OPERATION ROMEO – TCHECOSLOVAQUIE 1984 – TEXTE DE VILIAM KLIMACEK – MISE EN SCENE ERIC CENAT – AU THEATRE 13/SEINE – 13 RUE DU CHEVALERET 75013 PARIS – DU 21 SEPTEMBRE AU 4 OCTOBRE 2017 DU MARDI AU SAMEDI A 20 HEURES – DIMANCHE A 16 HEURES –

Avec Jacques Bondoux, Jaromír Janeček, Thomas Silberstein, Claire Vidoni et Marc Wyseur.

Présenté sous le Haut Patronage des Ambassades slovaque et tchèque

D’après Komunizmus, une comédie de Normalisation de Viliam Klimáček, traduit du slovaque par Jaromir Janeček et Claire Vidoni, édité en français aux Éditions Infimes (2014). Scénographie et costumes Kristina Novotná, Création lumière Vincent Mongourdin, Création son Christophe Sechet, Régie général & Photographies Jean-Pierre Legrand, Assistantes  Katerina Chybova & Jitka Berunka, avec la participation amicale pour le photo reportage Stéphane Godefroy

Production : Le Théâtre de l’Imprévu, Orléans – Compagnie portée par la Région Centre-Val de Loire, conventionnée par la Ville d’Orléans, et subventionnée par le Département du Loiret.
Partenaires financiers : La DRAC Centre-Val de Loire, la Région Centre-Val de Loire, l’Institut Français, l’Adami et la Spédidam.
Résidences de création : Le Théâtre de Pardubice (République-Tchèque), le Studio Théâtre de Charenton-le-Pont, la maison d’Europe et d’orient à Paris et la MJC Village de Créteil.
Avec le soutien de : L’Institut Slovaque, le Centre Tchèque de Paris, le Théâtre et la région de Pardubice, l’Alliance Française de Pardubice, le Printemps de l’Europe et les Éditions Infimes.

21 Août 1968. Je me souviens encore de l’émotion de mes parents en apprenant par les journaux alors que nous étions en vacances, l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques. La pièce de Viliam KLIMACEK qui se situe dans la journée du 14 Février 1984, ravive d’autant plus ce souvenir qu’elle a pour personnages, les membres d’une famille apparemment unie qui vont assister à l’effondrement de leur noyau, en conséquence de la trahison du père chargé par le régime totalitaire d’espionner son beau-père un écrivain dissident.

 A l’occasion de l’anniversaire de la mère, nous faisons connaissance avec une famille aimante. La seule ombre au tableau est le comportement du père certainement dépressif qui s’isole sur le toit avant de se résoudre à rejoindre son épouse et son fils pour faire la fête. Il vient d’être rétrogradé de sa fonction de directeur à un poste subalterne. Le fils est un étudiant en médecine qui affiche une attitude désinvolte alors que sa mère se soucie de son avenir. En arrière-plan, il y a la figure du grand-père dont on apprend qu’il est dissident et donc surveillé. Mais cette circonstance ne devrait pas être pas de nature à les empêcher de vivre.

Viliam KLIMACEK n’a pas la main lourde, il ne porte pas de jugements sur les personnages et ce qui est passionnant dans la représentation de cette famille, c’est sa vision réaliste qui découle d’expériences vécues, ressenties, faisant ressortir tous ces blancs, ces non-dits au sein d’une famille qui lorsqu’ils éclatent en plein jour l’atteignent en plein cœur.

 Le régime totalitaire a instauré un climat de suspicion susceptible d’empoisonner les relations affectives du corpus familial. Sous un régime démocratique, il va de soi que les opinions politiques des uns et des autres aussi diversifiées soient-elles, n’engagent pas les rapports affectifs. Sous le régime totalitaire qu’ont connu les pays de l’ancien bloc communiste et notamment la Tchécoslovaquie, des individus sont devenus des otages de l’ordre établi, contraints de garder le silence pour la sécurité de leur propre famille.

Ce chantage odieux sera à l’origine du drame qui fera exploser ce petit noyau familial d’apparence banale.

L’analyse de l’auteur ne se veut pas didactique, elle questionne le ressenti à une échelle humaine, celle de la petite histoire souvent bafouée. La grande histoire ne tient compte que de l’évènementiel, des grandes figures héroïques ou pas. Or les individus qui constituent une société ne sont pas des héros, leurs blessures sont intimes.

 Dans l’Opération ROMEO, l’amour que se portent les deux époux ne suffit pas à les sauver du naufrage. Il faut du temps pour digérer les mensonges, les trahisons, une force morale à toute épreuve.

Il importe donc de dérouler la grande histoire sous la perspective individuelle, il s’agit d’une mémoire nécessaire. Comprendre comment un individu peut se trouver démuni face à un pouvoir totalitaire, face aux règles d’une société qui le dépassent et le dépasseront toujours, quitte à l’engloutir.

