LE PETIT BOUCHER de STANISLAS COTTON – COMPAGNIE L’ESPRIT DE LA FORGE – MISE EN SCENE DE AGNES RENAUD – Avec Marion BOTTOLLIER – AU FESTIVAL OFF D’AVIGNON -11 GILGAMESH BELLEVILLE 11 Bd Raspail 84000 AVIGNON – Du 5 au 26 Juillet 2019 à 13 H 50, salle 3 – Relâches les 10, 17 et 24 –

Photo Alain Julien

Mise en scène Agnès RENAUD
Texte Stanislas COTTON (édité chez Lansman Editeur)
Avec Marion BOTTOLLIER
Chorégraphie Marjory DUPRÉS
Scénographie Anne BOTHUON
Lumières Véronique HEMBERGER
Univers sonore Jean DE ALMEIDA
Costumes et accessoires Lou DELVILLE
Conseil marionnettique Brice COUPEY
Régie Jérémy PICHEREAU

L’enfant qui pousse dans le ventre de sa mère ne tombe pas du ciel. Il est tellement familier de dire d’une femme, elle est tombée enceinte !

Le ventre de la mère, le voilà l’humus, berceau de l’enfant. Chaque ventre a son histoire. Stanislas COTTON dans ce long poème dramatique LE PETIT BOUCHER dirige sa baguette de sourcier, de conteur autour du ventre d’une très jeune fille Félicité qui a été engrossée par le boucher du village à la suite d’un viol.

Comment se remettre d’un viol qui laisse la victime sans voix. Car c’est bien de çà qu’il est question, cette sensation de la victime d’avoir été précipitée dans un précipice dont elle ne peut se relever qu’en morceaux.

Voilà la vie de Félicité qui défile à cent à l’heure avec ses moments joyeux, comme une bouée de sauvetage car elle aime la vie Félicité, car elle serre dans son cœur tout un village et même une forêt où elle s’est réfugiée avec sa famille pour échapper à la guerre.

Elle court à perdre haleine dans sa petite tête alors que son corps est immobilisé à l’hôpital et qu’elle va devoir mettre des mots sur ce qui lui arrive :

L’épouvante laisse dans l’esprit

Un vide sidérant

Au bord duquel funambule la raison

 Quel interlocuteur possible ? Aucun, ses parents l’ont rejetée, Antonin son amoureux est mort, Félicité alors s’adresse à l’enfant dans son ventre qu’elle appelle le petit boucher, pour lui interdire de sortir.  

 Mais il y a cet amour de la vie exacerbé par une émotion extraordinaire, celle viscérale d’avoir échappé à la mort et d’espérer, encore espérer.

 Quels mots peut-on mettre sur ce qui ne peut se dire

 C’est un pays de sensations résolument rattachées à la terre parcourue par une jeune fille à pieds nus, que nous dépeint Stanislas COTTON.

 La metteure en scène Agnès RENAUD, l’a parfaitement compris qui offre à ce poème ardent mais jamais pathétique, un regard plein de douceur qui permet de filtrer comme si nous étions nous-mêmes cet enfant à l’intérieur du ventre, les sensations qu’inspire la présence physique intense de la comédienne, Marion BOTTOLLIER,

 L’équipe artistique s’est bellement inspirée du texte fascinant de Stanislas COTTON, pour exprimer ce qu’il entend communiquer, l’aspect sensoriel d’un seul fil celui qui nous relie à la vie.

 Paris, le 29 Mai 2019

 Evelyne Trân

Jacob Jacob de Valérie Zenatti par la compagnie L’Entêtement Amoureux, Compagnie Didier Bezace – Adaptation et mise en scène Dyssia Loubatière -Création au Théatre-Sénart, Scène Nationale, du 16 au 18 mai 2019. Du 5 au 28 juillet 2019 au Théâtre du Petit Louvre en Avignon à 10h45 (relâche le mercredi).

