EN QUETE de Jaques DUTOIT- Documentaire – France-Suisse /2018/couleur/1h 05, inédit avec Marguerite BERTONI – Rencontre projection exceptionnelle sur invitation, le 26 mai 2018 à 16h au 7 Parnassiens –

Conception, réalisation et coproduction Jaques DUTOIT

Image Jaques DUTOIT

Assistante caméra Barbara CASPARY

Son Barbara CASPARY et Robin GORGET

Montage et image son Barbara CASPARY (LMA)

Etalonnage Herbert POSCH

Bruitage Agathe COURTIN

Mixage Florence HERMITTE Ame et son

Postproduction Vidéo de poche Paris

Musiques originales :

Reginella Campagnole – Chant populaire des Abruzzes 1938 –

Tambours amérindiens

Extraits de Rise and fall de Lisa Morrison : guitare

Giovanni Semeraro : flûte

Musiques additionnelles : Extraits de Célébration (recherche célébration)

La voie du Tambour ( Tambour chant d’eau)

Communion (Rêve de flûte) – musiques interprétées, composées, arrangées par Loup Blanc – Nouvelles réalités 2005

Circusmusik de Georg Pommer  – Edtion Roncalli –

Three Little Pierrots UBM 1999

« Artiste pluridisciplinaire, performeuse, poétesse, clown, comédienne… Marguerite Bertoni est en continuelle recherche d’elle même.

Le film s’attache à saisir les différentes facettes de cette quête centrée essentiellement sur l’intuition et la spiritualité. À partir d’un retour de Marguerite à ses origines familiales italiennes, En quête rythmé par des photos qui jalonnent son parcours, évolue jusqu’à une fusion finale avec la nature au coeur d’un labyrinthe de verdure. »

 

De stature menue et discrète Jaques DUTOIT aime bien se fondre dans l’invisible, parmi toutes ces choses qui ne parlent pas et sont pourtant infiniment présentes.

 Le film qu’il a consacré à Marguerite BERTONI répond à sa quête de paysage intime.

 Libérer le regard, l’éprouver comme un petit animal curieux et vif, mais savoir se faire oublier aussi pour accompagner la vedette du film.

 Caméra au poing, Jaques DUTOIT a filmé pendant plus de quarante heures, environ 5 mois, dans plusieurs lieux, Marguerite BERTONI, une artiste atypique, pluridisciplinaire, performeuse, poétesse, clown, comédienne, un vrai personnage qu’il dit « un rien sauvage, un rien électron libre ».

 La nature a offert à Marguerite un visage particulièrement expressif, un de ces visages qui grimpe, aux traits accusés, lèvres gourmandes, nez pointu, qu’elle doit à son père, émigré italien de la région d’Emilie-Romagne.

Elle fait penser à une figure de la commedia dell’arte, un Arlequin féminin, moderne, qui trouve ses couleurs dans la nature mème. Comme dans un poème de Victor Hugo, les arbres qui la voient passer se penchent, les fleurs rougissent, c’est toute une faune qui semble s’émouvoir à son approche.

 Quelles pensées animent Marguerite ? Elle nous répond dans le langage des fleurs  : « Vibration, c’est tout sauf de la pensée… Si le verbe s’est fait chair c’est parce qu’il est insuffisant d’écrire ».

 C’est évident, sa vitalité est force poétique. Nous n’avons vu le film qu’une fois et pourtant certaines scènes restent incrustées dans la mémoire.

 Celle où nous la voyons au cimetière arroser en chantant une pierre tombale, celle où clown sur le trottoir, elle s’entretient avec des enfants, ou encore celle de sa rencontre à l’improviste avec un réfugié de Villeneuve St Georges dont la béquille évoque aussitôt pour elle, l’arcane 22 du Mat du tarot de Marseille.

 Cette brassée de sensations à la fois familières et quelque peu magiques bénéficie d’un accompagnement musical très riche où les résonances de la guitare folk, de la flûte, du tambour se mêlent au chant des oiseaux, au bruissement d’avions dans le ciel.

 De toute évidence, l’excellente monteuse Barbara CASPARY et Jaques DUTOIT se sont laissés guider par cette prêtresse de charme offrant à ce visage qu’on n’oublie pas, sa dimension romanesque, celle d’une aventurière artistique, certes très mouvementée mais également très réceptive. Sa pierre de touche humble et poétique exige l’inspiration bien au-delà du faire ou du vouloir…

A travers Marguerite BERTONI dont les propos vont bien au-delà de sa propre personne, ce film constitue un bel hommage à la vie d’artiste, confirmant une fois de plus le talent de portraitiste de Jaques DUTOIT, promeneur infatigable et avisé, chef d’orchestre de toutes ces caresses indociles qui forgent l’âme du poète !