La pièce de Viliam KLIMACEK est démonstrative du fait que la politique ce n’est pas seulement des dogmes, des grandes idées, des idéaux, c’est une histoire de vie et de mort dans laquelle se trouvent embarqués bon gré mal gré, des êtres avec pour seule béquille, leur conscience personnelle, vulnérable et complexe.

La part de l’affectif dans le politique, c’est la grande question, parce que nous ne pouvons imaginer l’homme dominé par des monstres insensibles, l’insensibilité hélas ça existe, ni non plus par des émotions qui se transforment en haine.

Sur scène, c’est un cube quasi surréaliste, avec son antenne lumineuse sur le toit qui figure l’isolement de la famille, son enfermement, sans horizon dans l’espace-temps du régime totalitaire, un pauvre engin spatial destiné à exploser en plein vol.

L’imaginaire a sa place malgré tout dans la vision de cette scénographe talentueuse Kristina NOVOTNA. Les interprètes sont très justes notamment Jacques BONDOUX, l’officier.

La mise en scène et le jeu des comédiens épousent le tracé intérieur des protagonistes qui dévoile lentement mais inexorablement, les étincelles qui mettront le feu au foyer.

Il n’est pas évident d’exprimer à travers des scènes du quotidien banales, ce qui consume chacun des personnages, leurs non-dits, leurs inquiétudes. L’auteur scrute finement ce que recouvre très souvent la banalité des conversations. La réception se joue au niveau des intonations, à ces fils invisibles du vivre ensemble.

 Voilà une pièce d’une grande sensibilité, saisie avec doigté par le metteur en scène et les comédiens, sans ostentation, avec simplicité, aux pieds de notre petite échelle humaine, la seule qui à notre sens fera basculer la tour de Babel.

Paris, le 30 Septembre 2017           Evelyne Trân

Diptyque Affabulazione ; Œdipe roi – 23 septembre – 1er octobre 2017 – mise en scène Gilles Pastor – Création à partir des textes Affabulazione de Pier Paolo Pasolini, Oidípous Týrannos (Œdipe roi) de Sophocle au THEATRE NATIONAL POPULAIRE – 8 place Lazare-Goujon 69627 VILLEURBANNE –

 AFFABULAZIONE

a

Avec Jean-Philippe Salério, Kayije Kagame, Alex Crestey, Alizée Bingöllü, Antoine Besson, la voix de Jeanne Moreau et les footballeurs : Zephyr Frahi, Arbenit Terholli, François Sall, Ibrahim Souare, Arber Terholli, Tim Anton

production KastôrAgile
coproduction Théâtre National Populaire, Théâtre Jean-Vilar, Bourgoin-Jallieu
en partenariat avec le Théâtre du Vellein, Villefontaine

texte français Michèle Fabien, Titina Maselli

assistante à la mise en scène Catherine Bouchetal
costumes La Bourette et Clément Vachelard
lumière Nicolas Boudier
son Sylvain Rebut-Minotti
vidéo Vincent Boujon
régisseur général Olivier Higelin

avec Antoine Besson, Alizée Bingöllü, Alex Crestey, Emmanuel Héritier, Kayije Kagame, Wanderlino Martins Neves dit Sorriso, Jean-Philippe Salério

texte français d’Œdipe roi Jean Grosjean © Editions Gallimard

assistante à la mise en scène Catherine Bouchetal
collaboratrice artistique Astrid Takche de Toledo
costumes Clément Vachelard
assistante costumes Marine Lagarde
lumière Nicolas Boudier
son Sylvain Rebut-Minotti
vidéo Vincent Boujon
régisseur général Olivier Higelin

production KastôrAgile
coproduction Théâtre National Populaire
avec le soutien de Consulat Général de France à Recife, Spedidam
Et de l’Alliance Française de Salvador, du Dimus|Diretoria de Museus do Estado da Bahia, de l’Université Fédérale de Bahia (École de théâtre), du Musée d’art moderne de Bahia.

Prochaines dates :

Le 26/09/2017 20:30   Œdipe roi    

  • Le 27/09/2017 20:30   Œdipe roi    
  • Le 28/09/2017 20:30   Œdipe roi    
  • Le 29/09/2017 20:30   Œdipe roi    
  • Le 30/09/2017 18:00   Diptyque Affabulazione et Œdipe roi    
  • Le 01/10/2017 15:00   Diptyque Affabulazione et Œdipe roi    

 

Faire parler Œdipe, le fils, le père, l’amant ou le frère, c’est le pari que se sont donnés Gille Pastor et son équipe à travers un voyage à l’intérieur même des tripes du cœur humain. Un cœur qui rime absolument avec chœur.

Œdipe n’est-ce point à l’origine une histoire de souffle, celui qui passe au-dessus de nos têtes, qui balaie tout sur son passage, celui qui fomente les rêves et les fantasmes d’un dormeur éveillé, celui qui peut aussi se transmuter en berceuse ou en râle, cri de naissance ou de mort et qui devient musique des mœurs, associant à jamais le petit homme à l’ogre, le monstre humain.