Photo. D.R.

avec

Florian Choquart

Christiane Cohendy

Jeanne Disson

Assistante à la mise en scène – Sandra Choquet

Scénographie – Simon Vallery

Lumières et régie générale – Léo Thévenon

Son – Pierre Bodeux

Costumes – Cidalia Da Costa

Maquillage – Cécile Kretschmar 

Administratrice – Karinne Méraud

 

Ce n’était pas un Français à part entière parce qu’il était juif et considéré comme indigène sous le régime de Pétain. Cela ne l’a pas empêché d’être arraché à sa terre natale, l’Algérie en 1944, d’être mobilisé pour libérer la France et d’avoir « l’immense honneur d’intégrer l’armé commandée par le général Jean de Lattre de Tassigny » puis d’être fauché à 19 ans lors de la libération de l’Alsace.   

 Cet illustre inconnu, ce grand-oncle que Valérie Zenatti n’a pu connaitre, était prénommé Jacob.

 L’écrivaine a voulu redonner un visage à Jacob parmi tous ces oubliés tombés pour la France, à partir d’une photo et des souvenirs de sa grand-mère. Le roman qu’elle a écrit nous parle de cette mémoire émotive, souterraine, toujours aux abois qui voudrait bien comprendre ce qui la hante, comment elle peut être traversée par le visage d’un inconnu dont l’histoire individuelle ne franchira jamais le bas de page de la grande Histoire.

 Valérie Zenatti raconte tout le parcours de Jacob mais aussi celui de sa mère Rachel qui tente sans succès d’avoir des nouvelles de son fils.

 Dyssia LOUBATIERE, metteure en scène, impressionnée par la force du récit, après une lecture mise en espace présentée à Montélimar le 17 Septembre 2015 à l’Auditorium Petrucciani, a décidé de l’adapter pour une représentation théâtrale.

 Les spectateurs que nous enjoignons à lire le livre, auront l’avantage de voir incarnés sur scène Jabob et Rachel par des comédiens engagés, respectivement, Florian Choquart et Christiane Cohendy, un troisième personnage Louise, l’amour de Jacob étant interprété par Jeanne Disson.

 Que ce désir de transmission puisse porter ces fruits, parce qu’il trace ce que nous avons toujours à l’esprit, un humain quelqu’il soit, n’est pas qu’une goutte de sang invisible dans l’océan des guerres, cette goutte nous en portons tous l’empreinte, il nous appartient de ne pas l’oublier.

 Paris, le 27 Mai 2019

 Evelyne Trân

LA DAME CÉLESTE ET LE DIABLE DÉLICAT De Bérengère Dautun – D’après Claude-Alain Planchon – Au Studio HEBERTOT – 78 bis Boulevard des Batignolles – 75017 Paris – Du 12 avril au 23 juin 2019 Durée : 1h15 – Du jeudi au samedi à 19 Heures, le dimanche à 17 Heures –

Mise en scène de Stéphane Cottin

Avec Bérengère Dautun et Alexis Néret

L’amour n’a pas d’âge ! La fascination que peut exercer sur un jeune homme, une vieille dame, souvenons-nous, nous en avons eu la primeur avec Harold et Maud.

 Bérengère DAUTUN aime les histoires hors du commun et notamment celles qui délivrent des messages subliminaux.

 Le sublime est une affaire de cœur, les poètes, Baudelaire, Mallarmé, Paul Valéry notamment y ont trempé leurs vers.

 Ses apparats aussi précieux soient-ils, réclament que l’on pousse leurs portes pour s’engager dans les couloirs d’une rêverie en quête d’infini, d’absolu ou d’éternité.

 De majestueuses tentures qui semblent dire « l’amour est un temple » accueillent les deux élus, Gilberte, la dame céleste, grande danseuse de l’opéra Garnier, et Claude-Alain, le diable délicat, jeune médecin.

 Bérangère Dautun, toute en mystère, incarne la mante d’amour qu’appelle de ses vœux le jeune diable, transi, interprété par Alexis Néret.