 Paris, le 30 Avril 2018

Mis à jour le 20 Mai 2018

 Evelyne Trân

UN RICHE, TROIS PAUVRES de Louis CALAFERTE – Mise en scène de Clio VAN DE WALLE – Au Cine13-Theatre-Paris – 1 Avenue Junot PARIS – du 11 AVRIL AU 6 MAI 2018 – RÉSERVATION : 01 42 54 15 12 – Mercredi et vendredi à 21 Heures, jeudi et samedi à 19 Heures – Dimanche à 18 Heures –

Distribution

  • avec Tamara Al Saadi, Ismaël Tifouche Nieto, Omar Mebrouk, Laura Mello, Charlotte Bigeard, Geoffrey Mohrmann en alternance avec Sam Giuranna.
  • Assistante à la mise en scène Charlotte Bigeard – Maquillage Emmanuelle Gendrot ( création) Clara Madronet et Emma Mangin – Coiffeur perruquier Alain Barnasson – Création lumières Michael Bouey – Vidéo Jean-Briac d’Augustin et Guillaume Perinelle –  Traduction Langue des signes française Ludovic Ducasse – Création affiche Benjamin Lemoigne

Dans le cadre de la semaine extra du festival NEST – JOURS RADIEUX de Jean-Marie PIEMME au Théâtre de Thionville, petite salle – Lundi 16 Avril 2018 à 20H et Mercredi 18 Avril 2018 à 10 Heures –

Photo A.Piemme

création

Compagnie Impakt

texte
Jean-Marie Piemme
conception et mise en scène
Fabrice Schillaci
scénographie
Johanna et Johan Daenen
costumes
Marie-Hélène Balau
création lumières

Renaud Minet

avec

Joëlle Franco, Élisabeth Karlik et Stéphane Vincent

 Présentée dans le cadre de la semaine extra du festival NEST, 4ème édition, la création de JOURS RADIEUX, une pièce de Jean-Marie PIEMME, nous conte, sous la couleur d’une farce, le cauchemar d’une famille de blonds, emportée par la houle d’un parti extrémiste.

 Leur pavillon est une maison de poupée, leurs mines confites sont celles de personnages de Playmobil, ils sont propres et jolis, espèrent se croire à l’abri dans leur coquille de rêve, mais leurs antennes, hélas, leur rapportent chaque jour les dangers qui les menacent de l’extérieur.

 Odieusement grotesques, ils croient jouir de leur supériorité de petits riches qui n’a pour mot d’ordre que leur confort et leur tranquillité.

 Il suffit, rendez-vous compte, que Madame oublie de faire le dîner pour que Monsieur croit voir son monde s’écrouler. Comme ces braves gens sont démunis face à la peste qui règne à l’extérieur !  Même leurs oraisons politiques à propos, par exemple, de la néfaste obésité des pauvres à ne pas confondre avec celle des riches, ne suffisent pas à balayer leurs peurs.

 Alors lorsque la fille leur parle d’un parti providentiel capable de remettre de l’ordre dans le pays, ils se jettent de bonheur dans ses bras.

 L’auteur Jean-Marie PIEMME semble avoir enfilé les bottes de sept lieues d’un conte narquois, particulièrement impitoyable pour les dindons de la farce. Qui ne se souvient du château de la belle au bois dormant et du conte des trois petits cochons.

 Ces réminiscences enchantées déboulent sur les têtes des personnages pris au piège de leur sinistre bêtise et effarante naïveté.

Les comédiens épatants et le metteur en scène Fabrice Schillaci font bouillir la marmite de cette bouffonnade particulièrement épicée, on croit y reconnaître la sauce Ionesco, les dessins animés de Walt Disney, avant l’explosion finale qui ne peut que nous éclabousser !

 Paris, le 28 Avril 2018

 Evelyne Trân

PATRICK ET SES FANTOMES – SPECTACLE MUSICAL AU CASINO DE PARIS – 16 RUE DE CLICHY 75009 PARIS – DU 17 AVRIL AU 23 MAI 2018 –

Avec

Patrick Poivre d’Arvor Patrick
Vincent BilodeauBach
André RobitailleMozart
Sylvain MasséBeethoven
Gilbert Lachance : Érik Satie

Equipe artistique :

Texte : Normand Chaurette
Mise en scène : Normand Chouinard
Direction Musicale : Jean-Pascal Hamelin
Idée originale : Jean-Claude Dumesnil
Production Octave Inc.