Dans AFFUBULAZIONE, cette pièce trop peu connue de Pasolini, nous assistons interloqués au tremblement de terre de l’image du père à travers un personnage qui se révolte contre cette « forfaiture » conventionnelle, qui le désigne comme père vis-à-vis de son fils. De toute évidence, la relation qu’il a avec son fils est vouée à l’échec ou à la déception, puisqu’il refuse de voir en son fils son alter égo, ne s’aimant pas lui-même, et que d’autre part, le fils ne peut se détacher d’une image du père primaire, un père tout puissant, un père raisonnable, un père dominant.

« Venons-en aux simples pères menteurs ! … Venons-en aux ¨Présidents de la République ! Venons-en aux Autorités religieuses, aux Grands industriels ! »

Ce père « malade » finira par tuer le fils mais son histoire – il le déclarera – n’est pas histoire d’un seul père mais aussi celle de ceux qui envoient leurs fils à la guerre pour mourir.

 Il s’agit à notre sens d’une pièce magistrale de Pasolini, ce Père qui n’a de cesse de s’introspecter, est bouleversant parce qu’il est travaillé par ses contradictions, ses ambivalences, parce qu’il se met dos au mur face à son fils. La mise en scène de Gilles Pastor très sobre, suggère la jeunesse universelle à travers une petite équipe de foot qui joue sur scène, un plateau de gazon. Et c’est cette innocence là, celle de la copine du fils ou de sa femme qui alertent le père « coupable ». Ajoutons que le père est interprété par un grand comédien Jean-Philippe SALERIO .

Nous avons eu à peine le temps de nous remettre de cette intense mise en abîme du père annoncée par le spectre de Sophocle – qui a la voix magique de Jeanne Moreau – que la scène s’ouvre sur la tragédie antique d’Œdipe Roi beaucoup plus courte (une heure environ).

Dionysos ou Bacchus sont passés par là, pensons-nous, en observant des objets épars sur la scène notamment des écuelles remplies d’eau et surtout des personnages déguisés en train de danser frénétiquement.

Puis Œdipe se fraie un chemin, d’une voix quasi laconique, il est le roi puisqu’il porte la couronne. La mise en scène par contraste avec la précédente se veut plus baroque, plus clinquante, voire échevelée, presque caricaturale par rapport à la dimension abyssale du mythe. Sans doute, parce que depuis Freud, il serait possible de rejouer pour soi le mythe d’Œdipe tel un psychodrame aussi élémentaire que l’histoire d’Eve et Adam chassés du paradis, coupables d’avoir croqué la pomme.

Le drame d’Œdipe dépasse tellement les bornes que Gilles Pastor a choisi de les dépasser également en projetant les personnages dans la ville de Salvador au Brésil, où se succèdent quelques plans filmés au marché, une aire de circulation automobile, au cœur d’une rue où un chœur de visages semble exprimer le drame à fleur de peau de mythes et de religions. Gilles Pastor a choisi le Brésil à cause de cette présence des Dieux, à fleur de trottoir.

Dieux oracles, Dieux faits hommes qui jongleraient avec les boules de la destinée ou de la fatalité… par la voix du spectre de Sophocle imaginée par Pasolini « Ah, je regretterai toujours de ne pas avoir représenté plus souvent dans mes tragédies cette volonté de la terre à revivre; cette touche de rose, cette légèreté de l’air – des choses, pas des mots »

 « Aujourd’hui au théâtre on parle comme dans la vie » Il y a du remue-ménage dans l’air. Sophocle et Pasolini sont dans la foule nous suggère Gilles Pastor, ils ont pour mots nos visages et nos corps !

 

Paris le 27 Septembre 2017           Evelyne Trân

 

 

 

LA CHUTE D’ALBERT CAMUS avec IVAN MORANE AU THEATRE DU LUCERNAIRE 53 Rue Notre Dame des Champs 75006 PARIS – DU 30 AOUT AU 14 OCTOBRE 2017 A 21 HEURES DU MARDI AU SAMEDI –

ADA P TAT I O N CATHERINE CAMUS E T FRANÇOIS CHAUMETTE

M I S E E N S C È N E , S C É N O G R A P H I E , LU M I È R E S E T AVE C IVAN MORANE

CO L L A B O R AT I O N A RT I S T I Q U E : B É N É D I C TE N É C A I LLE

S O N : D O M I N I Q U E BATA I LLE

La chute est un roman très noir d’Albert CAMUS, écrit en 1956, constitué par le monologue tourmenté d’un homme qui raconte  «sa descente « aux enfers » à  un compatriote rencontré dans un bar d’Amsterdam.

 Jean-Baptiste CLAMENCE, avocat, devenu juge pénitent, ne va cesser tout le long du récit de sa chute,  d’instruire de manière quelque peu maniaque, obsessionnelle, son propre procès, par une sorte de haine invraisemblable envers lui-même qui l’a submergé, le jour où il a pris conscience de son inertie lors d’un drame, le suicide d’une jeune femme .