 Ceux qui se moquent du romantisme qu’ils qualifient de désuet, seront privés de la grâce et de la poésie qui traversent tout ce spectacle. Soyons de ceux qui envient Gilberte et Claude-Alain !

Paris, le 24 Mai 2019

Evelyne Trân

ANTIOCHE de Sarah BERTHIAUME – Mise en scène de Martin FAUCHER (Théâtre Bluff) au THEATRE PARIS-VILLETTE 211 Av Jean Jaurès 75019 PARIS – Du 21 au 25 Mai 2019 – Au festival off d’AVIGNON – 11 GILGAMESH BELLEVILLE du 5 au 26 JUILLET 2019 à 16 H 10 –

texte Sarah Berthiaume / mise en scène Martin Faucher / distribution Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau, Mounia Zahzam / scénographie Max-Otto Fauteux / éclairages Alexandre Pilon-Guay / musique originale Michel F. Côté / costumes Denis Lavoie / maquillage et coiffure Angelo Barsetti / vidéo Pierre Laniel / assistance à la mise en scène Emanuelle Kirouac-Sanche / direction technique Karl-Émile Durand et Francis Vaillancourt-Martin

production : Théâtre Bluff, en partenariat avec Le Préau – Centre Dramatique Régional de Vire, Théâtre La Rubrique – Saguenay (Québec) / résidence d’écriture : Théâtre La Rubrique – Saguenay (Québec) / créé en résidence au Théâtre Denise-Pelletier (Montréal)

 

Donnez les mots de Don Diègue à une jeune fille, en remplaçant celui de vieillesse par jeunesse :

 Ô rage ! ô désespoir ! ô jeunesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

pour dégourdir vos sens au sein de ce spectacle « ANTIOCHE » qui avec une joyeuse naïveté déplace l’austère Antigone dans le monde d’aujourd’hui.

Il faut nous fouetter le sang pour imaginer une Antigone bonne vivante et lui prêter le bouillonnement confusionnel d’adolescentes contemporaines.

 « Paroles, paroles » comme la houle d’une mer désenchantée surexcitent les utopies de Jade et Ines, fille et mère qui rêvent d’un ailleurs, symbolisé par Antioche à la frontière de l’orient et l’occident.

 Tempête dans un verre d’eau tant il est illusoire de se hisser au sommet de la vague. Il manque à ces Antigone un opposant frontal. Notre Antigone de l’antiquité pouvait s’appuyer sur la méchanceté de Créon, ici mère et fille au contraire se retrouvent.

Le temps de digérer toutes les belles vipères que nous offre la vie, après avoir fait mine de s’étrangler, restent les souvenirs électriques de quelques illusions, la fierté d’avoir vécu son mai 68 ou d’avoir manifesté sous de multiples banderoles, pour ou contre ce qui mine notre société . Ici et maintenant tel est le slogan le plus approprié !

Avec une belle énergie, les trois comédiennes, Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau, Mounia Zahzam forment un portrait de groupe d’une Antigone contemporaine qui à défaut de nous convaincre, nous touche par sa désarmante jeunesse.

Paris, le 24 Mai 2019

Evelyne Trân

ROMÉO ET JULIETTE DE WILLIAM SHAKESPEARE ADAPTATION ET MISE EN SCENE DE MANON MONTEL AU THEATRE DU LUCERNAIRE – 53 RUE NOTRE DAME DES CHAMPS 75006 PARIS – DU 20 MARS AU 1ER JUIN 2019 DU MARDI AU SAMEDI A 20 H -DIMANCHE A 17 H –

