Bernard n’a pas su ou pas voulu savoir qu’il était devenu père à 26 ans. Dominique élevée par sa mère imaginait un père idéal, beau, grand.

Elle ne s’attendait pas à découvrir chez Bernard Dimey, surnommé l’ogre de Montmartre, un père plus que biologique, un père spirituel.

Bernard Dimey fait partie de ses artistes qui sont poètes dans la vie et pas seulement sur le papier, sans doute parce que la poésie, il faut la vivre pour pouvoir vraiment la communiquer. Bernard qui n’était pas attaché aux choses matérielles, ni à son apparence – il montait sur scène avec une chemise tachée – éblouissait le public par son charisme.

Tout le long du spectacle musical qu’elle a conçu en hommage à l’œuvre de son père, Dominique exprime sa personnalité bien à elle, celle d’une femme enjouée mais déterminée, qui s’identifie vitalement à une branche toute svelte et pleine d’énergie qui a jailli de l’arbre-poète en marche que représenta Bernard dans les rues de Montmartre, des années soixante à sa mort en 1981.

Ce sont les cafés, les rues, les gens du quartier qui ont inspiré à Dimey ses plus belles chansons « Parmi les joyeux drilles qui ne sont rien du tout mais qui sont tous quelqu’un ».

Sur scène, elle est toujours la fille de Bernard, la jeune fille si émue d’avoir été accueillie comme un rayon de soleil par Bernard. Alors l’on comprend facilement qu’elle souhaite encore rayonner pour lui et faire entendre sa voix à travers ses chansons qui vibrent merveilleusement.

Au piano, Charles Tois nous enchante par ses sourires complices et les propos de Bernard passent avec bonheur par le timbre de Richard Bohringer.

Le spectacle constitue un poème à part entière intitulé « Père et fille » un poème vivant d’une exquise simplicité que seuls savent interpréter ceux qui rêvent tout haut !

Paris, le 27 Juin 2019

Evelyne Trân

MAYA UNE VOIX – SPECTACLE MUSICAL INSPIRÉ DE LA VIE DE MAYA ANGELO – MISE EN SCÈNE ERIC BOUVRON – MOLIÈRE 2016 POUR » LES CAVALIERS » – AU THÉÂTRE ESSAION 6, RUE PIERRE AU LARD 75004 PARIS – MÉTRO ARTS ET MÉTIERS – HÔTEL DE VILLE DU 28 JUIN AU 27 JUILLET LES VENDREDIS ET SAMEDIS À 21 H 30 –

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?

Interviewde Ursuline KAIRSON et Julie DELAURENTI à l’émission DEUX SOUS DE SCENE sur RADIO LIBERTAIRE 89.4

De Eric Bouvron, Julie Delaurenti, Tiffany Hofstetter, Sharon Mannet, Elisabeth Wautlet

Avec

Ursuline Kairson

Julie Delaurenti ou Sharon Mann

Vanessa Dolmen

Tiffany Hofstetter ou Elisabeth Wautlet

Audrey Mikondo

Musiques originales de Nina Forte

et autres standarts de blues et de Jazz

Elles butinent comme des abeilles autour de la figure de Maya ANGELO. L’image peut paraître un peu facile mais c’est l’impression vertigineuse qui nous vient à l’esprit à propos de ces cinq comédiennes d’origines culturelles différentes (américaines, afro-américaines, africaines et françaises) qui évoquent en chantant l’enfance de cette artiste trop peu connue en France.

Sans micro, sans d’autre instrument de musique que la voix, elles chantent a capella, se déplaçant sur une sorte d’herbier folâtre, inspiré de l’autobiographie de Marguerite Annie Johnson, plus connue sous le nom de Maya ANGELO.