 De fait, il faudrait faire la part entre ce qui ressort de la mélancolie, une dépression latente du personnage et cette obstination à enfoncer le clou, tel un homme se cognant la tête en hurlant « C’est ma faute, c’est ma faute, ma très grande faute… ».

 Les propos amers de CLAMENCE relèvent du constat, d’une vision assez pessimiste de l’homme qui découlerait d’une blessure narcissique mortelle. Dans le miroir, l’homme idéalisé qui se prend pour un dieu,  qui jouit de lui même, est en réalité un fantoche, un lâche, auto-satisfait, si planqué dans sa bulle, qu’il ne peut en sortir.

 La flagellation n’est sans doute pas la meilleure solution. Mais ce qui frappe dans ce roman, c’est la solitude du personnage. Une solitude si intense qu’elle renvoie au suicide la jeune femme noyée sous un pont de Paris.

 Nous pensons qu’il lui manque un interlocuteur, que cette adresse à un compatriote est un artifice.  C’est effectivement un artifice, celui dont usent les écrivains, les théâtreux, qui bénéficient d’un troisième œil, celui du lecteur ou du public, véritable parapet pour échapper aux sirènes de la solitude, aux vanités de l’autarcie.

 La douleur peut elle se penser elle-même ? En tout cas elle devient le dard qui pousse Jean-Baptiste CLAMENCE à s’examiner sans pitié et à se confesser.

 Le monologue de Jean-Baptiste CLAMENCE, est si dense qu’il demandait à être incarné au théâtre.

 Physiquement, Yvan MORANE impose l’inquiétude de l’homme blessé qui se débat contre lui même et porte les stigmates d’une souffrance morale, inexplicable intellectuellement. Son interprétation généreuse ne noircit ni « n’innocente » un personnage qui, en somme, préfère avoir mauvaise conscience que de se voiler la face . Dès lors, sa véhémence dans  la dénonciation des vanités humaines transgresse le désespoir. 

 On ressort du spectacle, ému dans tous les sens. Dans « son buisson ardent » l’homme désigné par Camus reste un homme de combat.

 Paris, le 31 Octobre 2014              

Mis à jour le 22 Septembre 2017   Evelyne Trân

 

Ismène par Isabelle Adjani, en exclusivité sur France Culture, Ismène de Yannis Ritsos, lu par Isabelle Adjani et Micha Lescot, sur France Culture le 24 septembre à 21h dans la Fiction / Théâtre et Compagnie.

Ismène

Lecture par Isabelle Adjani et Micha Lescot Collaboration artistique Valérie Six

Réalisation Alexandre Plank

Enregistré en public au festival d’Avignon 2017 – 18 juillet 2017

Suivi de Roma de Marguerite Duras

Roma de Marguerite Duras est publié aux éditions Gallimard dans le recueil Ecrire

Communiqué de presse :

Pour la première fois de sa carrière, au Festival d’Avignon, Isabelle Adjani a choisi France Culture, pour porter, aux côtés de Micha Lescot, la voix d’Ismène. Dans une cour du Musée Calvet comble et saisie d’émotions, Ismène de Yannis Ritsos a été créée, le 18 juillet 2017 en exclusivité. La diffusion aura lieu sur France Culture le 24 septembre à 21h dans la Fiction / Théâtre et Compagnie.

« Chère Ismène, ma sœur, toi qui partages mon sort… » dit Antigone en ouverture de la tragédie de Sophocle. Ces deux figures féminines, Antigone et Ismène, sont liées par la famille, le destin et pourtant elles sont le contraire l’une de l’autre : Antigone choisit la mort, Ismène choisit la vie.

En 1966, le grand poète grec Yannis Ritsos entreprit de rendre la parole à Ismène, souvent éclipsée par le caractère intraitable, rétif aux compromis, d’Antigone. Ce poème dramatique de toute beauté est un plaidoyer en faveur de l’existence et de la liberté écrit par un homme, qui connut le nazisme puis la dictature des colonels en Grèce : c’est sur l’île de Samos en 1971 où il fut déporté après la prison qu’il acheva son poème.

Cette fiction est suivie de la lecture à deux voix, par Isabelle Adjani et Micha Lescot, de Roma de Marguerite Duras, dialogue hésitant entre poésie et théâtre, glissant de Rome à Césarée sur les rives de la Méditerranée, de l’Antiquité à aujourd’hui.