AVEC
XAVIER BERLIOZ (FRÈRE LAURENT)
JEAN-BAPTISTE DES BOSCS ( V I O LO N C E L LE E T T Y BALT )
CLAIRE FAUROT (ACCORDÉON ET LA NOURRICE)
MANON MONTEL (JULIETTE)
LÉO PAGET ( CO M BAT, G U I TA R E E T M E RC U T I O )
THOMAS WILLAIME (ROMÉO)
AS S I S TA NTE M I S E E N S C È N E : ARMANCE GALPIN
CHORÉGRAPHIE : CLAIRE FAUROT
MUSIQUE ORIGINALE : SAMUEL SENÉ
LUMIÈRE : ARNAUD BARRÉ
CO S T U M E S : M A D E L E I N E L H O P I TA L L I E R

 

Le thème des amours interdits est universel. Avant l’heure, Shakespeare en mettant en scène deux adolescents épris d’amour, prêts à braver l’interdit que représente la haine de leurs familles, interroge ces pulsions théorisées par Freud, de vie et de mort, Eros et Thanatos.

 Outre sa dimension romantique et romanesque, la pièce a une portée métaphysique indéniable.

 Dans cette adaptation abrégée, Manon MONTEL « resserre l’action sur les 6 personnages principaux : Juliette, Roméo, Mercutio, Tybalt, la Nourrice et Frère Laurent. » et projette sur Juliette qu’elle interprète elle-même la force irradiante de l’amour.

A travers cette proposition, la personnalité de Juliette éclipse tous les autres personnages, telle une icône féministe prête à braver par amour mais aussi par soif de liberté le carcan patriarcal. Elle ne faiblit pas face aux menaces de son père qui la désavoue. Il y a chez elle, semble-t-il cette même force d’âme d’Antigone qui culmine sous son apparente fragilité physique.

C’est donc une Juliette sortant en flammes du tableau original de Shakespeare qui convoque ces trois muses, la poésie, la musique et la danse pour une récréation très personnelle du mythe. Elle est ce personnage qui court à perdre haleine pour se comprendre et s’entendre à travers une histoire dont finalement ni le début ni la fin ne la contraignent vraiment. Il n’y a de poème que celui de son âme au cœur de ses compositions astrales.

Paris, le 20 Mai 2019

Evelyne Trân

 

LES ORPHELINS DE DENNIS KELLY – MISE EN SCENE DE CAROLINE MARCOS – FESTIVAL OFF AVIGNON – A LA FACTORY – SALLE TOMASI 4, rue Bertrand 84000 – Avignon – – À 11H30 DU 5 AU 28 JUILLET – RELÂCHES : 9, 16, 23 JUILLET –

  • Metteuse en scène : Caroline Marcos
  • Interprète(s) : Augustin Bouchacourt, Maxime Boutéraon, Caroline Marcos
  • Collaborateur artistique : Antonin Chalon
  • Scénographe : Sarah Bazennerye
  • Régisseur : Vivien Lenon
  • Musicienne : Barbara Pravi
  • Musicien : Guillaume Boscaro
  • Chargée de diffusion : Fabienne Rieser
  • Attachée de presse : Sandra Vollant
  • Coproducteur : Fabien Daï-pra, Valentin Synave

 

« Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour protéger les siens ? » Tel est le thème abordé dans cette pièce conçue comme un thriller psychologique mettant en scène un huis clos familial composé d’un couple et du beau frère.

Dans ce huis clos particulièrement dense, le fantasme de l’étranger qui rôde autour du foyer et menace son existence se traduit par l’irruption au milieu du repas du couple d’un jeune homme maculé de sang, le frère d’Hélèn.

Liam joue le rôle de l’intrus susceptible de faire éclater la bulle tissée par sa sœur Hélèn et son beau-frère Danny qui se préparent à la naissance d’un 2ème enfant. Couvert de sang et tenant des propos confus, son comportement suscite des réactions mettant à nu les peurs, les doutes, la communication difficile entre les deux époux. Hélén, d’instinct, se meut en mère protectrice de son frère, sa seule famille. Danny exprime sa distance vis-à-vis de Liam et finira par céder à la volonté d’Hélèn de protéger son frère. Mais la révélation des agissements innommables de Liam provoquera son rejet aussi bien de sa sœur que de Danny.