Voilà qui est amusant, nos oreilles viennent de siffler, à l’annonce d’une rencontre avec ces stars de la musique classique, Bach, Mozart, Beethoven, Satie.

Nous pensons aussitôt que c’est une occasion unique de les approcher théâtralement et musicalement puisque, avouons-le, notre culture musicale laisse à désirer,

 Il n’est pas besoin d’être musicien soi-même pour s’éprouver ému tout simplement par quelques airs du patrimoine musical.

 Normand CHAURETTE, l’auteur du spectacle, l’a bien compris qui orchestre avec humour l’imaginaire du public.

 Autant en emporte la musique ! Que Bach, Mozart, Beethoven, Satie puissent se rejoindre, juste au niveau d de l’oreille, en ripostant contre l’infamante contrainte temporelle.

 Et pas seulement, nous assistons à des joutes musicales, fiévreuses qui nous éclairent sur la différence des tempéraments des uns et des autres. Mais tous s’admirent, se recherchent, se guettent.

 Du coq à l’âme musicale et oui ! L’orchestre mené par Jean-Pascal HAMELIN obéit à la baguette aux exhortations parfois contraires des quatre personnages.

 Sobrement, Patrick Poivre d’Arvor incarne l’hôte bienveillant qui a charge de tempérer l’atmosphère en pleine ébullition musicale.

 Les quatre stars qui ne se sont jamais rencontré de leur vivant, sont manifestement heureux ou curieux de se découvrir. Leurs échanges sont souvent cocasses et épidermiques.

 Qui a dit que la musique classique était parfois ennuyeuse. Les quatre comédiens trépidants, venus du Québec, qui incarnent Bach, Mozart, Beethoven, Satie, se font fort de faire mentir une telle assertion. Les réminiscences musicales s’emballent … Qui donc a écrit cette mélodie, cette symphonie, cette cantate ? Un effluve d’airs connus joue à cache-cache avec notre mémoire.

 A tous points de vue voilà un spectacle attrayant capable de réconcilier avec la musique classique, les plus récalcitrants. Non, ces stars ne sont pas des fantômes, elles débordent de vie dans cette joyeuse aventure musico-théâtrale.

 Qui a rêvé de voir Beethoven et Éric Satie jouer à quatre mains du piano ! il faut le voir pour le croire.

 Vraiment un spectacle tout public qui donne une pêche musicale à toute épreuve !

 Paris, le 26 Avril 2018

 Evelyne Trân

 

JUSTE LA FIN DU MONDE de Jean-Luc Lagarce mise en scène Jean-Charles Mouveaux au STUDIO HEBERT0T – 78 Bis Bd des Batignolles 75017 PARIS – Du 26 AVRIL AU 30 JUIN 2018 du jeudi au samedi à 21 Heures –

Distribution

DEPENDANCES de Charif Ghattas – Mise en scène de Charif Ghattas – Au studio HEBERTOT – 78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris – DU 19 AU 29 AVRIL 2018 – Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h –

 

Avec Francis Lombrail et ‎Thibault de Montalembert

Ils se toisent sans se comprendre et pourtant ils sont frères. L’un affiche sa dégaine d’entrepreneur battant qui sait mouiller sa chemise, l’autre plus frêle a la mine du bourgeois frileux, toujours sur ses gardes. En résumé l’un est extraverti, l’autre plutôt introverti.

 Une affaire de succession les réunit dans le vieil appartement qu’ils ont quitté une vingtaine d’années auparavant. Ils attendent le 3ème frère Carl qui est en retard.

 Cette 3ème personne absente est à l’évidence au centre de la pièce. Parler d’elle, permet paradoxalement aux frères de meubler le vide qui les sépare.

 Faire face au vide et comment ? Les frères n’ont pas grand-chose à se dire, viscéralement étrangers l’un à l’autre, ils ont pourtant quelque chose en commun, une histoire d’enfance qui les dévisage d’une certaine façon à travers les murs de cet appartement.

 L’attente de ce frère qui ne viendra pas, représente le temps qu’il faudra aux deux protagonistes pour se retrouver à travers un sentiment de fraternité refoulé mais réel.

 Pour saisir ce sentiment de fraternité, l’auteur opère une suspension de temps que seule la situation de l’attente peut créer.