VIVE LA MOUSSON D’ETE 2017 ! – MEEC [Maison Européenne des Écritures Contemporaines] du 24 au 30 Août 2017 – Rencontres théâtrales internationales à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson (54700) .

en compagnie des auteurs

Marion Aubert (France), Lola Blasco (Espagne),

Joseph Danan (France), Nathalie Fillion (France),

Marie Henry (France), Pascale Henry (France

Rebekka Kricheldorf (Allemagne), Collectif Le Grand Cerf

Bleu (France), Rasmus Lindberg (Suède), Wolfram Lotz

(Allemagne), Philippe Minyana (France), Lola Molina

(France), Lisa Nur Sultan (Italie), Nathalie Papin (France),

Christophe Pellet (France), Pauline Peyrade (France),

Tiago Rodrigues (Portugal), Roland Schimmelpfennig

(Allemagne), Marc-Emmanuel Soriano (France),

Helena Tornero (Espagne), María Velasco (Espagne),

Ivan Viripaev (Russie)

 

Voici la 23ème édition de la MOUSSON D’ETE à l’Abbaye des Prémontrés qui permet chaque année à des auteurs dramatiques d’assister à la naissance de leurs pièces grâce à des mises en espace  ou des lectures effectuées par des metteurs en scène et comédiens  chevronnés.

Rappelons que cet évènement fondé par Michel DIDYM en 1995 a révélé un bon nombre d’auteurs et qu’il s’agit dorénavant d’un rendez-vous majeur de la création contemporaine par ailleurs très convivial et très prisé par le public.   

Quelle belle équipe ! Les participants de longue date de ce rendez-vous estival dans la charmante ville de PONT A MOUSSON et la superbe abbaye de PREMONTRES, confieront volontiers qu’ils restent dans leur bulle toute la durée du festival particulièrement effervescent.

 Le festival a son propre journal ‘ Temporairement contemporain » dont les articles écrits par Laura ELIAS, Charlotte LAGRANGE et Olivier GOETZ distribuent de façon très éclairante et passionnante toutes les informations relatives aux LECTURES ET SPECTACLES parfois 4 en une journée.

La programmation, cette année, semble avoir opté pour une sorte d’état des lieux des mœurs, des états d’âmes individuels révélateurs d’une vision du monde désenchantée et angoissée, borderline, à travers le regard d’auteurs contemporains venus aussi bien d’Espagne, de France, d’Allemagne, de Russie,  de Belgique et de Suède.

Il émane néanmoins de tous les personnages incarnés par une belle troupe de comédiens qui jouent tous dans plusieurs pièces, une impressionnante vitalité quasi Pirandellienne qui intrigue, étonne, interpelle et noue les tripes, celles qui s’efforcent de manifester leur présence contre vents et marées politiques et mal être collectif.

 La question sera toujours de se demander quelle place, quel rôle échoient aux libertés individuelles, dans des sociétés dominées par la surenchère du tout pouvoir de l’économie, pourvoyeuse de rêves formatés au détriment d’aspirations spirituelles ou tout simplement personnelles qui crieraient famine.

 « LAS COSAS HERMOSAS » Délivre-toi de mes désirs de Maria VELASCO, auteure espagnole, à travers le personnage de Maria, une intellectuelle ayant pour amant Pap un Sénégalais, fait le portrait d’une « Espagne vivante et frémissante » toujours coincée dans ses entournures par ses casseroles de préjugés racistes. Le tout dans une langue vibrante, crue, lapidaire, toujours à brûle pourpoint.

Violence et souffrance, mal être, fissurent les masques qu’endossent les personnages au sein d’une même famille dans Solstice d’hiver de Roland SCHIMMELPFENNING, un auteur allemand et Insoutenablement longues étreintes de l’auteur russe Yvan VIRIPAEV qui accentue de façon radicale le délire qui gagne ses personnages « aux destins brisés » à travers la promesse d’un meilleur monde généré par leur force intérieure.

Aucune lecture ne laisse indifférent, les pièces proposées par le jury de la Mousson ne manquent pas de souffle poétique et politique. Leurs styles qui incluent souvent la narration et privilégient les tableaux plutôt que les scènes classiques avec leurs unités d’action, de temps et de lieu, peuvent déconcerter. C’est le parler vrai qui importe plus que l’effet littéraire avec le risque d’introduire une certaine banalité des propos. Mais le courant passe et véhicule une réelle énergie investie par une équipe de comédiens formidables !

Nous n’oublierons donc pas ce bel artifice théâtral de la cuvée 2017 en rêvant déjà aux moissons de l’été prochain !

Paris, le 15 Septembre 2017          Evelyne Trân

 

 

 

 

De Pékin à Lampedusa de GILBERT PONTE avec Malyka R.JOHANY au THEATRE DE L’ESSAION – 6, rue Pierre au Lard 75004 PARIS – du 28 août au 9 janvier 2017 Les lundi et mardi à 19 h 45 – Relâches : le 25 décembre 2017 et le 1er janvier 2018 –

  • Auteur : Gilbert Ponté
  • Mise en scène : Gilbert Ponté
  • Distribution : Malyka R.Johany
  • Durée (mn) : 1 h 10
  • Site de la compagnie : http://www.labirba.net

Personne ne pourrait les arrêter, pensons-nous, ces amazones qui s’élancent entre ciel et terre sur les pistes d’athlétisme offrant aux caméras du monde entier l’image de leurs jeunes corps messagers de la flamme olympique.