Recroquevillés sur leur mince bonheur, les personnages d’Hélèn et de Danny ne peuvent entendre l’appel au secours de Liam; le gouffre de son mal être qui l’a conduit à commettre un acte désespéré qu’il ne comprend pas lui-même.

A vrai dire, la conscience de Liam de sa place de « chat mort » dans la société, est trop aiguë pour émaner d’un individu essentiellement psychotique, voire psychopathe.

Nous assistons à un véritable thriller psychologique dans la mesure où le spectateur est suspendu aux réactions d’Hélèn et de Danny, face à un proche qui dévoile une personnalité de plus en plus inquiétante. Les protagonistes donnent l’impression de patauger, en particulier Danny qui ne livre qu’en demi-mesure ses sentiments face à Hélèn toujours dans l’offensive.

L’attention étant focalisée sur les personnages, il est possible de réaliser le manque de regard ou de présence extérieure. Se peut-il que cela soit le monstrueux Liam qui donne un peu d’air à la bulle, oh combien asphyxiante du foyer d’Hélén et de Danny ?

Dans cette pièce, à notre sens, l’auteur fait le procès de la famille, ce lieu clos qui pour parfaire sa bulle semble n’avoir pour option que celle du rejet des membres indésirables. Les liens sacrés de la famille seraient-ils un mythe ? Il en est déjà question dans les tragédies grecques, notamment celle d’Antigone.

Dans « les Orphelins » les personnages ne sont pas des héros. L’auteur scrute leurs défaillances, leur déroute, leur aveuglement qui servent de perche à l’intrus Liam pour les manipuler.

Car en réalité, l’étranger, le fauteur de troubles, se révèle être la victime d’un proche, ce qui renverse complètement la donne. Il est tellement plus facile d’accuser un étranger.

Comment repousser les ombres de nos peurs, de nos fantasmes face à l’inconnu et l’étranger qui servent de bouc émissaire ? Les comédiens ont la lourde tâche de rendre crédible un scénario cauchemardesque.

Une chose est sûre, ils réussissent à tenir en haleine les spectateurs, comme dans un rêve éveillé où les paroles des uns et des autres résonnent dans le silence « monstrueux » de notre inconscient.

Paris, le 18 Mai 2019

Evelyne Trân

Léo et lui – Textes de Léo Ferré – Adaptation de Jean Pétrement – ESSAÏON THEATRE 6, rue Pierre au lard (à l’angle du 24 rue du Renard) 75004 Paris : 28 Mai 2019 à 19h30 ( Métro Hotel de Ville- Rambuteau) et au Festival off d’AVIGNON du 6 au 28 juillet à 17h15 – Théâtre des Corps Saints – 76 Place des Corps Saints, 84000 Avignon –

  • Metteuse en scène : Lucile Pétrement

  • Interprète(s) : Léonard Stéfanica, Jean Pétrement

  • Lumière : Luc Degassart

  • Scénographie : P Linderme

  • Ci-dessous podcast émission DEUX SOUS DE SCENE sur Radio Libertaire 89.4 du 25 Mai 2019 avec pour invité Jean PETREMENT .
Emission DEUX SOUS DE SCENE RADIO LIBERTAIRE 89.4 du 25 Mai 2019

 

LE ROI NU de Evguéni SCHWARTZ – Mise en scène : Guy Theunissen – Une création des BALADINS DU MIROIR En coproduction avec LA MAISON EPHEMERE et L’ATELIER THEATRE JEAN VILAR – En tournée en 2019 : Namur (Be) – Esplanade de la Citadelle – 1, 2, 3, 4, 7, 8 mai à 20h / Dimanche 5 mai à 16h – Avignon Festival Off -Ile de la Barthelasse, Îlot chapiteaux – 6, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 21 juillet à 17h Navette professionnelle depuis le centre ville 20 minutes avant le début du spectacle sur réservation –

 