Elle…

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choisir de vivre

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Distribution : De Mathilde Daudet, mise en scène Franck Berthier. Avec Nathalie Mann

Il y a plusieurs nuances de femme comme il y a plusieurs nuances d’homme. Oui, nous avons l’habitude de séparer en deux catégories le genre humain, d’un côté les hommes, de l’autre les femmes. Et pourtant, nous ne passons pas notre vie à traduire en féminin ou en masculin les messages que nous recevons. Peut-on arborer un troisième genre celui de la personne tout simplement libre de choisir son identité suivant ses inclinations,ses affinités ?

Est-il possible de naître avec un attribut sexuel mâle et s’éprouver dans sa tête plus femme qu’homme ? Oui sûrement, d’autant plus que les références à la virilité ou la féminité sont imposées par la société, leur légitimité ne repose que sur l’apparence et cette apparence il faut faire avec puisque c’est elle qui vous délivre votre carte d’identité sociale.

L’histoire…

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LE CABARET DE LA CRISE DE LA COMPAGNIE CANOPEE AU THEATRE DES BARRIQUES 8, rue Ledru Rollin 84000 AVIGNON à 20 H 35, du 5 au 28 Juillet 2019 Relâches : 9, 16, 23 Juillet 2019.

Textes Luigi Cerri
Mise en scène Adèle Frantz, Luigi Cerri
Interprétation Adèle Frantz, Véronique Bret, Luigi Cerri
Costumes et Accessoires Tifenn Deschamps
Photos et Vidéos Anthony Dausseur
Visuel Romain Livio Bernardo
Production
Compagnie Canopée, Ville de Nanterre, Fabrique de Terriens
En partenariat avec
Sciences Po Paris, FORCCAST,
La Ligue de l’Enseignement, Les économistes atterrés,
Les Amis du Monde Diplomatique, S-Composition

La belle équipe du Cabaret en crise opère un recyclage de marque des manchettes d’informations dont nous sommes abreuvés à propos de la crise économique qui serait responsable de toutes nos misères.

 De quoi exercer notre esprit critique ! Les sketchs de Luigi Cerri émanent d’un travail de documentation des artistes à partir d’articles de journaux « publicités, documentaires, ouvrages de sciences économiques et sociales, de sciences naturelles. »

 Avec une insolence bienvenue, ils relèvent les messages subliminaux toujours actifs de nos politiques pour nous parler de la spirale de la dette, la concurrence internationale, érigée en combat de boxe, avec entre autres caricatures, celle d’une ministre de l’écologie alarmée qui appelle à grands cris la croissance avec l’accent de Barbara « Dis qu’en reviendras – tu ?  ou celle d’un slameur « Ne parlez plus d’exploitation, ce serait injuste vis-à-vis de mon patron… Non j’ai mes antidépresseurs … Faites comme moi, aimez votre patron ! »

Tous les sketchs chantés, slamés, mimés ou dansés sont de la même veine croustillante.

 « Si nous n’avons plus que ce mot à la bouche « La crise » pour définir la situation économique mondiale, il existe au moins un remède : le rire salvateur de ce Cabaret de la Crise explosif ! » 

Paris, le 3 Juillet 2019

Evelyne Trân

 

 

 

 

LE ROI NU de Evguéni SCHWARTZ – Mise en scène : Guy Theunissen – Une création des BALADINS DU MIROIR En coproduction avec LA MAISON EPHEMERE et L’ATELIER THEATRE JEAN VILAR – En tournée en 2019 : Namur (Be) – Esplanade de la Citadelle – 1, 2, 3, 4, 7, 8 mai à 20h / Dimanche 5 mai à 16h – Avignon Festival Off -Ile de la Barthelasse, Îlot chapiteaux – 6, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21 juillet à 17h Navette professionnelle depuis le centre ville 20 minutes avant le début du spectacle sur réservation –

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Photo Jean-Pierre ESTOURNET

Le Roi Nu d’Evguéni Schwartz Traduction : André Markowicz (Éditions Les Solitaires Intempestifs) Mise en scène : Guy Theunissen Assistantes mise en scène : Aurélie Trivillin, Tiphaine Van Der Haegen Direction artistique des Baladins du Miroir : Gaspar Leclère

distribution :