Gilbert PONTE qui dit « être fasciné par les personnages qui portent en eux une passion » est tombé un jour sur l’article d’une écrivaine italienne d’origine somalienne, Lagiaba SCEGO  qui relatait l’histoire de Samia, une jeune athlète, morte noyée avec d’autres migrants au large de l’ile de LAMPEDUSA alors qu’elle tentait de gagner Londres en vue des jeux olympiques de 2012.

 L’histoire est tragique, elle pourrait faire songer, toutes proportions gardées, au conte de la chèvre de Monsieur Seguin qui arrachant ses chaines par soif de liberté inextinguible, va se battre toute une nuit en vain contre le grand loup occidental.

N’est-ce point ce désir de liberté qui pousse de nombreux migrants à fuir leurs pays, sachant souvent le risque de mort qu’ils encourent.

Samia YUSUF OMAR qui avait réussi à représenter la Somalie aux jeux olympiques de Pékin, s’est trouvée empêchée par les autorités de poursuivre son entrainement. Dès lors, il lui fallait fuir risquer le tout pour le tout.

Destin brisé, fracassé aux portes des grandes fanfares des jeux olympiques, cette vitrine aux enjeux économiques énormes.

Quel fossé entre la flamme olympique et la minuscule étincelle que représente Samia dont le corps sera jeté dans une tombe anonyme de LAMPEDUSA !

Samia ne véhiculait que son propre rêve celui de s’épanouir comme athlète. Ce rêve innocent et fébrile est incarné par une jeune comédienne Malyka R.JOHANY d’une grâce et d’une fraicheur saisissantes.

 Gilbert PONTE semble faire fuser les paroles d’une enfant sans commune mesure avec les forces obscures qui vont l’entrainer vers la mort. Il enjoint les spectateurs à cristalliser leur regard sur l’amazone inatteignable, qui joue sa vie contre la montre, l’impitoyable roue humaine.

Paris, le 15 Septembre 2017         Evelyne Trân  

 

Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie ZENATTI- Adaptation et mise en scène de Camille HAZARD – Vendredi 22 septembre; samedi 23 septembre à 20h00. Le Triton – 11 Bis rue du Coq français 93260 LES LILAS –

Nous en avons tant entendu parler dans les médias de la guerre entre les Israéliens et les Palestiniens, le sujet est brûlant, terrible et la vérité, c’est que nous avons la tentation de le chasser de l’esprit. Qui sait, si nous abordions le sujet, nous pourrions être pris à partie par les intéressés qui vivent réellement cette guerre depuis déjà un demi siècle.

Valérie ZENATTI, l’auteure d’une bouteille dans la mer de Gaza, qui a vécu son adolescence en Israël, fait partie de ceux qui n’ont pas choisi cette situation de guerre infernale. Un événement a déclenché l’écriture de son roman, un attentat le 9 Septembre 2003 au Café Hillel où une jeune fille la veille de son mariage et son père trouvèrent la mort. C’était le jour du 10ème anniversaire des accords d’Oslo en 1993 qui devaient conclure la paix mais restèrent sans effet suite à l’assassinat de Yitzhak Rabin.

Son roman donne d’emblée la parole à Tal, une adolescente israélienne. C’est sa voix intérieure que nous entendons, ses pensées, ses peurs, ses angoisses. Tal se rêve une amie à qui elle pourrait se confier. Alors un jour elle décide d’envoyer une lettre qu’elle enfouit dans une bouteille et confie à son frère soldat à Gaza, lui demandant de la jeter dans la mer. Cette bouteille qui n’est pas innocente – il s’agit de celle qu’avait bue ses parents le jour des accords d’Oslo – tombe entre les mains d’un jeune homme palestinien Naïm.

Naïm, également adolescent, en plein questionnement, va répondre à Tal par emails, tout d’abord un peu brutalement, sans doute par méfiance ou pour se protéger de son émotion. Progressivement, un véritable dialogue s’instaurera entre les deux adolescents. C’est une merveilleuse chance pour eux que cette rencontre. Comment être à l’écoute de l’autre sans le voir, comment croire pouvoir être entendu. Mais les jeunes découvrent rapidement qu’ils ont en commun les mêmes doutes, les mêmes frustrations, les mêmes révoltes. A travers leurs échanges, c’est la vie quotidienne de part et d’autre de la frontière, rythmée hélas par des attentats, que nous découvrons.

Camille HAZARD a adapté de façon remarquable pour le théâtre ce roman, de façon amoureuse pour reprendre les termes de Valérie ZENATTI vis à vis de ses personnages . Amoureuse dans le sens de la délicatesse affranchie de toute mièvrerie, celle la même contre laquelle se cabre le jeune Naïm conscient de l’hypersensibilité de son interlocutrice Tal.