Photo Jean-Pierre ESTOURNET

Le Roi Nu d’Evguéni Schwartz Traduction : André Markowicz (Éditions Les Solitaires Intempestifs) Mise en scène : Guy Theunissen Assistantes mise en scène : Aurélie Trivillin, Tiphaine Van Der Haegen Direction artistique des Baladins du Miroir : Gaspar Leclère

distribution :

Allan Bertin : Henri

Andreas Christou : Chambellan, Premier Ministre, Gendarme

Stéphanie Coppe : La Reine mère, Première demoiselle d’honneur

Joséphine de Surmont : Princesse Henriette

Monique Gelders : Dame de compagnie, Bourgmestre, Valet de chambre

Aurélie Goudaer : Dame de compagnie, Couturière, Musicienne

François Houart : Le Roi nu, Gendarme

Geneviève Knoops : Dame de compagnie, Gouvernante, Chroniqueuse

Diego Lopez-Saez : Christian

David Matarasso : Demoiselle d’honneur, Poète

Virginie Pierre : Ministre des tendres sentiments, Demoiselle d’honneur, Bouffon du roi

Line Adam : Musicienne

Hugo Adam en alternance avec Gauthier Lisein : Musicien

Création musicale : Line Adam

Paroles des chansons : Guy Theunissen

Création lumière : Laurent Kaye

Scénographie : Michel Suppes

Construction des décors : Michel Suppes assisté de Xavier Decoux, Ananda Murinni, Adrien Dotremont et Antoine Van Rolleghem

Chorégraphie : Sylvie Planche

Costumes : Françoise Van Thienen et Marie Nils avec l’aide de Margaux Vandervelden, Sylvie Van Loo, Aline Deheyn et Annick Leroy

Maquillages : Djennifer Merdjan

Régie son : Antoine Van Rolleghem Régie lumière : Ananda Murinni

Production exécutive : Claire Renaudin / Maison éphémère

Diffusion : Les Baladins du Miroir

Remerciements : Serge Simon.

C’est en 1933 qu’Evguéni SCHWARTZ, auteur russe de contes et pièces de théâtre pour enfants, écrivit sa première pièce pour adultes le Roi nu à la demande d’un jeune metteur en scène Nikolai Akimov qui souhaitait produire une sorte de théâtre synthétique où « L’art de l’acteur, la musique, le ballet et le cirque devaient se combiner ».

Cette pièce interdite par la censure jusqu’en 1960 rencontrera un énorme succès à sa création au Théâtre Sovremennik de Moscou.

Elle fait figure d’une caverne d’Alibaba pour les metteurs en scène éblouis par la plume à la fois ludique, subversive et comique d’Evgueni SCHWARTZ, résolument libre penseur qui prend un malin plaisir à laisser dire à ses personnages tout ce qui leur passe par la tête, avant de les soumettre au plongeon final, au sauve-qui-peut face à ce Roi nu ridicule que personne n’ose démasquer.

C’est tout à un inconscient collectif que l’auteur donne un coup de bélier. Au-delà de la farce qui réunit la matière de 3 contes célèbres d’Andersen, La Princesse au petit poisLe Garçon porcher et Les Habits neufs de l’empereur, le message politique contre la dictature d’Hitler en Allemagne et par extension à toutes les dictatures, est très clair. L’auteur dénonce déjà par la voix d’un cuisinier en manque d’un livre de cuisine, les autodafés des livres. Il dénonce la guerre, la militarisation des pays, l’incompétence des gouvernants, le roi et ses ministres. En somme, il tient des propos tout à fait libertaires !

Sous le chapiteau des Baladins du miroir, les personnages du Roi nu semblent s’être échappés d’un conte ubuesque où se côtoient des artistes complets à la fois danseurs, comédiens, circassiens, musiciens, chanteurs, tous réunis pour faire sa fête au Roi nu, un pitoyable imposteur.

Dans la mise en scène de Guy THEUNISSEN délibérément festive et bon enfant, les scènes cocasses s’enchaînent dans un rythme musical  pop-rock endiablé et jusqu’au bout, nous ignorons le noyau explosif sous la farce qui libère au final une vraie émotion, un électrochoc salutaire.