Allan Bertin : Henri

Andreas Christou : Chambellan, Premier Ministre, Gendarme

Stéphanie Coppe : La Reine mère, Première demoiselle d’honneur

Joséphine de Surmont : Princesse Henriette

Monique Gelders : Dame de compagnie, Bourgmestre, Valet de chambre

Aurélie Goudaer : Dame de compagnie, Couturière, Musicienne

François Houart : Le Roi nu, Gendarme

Geneviève Knoops : Dame de compagnie, Gouvernante, Chroniqueuse

Diego Lopez-Saez : Christian

David Matarasso : Demoiselle d’honneur, Poète

Virginie Pierre : Ministre des tendres sentiments, Demoiselle d’honneur, Bouffon du roi

Line Adam : Musicienne

Hugo Adam en alternance avec Gauthier Lisein : Musicien

Création musicale : Line Adam

Paroles des chansons : Guy Theunissen

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DOMINIQUE DIMEY : POUR BERNARD. Par Laurent Gharibian

  • Photos Bernard LEGOFF

DOMINIQUE DIMEY : POUR BERNARD. 

Elle se définit elle-même – dans l’ordre – comme auteure, comédienne et chanteuse. Dominique Dimey revendique une
douzaine d’albums et de spectacles construits autour du monde de l’enfance. Sa marraine? Anne Sylvestre. Son combat? La protection des enfants et « leur droit à une planète en bonne santé ». Les images sur You Tube sont édifiantes : elles montrent sa passion de transmettre en chantant pour et avec les  enfants.
Aujourd’hui c’est la comédienne qui s’ exprime en duo ( Charles Tois, pianiste vraiment accompagnateur) dans une
aventure scénique baptisée BERNARD DIMEY PERE ET FILLE UNE INCROYABLE RENCONTRE. L’esprit même de ce
retour à la scène pourrait plutôt se résumer dans une chanson que l’on redécouvre ici. Signée Pierre Bluteau pour la musique et Dominique Dimey pour les paroles, elle a pour nom « Chanson pour Bernard » et figure sur le CD consacré,  en 1993, aux chansons de son père ( label Auvidis / Tempo.).
Le présent spectacle s’articule en trois modules finement entrelacés. Des textes de liaison écrits et restitués avec naturel et pertinence.
Des poèmes. Et des chansons dont les compositeurs respectifs sont Jean Ferrat, Francis Lai, Jean-Claude Pascal, Henri Salvador. Et Charles Aznavour : « Bernard Dimey qui mit sa verve et ses alexandrins au service de la chanson, vit et revit par la voix de ses interprètes « .
Il faut rappeler que Dimey (1931-1981) fut enregistré – de son vivant – par plus d’une centaine d’interprètes venus
d’horizons très divers. Un poète, un écrivain devenu malgré lui auteur de chansons. Un remarquable passeur de ses
propres poèmes – que l’on entendit  sur les scènes de Pleyel et de l’Olympia. Au disque, la modernité de son jeu reste intangible : un modèle rarement égalé s’agissant d’un auteur. 
Après tant d’années de doutes, de questionnements personnels, Dominique Dimey s’est décidée : elle persiste et signe
pour se dévoiler avec franchise – avec pudeur aussi – énonçant rien moins que l’essentiel. Sans voyeurisme. Dès qu’elle
apparaît sous les projecteurs, la comédienne chantante irradie. Oui, il fallait oser franchir le pas pour conter l’épisode rocambolesque de ces retrouvailles entre un père oublieux et sa fille. Un séisme heureux pour chacun des protagonistes. Au théâtre Lepic la géographie des sentiments se superpose historiquement à la géographie de l’inattendu. Aucune équipe de scénaristes n’aurait fait mieux… Il est vrai, la réalisation de ce projet relève aussi du metteur en scène Bruno Laurent. Chapeau bas ! Le charme agit, puissant, mystérieux, troublant et nous réserve de délicats moments d’émotion. L’échange scène/salle s’instaure d’emblée et se trouve renforcé par l’absence de micro. On ressent le souffle du vrai.
On reste captivé par cette artiste au regard lumineux. Comme si tout se créait dans l’instant même. Le solide métier
sans la trace du labeur…En ouverture de soirée, la voix off du poète Bernard Dimey c’est Richard Bohringer, magistral dans « Lorsque mon coeur sera »..
En guise d’au revoir on vit, grâce à cette femme de scène, l’impressionnante suavité de « Syracuse ». Comme une 
évidence, là encore…
De cette rencontre, on ressort nourri, rasséréné : c’est le magnétisme d’une Dominique Dimey vibrante de tendresse. A cet égard, la beauté du bref tableau final est saisissante. Sobrement stylisée, voici l’expression de l’amour dans sa