Naim est volontiers provocateur dans ses propos mais Tal trouve toujours le change dans la douceur, obstinément. L’un et l’autre s’apprivoisent et l’on pressent que chacun va finir par accueillir l’autre comme une 2ème voix intérieure.

Dans la mise en scène de Camille HAZARD, l’on assiste comme à un véritable ballet de voix qui se raccordent quasi musicalement. Tal et Naïm sont juste séparés par des barbelés, leurs voix s’élèvent au-dessus, elles se répondent et s’expriment aussi solitairement. Tal et Naïm ne se disent pas tout, ce n’est pas possible, alors leurs échanges sont d’autant plus précieux !

Quelques séquences vidéo permettent aux spectateurs d’être associés à l’ambiance qui règne à Jérusalem ou à Gaza.

Nous avons eu l’impression d’assister à un opéra à mi-chant d’une grande pureté, ouvrant son espace à de jeunes voix, celles de la jeunesse étant les plus révolutionnaires assure Valérie ZENATTI.

C’est à travers ces voix que la paix se récoltera. Et nous saluons à ce titre et pour leur talent, ces magnifiques graines de comédiens, Eva FREITAS et Aurélien VACHER ainsi que la jeune metteure en scène si bien inspirée Camille HAZARD.

Paris, le 30 Avril 2017

Mis à jour le 13 Septembre 2017           Evelyne Trân

À2PAS2LAPORTE de et avec Laurent Fraunié du collectif Label brut. FESTIVAL MONDIAL DES THEATRES DES MARIONNETTES – 16 septembre (15h et 18h) et 17 septembre (11h et 15h) : Charleville-Mézières (08) –

Photos Pierre GROSBOIS

conception et interprétation Laurent Fraunié
scénographie Grégoire Faucheux
lumières Sylvain Séchet
son et recherche musical Laurent Fraunié, Xavier Trouble
chorégraphie Aurélien Desclozeaux (Djab)
régie plateau et manipulation Xavier Trouble
regard extérieur Harry Holtzman, Babette Masson
régie Julien Cocquet

Imaginez un nourrisson qui se réveille seul dans sa chambre. Imaginez son angoisse, sa peur qui vont se traduire aussitôt par des pleurs, des cris.

Le personnage qu’interprète et met en scène Laurent FRAUNIE fait penser à un adulte-enfant, enfin une personne qui n’aurait pas quitté une enfance marquée par l’isolement, la solitude.

Ce rapport à la solitude, nombre d’enfants le connaissent bien parce que tout se passe pour certains comme s’ils vivaient dans un univers parallèle à celui des adultes, un univers qui leur appartient qui dépend de leur seule imagination.

 Et lorsqu’un adulte veut se faufiler dans ce monde, il peut très bien se faire rappeler à l’ordre par l’enfant et d’un ton sec « Laisse-moi tranquille, je joue ».

Laurent FRAUNIE est vraiment sur la même longueur d’ondes que les gosses. Ce sont eux qui rient, font des commentaires sur les péripéties d’un drôle de gusse en heurts avec une porte particulièrement fantasque.

Il a d’ailleurs l’allure d’un personnage de dessin animé plutôt cocasse bénéficiant d’une musique d’ambiance très ludique. Il y aurait donc un moyen d’échapper à ses angoisses, jouer à cache-cache avec. Extrêmement fanfaron mais doué de ténacité, notre héros qui court de surprises en surprises engendre ses propres peurs. De la façon dont il manipule ses fantasmes, tout est possible sans doute du meilleur au pire et qu’un bout de chiffon se transforme soit en fée soit en sorcière.

Le personnage est terriblement attachant, très bavard car tous ses gestes sont parlants.  Pour saisir toute la magie du spectacle, il faut se laisser emporter comme un enfant par les vertiges de sensations que peuvent entrainer les visions d’une valise, d’une rue par la fenêtre et d’une pauvre porte même peinte. Ne surtout ne pas faire intervenir sa raison.

Nous devinons en amont un rigoureux travail de mise en scène et de scénographie. Rien ne serait laissé au hasard comme l’entend le personnage du spectacle lui-même. Considérons donc que c’est à ses dépens que le public rit et s’émeut de son manège. C’est un frère tout de même qui suscite toute notre sympathie. Nous qui craignions d’être ridicules avec tous nos petits tocs, nous voilà rassurés et moins seuls !

Merci  Laurent FRAUNIE !