Qu’il soit possible de se divertir et de réfléchir à la fois, tel est l’enjeu de Molière, tel est aussi celui de Evgueni Schwartz, un défi relevé avec maestria par les Baladins du miroir, époustouflants !

Paris, le 14 Mai 2019

Evelyne Trân

UN GARÇON D’ITALIE D’après Philippe Besson – Mise en scène Mathieu Touzé au THEATRE DE BELLEVILLE – 94 rue du Faubourg du Temple 75011 PARIS -Du 5 Mai au 28/05 2019 – Lun. > 19h Mar. > 21h15 Dim. > 17h30 –

Photo Christophe Raynaud de Lage

D’après Philippe Besson

Mise en scène Mathieu Touzé

Avec Estelle N’Tsendé, Mathieu Touzé, Yuming Hey

Création lumière Renaud Lagier

Soutiens Théâtre Ouvert, Théâtre Montansier de Versailles, Département de l’Essonne

Administration Sabine Aznar

Diffusion Anne-Sophie Bonnichon Boulan

Le texte Un Garçon d’Italie de Philippe Besson est édité aux éditions Julliard.

Adaptée du roman éponyme de Philippe BESSON, la pièce a la facture d’un poème intime porté par trois voix qui témoignent d’une certaine façon que l’amour est plus fort que la mort.

 Luca, l’homme qui vient de mourir ne se trouve t-il pas de l’autre côté du miroir ? La communication est interrompue entre cet homme et ses deux foyers affectifs, sa compagne et son amant.

 Luca a entretenu des relations passionnées avec Anna sa compagne et son amant Léo. Si Léo avait connaissance de l’existence d’Anna, cette dernière ignorait celle de Léo. La mort brutale de Luca va conduire Anna et Léo à se rencontrer, ce que de son vivant, Luca n’avait pas encore envisagé.

 Il s’agit d’un poème car l’instant présent de la mort est cristallisé à l’extrême. Comment réaliser que l’on puisse être séparé de l’autre dont on est encore plein par un événement aussi brutal que la mort. Nous voici au cœur du mythe d’Orphée et Eurydice avec des personnages d’aujourd’hui.

 Luca nous apparaît comme un rêveur qui aimait pouvoir se promener entre deux rives, celles incarnées par Anna et Léo. Mais avait-il vraiment envie de les réunir sinon dans son espace intérieur ? Et si la mort n’était-elle pas un moyen pour le rêveur Luca d’échapper à cette couture de la réalité qui ne permet pas d’aimer plusieurs êtres à la fois sans créer le trouble. Luca rêve donc qu’il est mort.

 Cette pièce résonne aussi comme une invitation à l’introspection pour se saisir soi à travers la présence d’un autre dans une sorte de sentiment d’urgence lorsque cet autre vient de mourir.

 Luca représente pour Léo et Anna la personne aimante, celle qui vous reconnait, vous révèle à vous-même, vous arrache en quelque sorte à l’indifférence, au néant.

 Il n’y a pas de commune mesure entre les sentiments de Luca et Anna et la froide réalité qui ne repose que sur des aspects matériels, l’enquête sur la mort de Luca, son autopsie et même la description par Luca lui-même de son corps qui se décompose. Mais les personnages semblent vouloir l’assumer cette réalité qui concrétise cette frontière entre la vie et la mort et qui ne devient jamais aussi parlante que dans les rêves. Si Luca semble avoir cultivé le mystère c‘est parce qu’il est inhérent au désir.

 Au théâtre, c’est la chair tourmentée qui parle et on l’entend chez Yuming Hey et Estelle N’Tsendé, interprètes saisissants de Léo et Anna. L’absence de décor profite à l’atmosphère onirique du spectacle et la troublante apparition de Luca, Mathieu Touzé évoque sensiblement ce flâneur des deux rives, Apollinaire.