 Les deux frères Tobias et Henri se disputent pour des peccadilles. L’un fume, l’autre a décidé d’arrêter. Or ce qui apparaît comme une peccadille est déjà révélateur du choix de vie de chacun d’eux, de leur différence caractérielle.  

 Le dialogue entre les personnages se déploie comme une toile apparemment vide mais rapidement investie par leurs nerfs dont les terminaisons vont se rapprocher   progressivement, lentement, jusqu’’à produire l’étincelle.

 Ce huis clos entre deux frères entend ouvrir une page, celle qui est occultée par la vie courante, elle fait signe tel un vieux mouchoir de l’enfance incrusté de morve, qui vu de loin bien sûr ne forme qu’une tache blanche, mais de près peut exhaler des souvenirs aussi inestimables  que terribles.

 Confrontés au vide, à la mort, puisqu’en face du logement, il y a la mère au cimetière, Tobias et Henri prennent conscience que l’essentiel de leur existence, le plus précieux, c’est probablement l’amour fraternel qui les unit quoiqu’ils disent, quoiqu’ils fassent.

 Il s’agit d’une partition de haut vol que le talent des deux interprètes avec Francis Lombrail et ‎Thibault de Montalembert met particulièrement en valeur. Ils sont remarquables !

 Paris, le 26 Avril 2018

 Evelyne Trân

AU DELA DES MÈRES – Solo théâtral et philosophique de Michelle Brûlé le 20 Avril à la Maison des Métallos – 94, rue Jean-Pierre Timbaud PARIS – Puis au Festival d’Avignon du 6 au 29 Juillet à 14 H 20 au Théâtre AU BOUT LA BAS –

Ecrit par Michelle Brûlé

Mis en scène par Chantal Deruaz

Interprété par Michelle Brûlé

Collaboration artistique : Denis Malbos

Lumières : Stéphane Deschamps

Un cordon ombilical les relie toutes, fille, mère, grand-mère etc…

 Et puis ce cordon devient une idée, une immense canne à pêche suspendue au-dessus d’une mare à histoires.

 Celle qui parle est une sorcière, une magicienne, une voyante. Elle a cent ans et elle est grosse, grosse c’est-à-dire enceinte. S’avise-t-elle de parler au nom de toutes les femmes ?

 Simone de Beauvoir avait peut -être oublié ce plaisir d’enfiler des perles, fille, mère, grand-mère… Pourquoi naitre femme ne serait-il pas un bonheur ?

 Une femme accouche d’une femme et ainsi de suite. Elle n’est jamais la même, voilà qui est fantastique.  Dans sa boule de cristal, la sorcière fait de l’échographie, elle devient sourcière, elle philosophe à bâtons rompus toujours chevillée au sentiment qu’elle va mettre au monde un enfant.

 Cela la travaille tellement qu’elle fait tomber le masque. Cela signifie qu’elle a accouché d’elle-même et qu’elle va devoir s’assumer à visage ouvert, pour elle-même, pour les autres et notamment sa fille.

 En soi c’est un exploit ! Car elle n’a pas oublié combien de femmes se sont penchées au bord de son nombril, cicatrice géante d’une lignée bordée de secrets de famille, d’oublis.

 La sorcière vient d’accoucher d’une mère qui s’inquiète pour sa fille :

 « Et moi qui n’en ai jamais parlé à ma fille, elle va devoir vivre avec ce secret de famille, cette faute d’ancêtre, toute sa vie elle va rater ses études, sa vie amoureuse …Puis transférer sur ses propres enfants le manque et la culpabilité et ainsi de suite de générations en générations jusqu’à la fin des temps … Vite vite il faut briser cette chaine infernale il faut absolument que je lui parle« 

 Sa fille lui répond qu’elle est une jolie fleur indépendante. Elle a coupé le cordon ombilical au grand désarroi de sa mère.  Les perles du collier de mémoire se sont répandues, éparpillées dans la nuit des temps. Faut-il que l’actrice rêve encore d’entrer dans la ronde des filles, mères, grand-mères et arrière grand-mères.

 Sûrement, sans elles, il n’y aurait pas d’histoires, pas de chimères, ni d’éventail pour se rafraichir le visage.

 Un éventail à plusieurs voix qui grise avec humour et délicatesse, l’actrice et auteure  Michelle Brûlé, bouleversante !