plénitude. Nul doute, ce spectacle devrait longtemps voyager sous de lointaines latitudes et laisser son empreinte sur bien des paysages humains.
                                                                                                                     Laurent Gharibian


BERNARD DIMEY PERE ET FILLE UNE INCROYABLE RENCONTRE Donné en avant-première le 24 juin 2019 au Théâtre Lepic (ancien Ciné 13 théâtre) Paris 18ème.
Création au Festival Off d’Avignon du 5 au 28 juillet 2019 au THEATRE LE CABESTAN –  11, rue Collège de la Croix. Du

lundi au dimanche à 12 h 00 (relâche le jeudi). Réservations au 04 90 86 11 74.



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Dans le cadre du Festival des Écoles du Théâtre public en partenariat avec le Théâtre de l’Aquarium – Scènes d’adolescent d’après le roman de Fédor Dostoïevski – Mise en scène de Sylvain CREUZEVAULT- Aux Ateliers Berthier,1, rue André Suares, Paris 17e du 26 au 28 Juin 2019 par les comédiens de l’ETSBA, ÉSTBA ÉCOLE SUPÉRIEURE DE THÉÂTRE BORDEAUX – AQUITAINE.

d’après le roman de Fédor Dostoïevski, traduction française André Markowicz (Éd. Actes Sud) – Adaptation et mise en scène Sylvain Creuzevault, artiste associé à l’Odéon-Théâtre de l’Europe avec 14 élèves de la promotion 4 de l’éstba : Louis Benmokhtar, Étienne Bories, Clémence Boucon, Zoé Briau, Marion Cadeau, Garance Degos, Camille Falbriard, Léopold Faurisson, Shanee Krön, Félix Lefebvre, Alexandre Liberati, Léo Namur, Mickaël Pelissier, Prune Ventura accompagnés par Frédéric Leidgens et Sava Lolov.

Écrire la jeunesse.

Dostoïevski est inquiet pour la jeunesse russe bordée par l’athéisme et le rationalisme européen. Il craint que cette jeunesse ne s’abîme et n’emporte avec elle la Russie tout entière. Pour scruter les origines du mal, ses causes, Dostoïevski imagine le récit-confession d’un jeune homme, Arkadi, 19 ans, qui découvre son père naturel, aristocrate ruiné et communard. Arkadi nous raconte douze jours, douze épisodes qui ont changé sa vie au contact de cet homme moitié russe, moitié européen, contradictoire, mystérieux, à la fois bon et mauvais. Arkadi raconte sa transformation progressive. Traversé de désirs opposés, de sentiments nouveaux, tenté par l’idée de devenir Rothschild, il est néanmoins attiré par sa famille qu’il découvre, comme un enfant qui a eu trop froid trop longtemps. Il est comme un nœud qui réunit toutes les tensions possibles. En faisant évoluer Arkadi dans différents milieux sociaux, Dostoïevski peint cette jeunesse anarchiste à laquelle il s’adresse. Il construit une dialectique entre Raison et Foi, entre la génération libérale des pères et une jeunesse dévoyée. Au fond, il veut la sauver, la révéler à ellemême, lui enseigner que l’immortalité de l’âme se forge ici et maintenant… Il pense : notre jeunesse est perdue, avant d’ajouter : elle renaîtra ! Comment l’eau claire combat-elle l’eau trouble ?