 C’est beau, cela résonne comme une déclaration d’amour inexpugnable !

 Paris, le 13 Mai 2019

 Evelyne Trân

SACRÉ, SUCRÉ, SALÉ – texte, conception et jeu Stéphanie Schwartzbrod au Théâtre de la Reine Blanche 2 Bis Passage Ruelle 75018 PARIS – du 22 mai au 23 juin 2019 – Les mercredis, vendredis et dimanches à 20 H 45 –

VOIR LE TEASER

Stéphanie SCHWARTZBROD était l’invitée de l’émission DEUX SOUS DE SCENE sur RADIO LIBERTAIRE 89.4, le samedi 8 Juin 2019 pour le livre LA CUISINE DE L’EXIL paru aux Editions ACTES SUD
Ci-dessous podscat émission DEUX SOUS DE SCENE sur Radio Libertaire du 8 Juin 2019

texte, conception et jeu Stéphanie Schwartzbrod
avec des extraits de Gabbatha de Fabrice Hadjadj et Le repas de Valère Novarina

mise en scène Stéphanie Schwartzbrod et Nicolas Struve

collaboration artistique Michel-Olivier Michel, lumière Antoine Duris,  administration Danièle Gironès, diffusion Emma Cros

Bourlinguer, bourlinguer à travers quelques recettes de cuisine originaires de cultes ou traditions religieuses aussi bien judaïques, chrétiennes que musulmanes, c’est le pari de Stéphanie SCHWARTZBROD qui n’entend pas faire acte de prosélytisme , mais plutôt d’exploratrice des secrets d’histoire, de mythes ou de légendes qui accompagnent certains plats lors de fêtes religieuses.

On les appelle païennes, les fêtes qui célèbrent plusieurs dieux, et tout simplement religieuses celles qui ont pour origine les croyances monothéistes.

Le spectacle de Stéphanie SCHWARTZBROD s’adresse aussi bien aux croyants qu’aux athées, parce qu’il n’est pas besoin d’être adeptes d’une quelconque religion pour croire à quelque chose .

Stéphanie SCHWARTZBROD croit aux vertus et aux pouvoirs des aliments que les hommes depuis la préhistoire associent à leur vie quotidienne, à la médecine, aux joies de vivre.

Que certaines recettes aient traversé l’histoire, qu’elles se soient attachées à quelques événements historiques marqués par les religions monothéistes, est révélateur des rapports à vrai dire complexes que l’espèce humaine entretient avec la nourriture.

Parce que l’être humain, nous dit-elle, cherche à donner un sens aux aliments comme si, de tout temps confronté à cette transformation de l’aliment en excrément, il voulait conjurer cette réalité peu valorisante.

C’est donc transformée en cuisinière que Stéphanie SCHWARTZBROD devient conteuse à travers un inventaire de quelques recettes qui frappent l’aile du calendrier comme autant de signaux culinaires affectifs.

C’est le manger ensemble que célèbre cette cuisinière. N’oublions pas que les ancêtres des religions monothéistes avaient leurs Dieux, et notamment Dionysos.

Il semble bien s’être invité au spectacle de Stéphanie SCHWARTZBROD, lui avoir insufflé sa gaîté, son exubérance, son sens de la convivialité.

En véritable bateleuse, elle fait le compliment de multiples plats de fêtes, nourris d’histoires et de légendes tandis que s’échappe le fumet de la chorba qui cuit sur scène tout le long de son spectacle.

Des recettes ensorcelantes ? C’est bien possible, mais oui, nous n’avons pas besoin de nous dire musulmans pour apprécier la chorba. Ne nous voilons pas le gosier nous dit Stéphanie SCHWARTZBROD, sachons goûter la nourriture pour ce qu’elle est, un outil récréatif du palais, prosaïque et pourquoi pas spirituel !

Paris, le 26 Mars 2016

Mis à jour le 8 Mai 2019                  Evelyne Trân