 Paris, le 24 Avril 2018

Evelyne Trân

 

 

 

Dans le cadre de la semaine extra du festival NEST, 4ème édition LONGUEURS D’ONDES, HISTOIRE D’UNE RADIO LIBRE – Création, mise en scène par Bérangère VANTUSSO du 14 au 18 Avril 2018 au Théâtre en bois de THIONVILLE et dans les lycées CHARLEMAGNE, Hélène BOUCHER, COLBERT de THIONVILLE.

Photo Jean-Marc LOBBE
DISTRIBUTION

mise en scène

Bérangère Vantusso

mise en images Paul Cox – collaboration artistique Guillaume Gilliet – scénographie Cerise Guyon –  lumières Jean-Yves Courcoux –

avec Hugues de la Salle, Marie-France Roland

 

La population de LONGWY se souvient encore de cette tornade radiophonique inattendue qui lui a permis en 1979, lors de l’effondrement du secteur sidérurgique, de prendre la parole.

 A l’époque, les radios libres n’existaient pas, créée par la CGT, la radio pirate LORRAINE COEUR D’ACIER, s’affranchit rapidement des  rênes du syndicat, pour devenir avant la lettre une radio libre, sans publicité, ouverte à tous les témoignages, en dehors de toute organisation politique.

 Cette radio ne vécut que seize mois, elle fût lâchée par la CGT qui licencia les journalistes, et cessa d’émettre faute d’argent.

 Mais cette fièvre extraordinaire qui a envahi le bassin de la Lorraine, est restée dans les mémoires, comme quelque chose d’unique, d’impensable, une fantastique aventure humaine.

 Quarante ans déjà ! Bérangère VANTUSSO entend rapporter aux jeunes d’aujourd’hui, comme une véritable conquête, l’investissement de toute une population dans la création d’une radio pirate telle que LORRAINE CŒUR D’ACIER.

 C’est aussi leur histoire à ces jeunes qui pour la plupart ont tous des parents ou grands-parents ayant vécu l’évènement.

 Pièce maitresse du spectacle, la radio LORRAINE COEUR D’ACIER peut être écoutée à partir d’enregistrements d’archives, dans une salle de classe où deux comédiens se font fort d’interpréter in vivo, les orateurs et oratrices les plus virulents.

 

Photo Jean-Marc LOBBE

Du mouvement, toujours du mouvement, celui-ci traverse un théâtre en bois inspiré du Kamishibaï, un art du conte japonais qui permet aux conteurs de sortir de leurs trappes toutes sortes d’images événementielles réalisées par Paul COX, qui se poussent les unes, les autres, se superposent, s’entrechoquent, se télescopent.

 Petite bulle effervescente, le spectacle mis en scène par Bérangère VANTUSSO, est de nature à éberluer les oreilles des adolescents, et également à faire sauter les boules quies des adultes, heureux de pouvoir se rafraichir la mémoire à si belle antenne !

 Paris, le 23 Avril 2018

 Evelyne Trân

LADY MACBETH – SCENES DE MARIAGE de Michele de Vita CONTI – Mise en scène de Michele de Vita CONTI – avec Maria Alberta NAVELLO au THEATRE DE L’EPEE DE BOIS – CARTOUCHERIE DE VINCENNES – Route du Champ de Manœuvre 75012 PARIS – Du 16 au 21 Avril 2018 –

 

Un projet de  Michele de Vita Conti et Gian Manuel Rau
Texte  et mise en scène Michele de Vita Conti
Traduction Myriam Tanant
Avec Maria Alberta Navello
Costumes Brigida Sacerdoti
Lumières Mauro panizza
Scénographie Lucia Menegazzo
Production Fondazione Teatro Piemonte Europa

Il faut bien qu’elle résonne terriblement dans la conscience, l’image de cette femme qui frotte misérablement ses mains tachées de sang. Parce que ce sang une femme peut l’associer aussi bien à celui des menstruations qui découlent du vagin, à celui versé lors de l’accouchement qu’à celui d’un crime.

 Et Shakespeare nous le dit à travers le personnage de Lady Macbeth :

 « Venez, venez, esprits qui excitez les pensées homicides; changez à l’instant mon sexe, et remplissez-moi jusqu’au bord, du sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds, de la plus atroce cruauté. Épaississez mon sang ; fermez tout accès, tout passage aux remords »

 Lady Macbeth se décrit comme prisonnière de son sexe qu’elle a pris en haine de façon inouïe :

 « Venez dans mes mamelles changer mon lait en fiel, ministres du meurtre. »

 La rage de vivre, le désir de pouvoir, l’ambition ne sont évidemment pas l’apanage des hommes. Mais Lady Macbeth, l’éminence grise de son mari Macbeth qu’elle pousse au crime n’est pas libre et ne le sera jamais. Dans la mesure où elle éprouve sa condition de femme comme une infirmité, c’est la rancœur, une irréversible déception qui l’étourdit lorsqu’elle prend conscience que son mâle de mari n’est pas digne de ses ambitions :

 « Le héros se transforme en lâche, il n’est rien de ce qu’il a promis ».