Sylvain Creuzevault

Cofondateur du groupe d’Ores et déjà, Sylvain Creuzevault signe sa première mise en scène Les Mains bleues de Larry Tremblay en 2003, puis monte Visage de feu de Marius von Mayenburg en 2005. À l’Odéon, il participe à la création de Fœtus dans le cadre du festival Berthier06, puis met en scène Baal de Brecht. Le Père tralalère, qu’il crée au Théâtre-Studio d’Alfortville en 2007, est repris à La Colline, où Sylvain Creuzevault met en scène en même temps Notre terreur en 2009. Suivent, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, Le Capital et son Singe en 2014 et Angelus Novus AntiFaust, créé au Théâtre National de Strasbourg en 2016. Depuis 2017, il est installé à Eymoutiers en Haute-Vienne, où il transforme d’anciens abattoirs en lieu de théâtre avec le groupe Ajedtes Erod.

L’Adolescent de Dostoïevski, son avant dernier roman, est probablement le plus méconnu. Dostoïevski réussit et c’est un tour de force, à donner la parole à un jeune homme en prise au tourbillon de ses pensées « dans ses premiers pas dans la carrière de la vie ».

Si le contexte peut nous paraitre étranger, celui d’une société russe à la fin du 19ème siècle au bord de l’apoplexie, avant la révolution de 1917, Dostoïevski en tant que projecteur de consciences, nous éblouit par la mise en scène de ses personnages « déréglés » qui défient l’ordre et la morale soulevant l’épée de Damoclès pour finir par donner le bon rôle à ceux qui « souffrent de l’intempérance de leurs cœurs ».

Il n’est pas innocent que le bon rôle échoit à l’adolescent, Arkadi, fils illégitime d’un aristocrate Versilov qui a acheté sa maitresse à un domestique, Makarovitch qui fera figure de saint homme. De cette illégitimité qui constitue une réelle blessure, Arkadi croit pouvoir tirer une énergie de haine fracassante lui permettant d’avancer à couteaux tirés dans la carrière de la vie. Il est finalement adopté par la famille recomposée qu’il découvre grâce à sa sincérité déboulonnante, une espèce de naïveté salutaire qui désarçonne ceux qui se croient déjà enlisés dans l’âge adulte et n’ont plus la légitimité de l’adolescence.

Arkadi incarné par plusieurs comédiens et une comédienne particulièrement frémissante, découvre en son père Versilov interprété par Sava SOLOV, tout à fait saisissant, un homme double, terriblement complexe et chez son père de nom, Marakovitch interprété par Frédéric LEIDGENS également remarquable, un homme d’une humilité déchirante.

L’adaptation de ce roman qui regorge d’intrigues amoureuses avec des personnages féminins contrastés qui vont pour simplifier de la femme soumise à la femme de tête ou la femme fatale, est de la même veine que la précédente adaptation par Creuzevault des « Démons ». Elle impressionne par son inventivité et sa dynamique qui permettent aux jeunes comédiens de l’ETSBA d’incarner avec passion mais aussi avec drôlerie – nous pensons notamment au comédien irrésistible travesti en Françoise Dolto, des personnages qui mettent le feu à la scène avec pour seule batterie leur cœur qui bat à tout rompre.

Cette représentation de l’Adolescent augure de façon exaltante l’entrée en carrière de ces jeunes comédiens désarmants de sincérité et d’intelligence émotionnelle !

Paris, le 1er Juillet 2019

Evelyne Trân