Paris le 27 Juillet 2017

Mis à jour le 13 septembre 2017                     Evelyne Trân

MERE TERESA DE J O Ë L L E FO S S I E R – M I S E E N S C È N E DE P A S C A L V I T I E L LO – AV E C CATHERINE SALVIAT, SOCIÉTAIRE HONORAIRE DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE AU THEATRE DU LUCERNAIRE – 53 RUE NOTRE DAME DES CHAMPS 75006 PARIS – DU 23 AOUT AU 4 NOVEMBRE 2017 DU MARDI AU SAMEDI A 19 HEURES –

 

ASSISTANT MISE EN SCÈNE : FRANÇOIS RAUCH DE ROBERTY

LUMIÈRES : MATHIEU NENNY

VIDÉO : BRUNO BACCHESCHI

COSTUME : BRIGITTE DEMOUZON

Comme c’est étrange, en 1971, Catherine Salviat incarnait de façon extrêmement troublante le personnage de Mouchette, une jeune fille tourmentée dans un téléfilm tiré du roman de Bernanos « Sous le soleil de Satan ». Quelques décennies plus tard, voilà qu’elle interprète Mère Teresa un personnage réel, haut en couleurs, prix Nobel de la paix en 1979, canonisée en 2016.

En découvrant Catherine Salviat en mère Teresa, nous n’avons pas pu nous empêcher de penser à cette Mouchette. Ces deux personnages ne sont peut-être pas aussi éloignés puisqu’une même comédienne est capable de les interpréter.

Mère Teresa est devenue une icône – pas seulement aux yeux des catholiques – en raison de sa formidable personnalité, une ténacité à revendre lui permettant d’affronter la hiérarchie religieuse – qui n’entendait pas qu’une femme puisse prendre des initiatives – pour mener à bout son projet de missionnaire à Calcutta puis partout en Inde en assumant sa conviction « Ta place est au milieu des pauvres »

Mère Teresa était une femme d’action, une battante, une optimiste et une rebelle. Révoltée par l’idée que la misère puisse être une fatalité, elle n’y est pas allée avec le dos de la cuillère, créant 610 missions construisant écoles, hôpitaux et orphelinats.

 Qui ne se souvient de ses yeux rieurs, de son énergie rayonnante ! Catherine Salviat incarne merveilleusement ce bonheur de vivre sa foi en l’homme. Bien davantage qu’une sainte, Mère Teresa se déclare humaine. C’est en tout cas le ressenti qui émane de la pièce de Joëlle Fossier et de l’interprétation de Catherine Salviat, lumineuse et vive.

La mise en espace de Pascale Vitiello est très sobre, juste quelques grands rideaux en fond de scène, une chaise et les battements d’ailes de Mère TERESA unissant l’espoir à la fraternité.

Paris, le 10 Septembre 2017 

Evelyne Trân

CHEVEUX – de Julie Fonroget, Laureline Collavizza – mise en scène Julie Fonroget, Laureline Collavizza à LA MANUFACTURE DES ABESSES – 7 rue Véron 75018 PARIS du Du 27 août au 4 octobre 2017. Les dimanches à 20h et les lundis, mardis et mercredis à 21 Heures –

Conception création coiffures et costumes : Lika Guillemot
Conception création lumières et scénographie : James Brandily
Photos et collaboration artistique : Yann Kukucka
Production : Brouha Art
Co-production : Le Claje
Soutiens : Sandrine Mazetier, députée de Paris, RAVIV, spedidam

http://www.compagnie-brouhaart.com/cheveux/

De l’introspection capillaire au déballage « cheveuluesque » le spectacle de   Laureline COLLAVIZZA et Julie FONROGET invite le spectateur à s’embrouiller quelque peu les cheveux mais pour la bonne cause puisqu’il s’agit de prendre conscience comment cet élément de notre corps occupe une place de choix intime ou collective, consciente ou inconsciente dans notre quotidien.

De nombreux sketches émaillent le spectacle faisant rebondir le caractère épineux du sujet, dès lors qu’il se rattache à la religion, la culture, les fantasmes, les mythes, les superstitions.

 Le sujet est terriblement vaste et des tonnes d’encyclopédies ne pourraient en venir à bout ! Il parait d’ailleurs qu’une chevelure est capable de soulever à elle seule une tonne. Et sachant qu’un seul cheveu contient notre patrimoine génétique, nous pouvons continuer à fantasmer sur son importance.

Il semble que les conceptrices du spectacle aient opté pour la fibre affective. Du coup, nous pouvons sans nous arracher les cheveux éprouver combien l’affect supervise les comportements humains socio-culturels, politiques ou existentiels. L’un des sketches résume avec une belle ironie comment la chevelure marqueur de la féminité a été exploitée depuis des siècles, à travers l’iconographie religieuse, les grands peintres notamment Titien, perpétuant quelques fantasmes sur la femme tour à tour traitresse, grande dame, sainte ou pute.

Force est de reconnaître à travers cet inventaire que les relations des humains avec leurs chevelures sont aussi bien empreintes de conventions que d’extravagances.

 Courageusement et les cheveux parfois en bataille, les deux comédiennes démêlent leur savoir avec une jolie émotion, en écho au poème d’amour de la Comtesse de NOAILLES «Et c’est mon besoin fol comme mon besoin sage de préférer au monde un seul de tes cheveux ! »

Paris, le 10 Septembre 2017                  Evelyne Trân