
J’ai reçu la mesure du don d’aimer
Mais dès l’enfance
les gens
sont dressés à travailler.
Pour moi –
Je ripais sur la rive du Rion
et je traînais,
à ne faire fichtre rien de rien.
Maman se fâchait :
« Le vilain garnement ! »
Papa me menaçait de ses coups de ceinture
et moi,
me procurant un faux-billet de trois roubles
j’allais derrière l’enclos taper la carte avec la troupe.
Sans le poids des chemises,
sans le poids des chaussures,
me rôtissant au feu Koutaïssi,
je tournais au soleil tantôt mon dos,
tantôt ma panse –
jusqu’à ce que, sur mon estomac, il me cotisse.
Le soleil s’ébahissait.
« C’est haut comme trois pommes !
Mais le cœur est accroché.
Il le met en quatre.
D’où vient-il
qu’il y ait
dans cette archine
place
pour moi,
pour le fleuve
et pour cent verstes de rochers ?! »
Lu dans le livre « Maïakovski à pleine voix » (Gallimard) le 12 mai 2016 à 15h
au 9, rue des épinettes, 75017, Paris, sixième étage sans ascenseur avec vue sur le Sacré Cœur par Jean-Marie Blanche.
Dit lors de l’émission « Deux sous de scène » sur Radio Libertaire le 14 mai 2016 à xxhxx par Jean-Marie Blanche.