 Dans cette pièce « Lady Macbeth, scènes de mariage « le dramaturge italien Michele De Vita Conti,  augure une introspection organique du personnage. Nous avons l’impression qu’il se dévore lui-même, sadique et masochiste à la fois, savourant l’écume de sa haine, de ses frustrations,

 Chair vive de la femme, incontournable, oui, il faut bien qu’elle nous paraisse au moins une fois, indomptable, cette Lady Macbeth, car c’est avec son propre sang qu’elle affirme son destin tragique. Un sang tumultueux, sauvage, mais sans échappatoire.

 Cette Lady Macbeth interprétée par Maria Alberta NAVELLO, nous éblouit par sa force incantatoire. A travers sa juvénilité ardente, nous pouvons l’imaginer pieds nus sur des rochers, avançant obstinément vers un mirage. Comme les mots saignent, comme la mer est houleuse !

 Paris, le 22 Avril 2018

 Evelyne Trân

MON LOU – TEXTE DE GUILLAUME APOLLINAIRE – MISE EN SCÈNE CHRISTIAN PAGEAULT – JEU MOANA FERRÉ – AU THEATRE DU LUCERNAIRE – 53, rue Notre-Dame-Des-Champs 75006 PARIS – DU 18 AVRIL AU 23 JUIN 2018 DU MARDI AU SAMEDI À 19H –

COMPOSITION MUSICALE : JEAN-MICHEL TRIMAILLE SCÉNOGRAPHIE : ISABELLE JOBARD CRÉATION LUMIÈRES : RO D O L P H E M A RT I N COSTUMES : JUDITH CORTIAL AS S I S TA NTE : CLAIRE BALLOT-SPINOZA

Nous ne savons pas grand-chose de Louise de Coligny, cette jeune femme qui inspira un amour passionné à Guillaume Apollinaire.

 Cette femme, c’est avec l’imagination du poète que nous la découvrons à travers les lettres qu’il lui a adressées et les poèmes. Les sentiments fusent dans cette correspondance, les déclarations deviennent de véritables effluves mais ce qui est propre au génie de poète, c’est cette capacité à travers une maitrise totale de sa plume, de faire entendre les angoisses d’un amant éperdu, ls tiraillements de la chair et réellement le désespoir d’un homme qui sent bien qu’il n’est pas aimé de sa muse.

 Guillaume se jette dans l’amour comme devant un fruit défendu. Il souffre mais dans un espace de temps incroyable (leur relation n’a duré que 6 mois), après la rupture, il transforme l’amour charnel en un amour chaste, un amour sans bornes qui ne risquera pas de blesser son Lou, parce qu’il est totalement désintéressé.

 Plus de corps pour les unir, quelle cruauté ! Apollinaire au front sait qu’il peut mourir à tout instant, le poème « Si je mourais là-bas… » qu’il envoie à Lou n’est pas une plainte, en l’écoutant l’on sait qu’Apollinaire regarde son Lou avec tendresse, qu’il entend lui dire ce que tout être à envie d’entendre. Apollinaire avait-il deviné l’âme de  Lou, celle attachée à son mystère, au mystère de l’être qui seul pouvait les rassembler.

 Moana FERRE s’abandonne totalement à la lecture des lettres et des poèmes d’Apollinaire pour devenir Lou « La plus pudique des impudiques ».

 Le charme opère, on oublie tout, on se laisse transporter par les mots, séduit qu’ils puissent être prononcés par la destinataire elle-même.  Et la chair sublimée succombe, elle rêve, elle s’extasie, elle s’illumine, elle voyage, elle s’exprime.

 Et nous redécouvrons combien n’est pas statique un poème d’Apollinaire, notamment « Si je mourais là-bas… », à travers l’effusion picturale qu’elle inspire à l’actrice, sur le champ ou le déploiement d’origamis.

 La mise en scène pleine de délicatesse et la scénographie superbe accompagnent généreusement Moana FERRE incarnant un Lou qui s’écrit et s’invente, prend son envol, transcendé par l’amour d’Apollinaire.

 Paris, le 21 Avril 2018

 Evelyne Trân