Les Événements / The Events – CRÉATION dans le cadre du festival Festival Ring 2016 – Nancy | Théâtre de la Manufacture – du 21 au 23 AVRIL 2016 –

 LesEvénements©EricDidymDe David Greig (UK)
Mise en scène Ramin Gray (UK)
Traduction Dominique Hollier
Avec Romane Bohringer et Antoine Reinartz

Ramin Gray est metteur en scène associé de cette 5ème édition de RING

 C’est l’histoire de  Claire, jeune prêtre de gauche,  directrice d’une chorale qui à la suite d’un  événement tragique, l’irruption d’une personne venue semer la mort parmi « ceux qui ne sont pas d’ici »  cherche désespérément à comprendre le geste de cet homme.

Une nouvelle relation s’instaure entre Claire et la chorale qu’elle dirige.  Comme  dans les tragédies antiques, le chœur a un rôle central, dans cette pièce, celui de miroir du public, de ces autres inconnus et anonymes pouvant devenir la cible d’un fou, de terroristes et dont le seul crime alors serait d’être vivants aux yeux des assassins.

 C’est toute l’empathie naturelle que Claire manifeste vis-à-vis des autres qui se trouve remise en cause par cette épreuve terrible.

Dans la pièce de David GREIG, la chorale représente cette communauté en quelque sorte haïe par le tireur fou, peut-être parce qu’il s’éprouve exclu et humilié dans cette société.

Un personnage le Garçon  fait penser à nombre de jeunes gens paumés, en déshérence morale. Il n’est donc pas étonnant que Claire soit interpellée. Elle peut se demander si la société n’est pas coupable ou malade puisqu’elle génère de tels comportements. C’est un choc, un tremblement de terre pour Claire que l’on voit au début de la pièce aller au-devant de l’homme qui va tirer …

La mise en scène ne visualise pas l’acte terroriste. Très curieusement à la représentation du samedi 23 avril 2016, l’alarme incendie s’est déclenchée inopinément. Pendant 5 minutes, la chorale et les interprètes se sont immobilisés sur scène tandis qu’une voix off monocorde ne cessait d’inviter  tout le monde à quitter le lieu. Nous étions en pleine théâtrale réalité, certains spectateurs se demandant si l’alarme ne faisait pas partie du spectacle.

 Il y avait de l’émotion dans l’air. La chorale « Chœur Swing  nous a paru vulnérable. Nous avions devant nous des individus faisant partie d’une chorale, d’une communauté, pas un troupeau.  C’est une véritable expérience que celle du groupe, mais comment un vécu à la fois collectif  et individuel  se transmet-il, s’exprime-t-il ?

 David GREIG et le metteur en scène Ramin GRAY considèrent que le meilleur forum se trouve être « l’espace public et commun du théâtre ».

Compte tenu de cette ambition, il nous parait important que la chorale invitée communique avec les interprètes. Malgré les efforts des comédiens Romane BOHRINGER et Antoine REINARTZ, elle est restée un peu  timide, ne donnant pas le meilleur d’elle-même.

 Evidemment, il y a la présence magnétique de Romane BOHRINGER habitée par son personnage, à la fois doux et violent.  Antoine REINARTZ qui incarne plusieurs personnages est également épatant.

C’est un spectacle très fort, engagé, qui a le mérite  d’explorer cette part d’inconscient collectif qui remonte à la surface lors de telles  tragédies. The Events s’est joué plus de 400 fois au Royaume Uni.

Nous pensons que cette récréation en France devrait toucher le public  Il n’obtiendra peut être pas de réponse au « pourquoi » désespéré de Claire, mais il se sentira concerné. Comment ne pas admirer cette Claire qui regarde en face l’auteur d’une tuerie ignoble sans oublier qu’il est issu de notre monde.

Paris, le 28 Avril 2016                    Evelyne Trân

 

 

– DRIVE IN – DANS LE CADRE DU FESTIVAL RING A NANCY – SAMEDI 23 AVRIL 2016 A 22 HEURES AU PARC DE LA PEPINIERE –

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Avec  Jean-Thomas Bouillaguet,  Philippe Dubos,  Benoit Fourchard,  Nicolas Marchand

Compositeur, musicien   Till  Sujet –  Textes   Carole Prieur

Chorégraphie   Nathalie Pernette –   Danseuse   Marielle Durupt

Régie   Thomas Ménoret

« Macha un fantôme, moi un homme invisible ! » s’exclame un homme avant de s’engouffrer précipitamment dans sa voiture, sa commande étant enfin arrivée. Seulement il ne s’agit pas d’un repas fast-food qu’un employé vous remet sans que vous ayez besoin de quitter votre véhicule, il s’agit de Macha la meilleure prostituée du site, un parking obscur où quatre voitures inquiétantes (parce qu’il faut qu’elles s’approchent du public pour découvrir leurs occupants) tournent en rond.

Quatre ou cinq groupes de spectateurs se partagent les gradins comme sur un stade de football. L’atmosphère est humide, il ne fait pas chaud au parc de la Pépinière, un 23 avril à 22 heures à Nancy. Pendant le spectacle, ils feront la connaissance des différents conducteurs qui viendront chacun à leur tour se présenter comme les clients de Macha.

 Ils sont tous différents. L’un, le visage satisfait, nous a apparu carrément veule tenant des propos à faire vomir. Il est évident que pour lui la prostituée est un produit de consommation comme les autres qui fait partie de l’économie du marché. Qui s’en plaindrait ?!   Un 2ème par contre parait plus déchiré, il se défend contre les réactions (imaginées) de son épouse qui l’accuse « Tu aimes coucher avec un fantôme avec une femme absente à elle-même ». Le 3ème qui n’hésite pas à répondre à la voix enregistrée  lui demandant de faire son choix   « Pour Macha taper 1, pour Sonia taper 2 » de lancer « Viande fraiche ! » se présente comme un obsédé du sexe. Le quatrième, quant à lui a conscience de participer à un marché de dupes, et parle des « désespérés sexuels ».

A la fin de ce road movie, le public rassemblé assiste à l’apparition de Macha qui tel un oiseau de nuit relève ses ailes avant de sombrer dans le silence tandis que ses clients errent piteusement.

 Depuis le 6 Avril 2016, après de nombreux débats,  le Parlement a adopté définitivement la pénalisation des clients des prostituées. La France est le cinquième pays européen à pénaliser les clients des prostituées après la Suède, la Norvège, l’Islande et le Royaume Uni. Il est évidemment trop tôt pour mesurer les effets de cette loi en France où selon les estimations officielles, il est comptabilisé 30 à 40000 prostituées dont « 80 % sont d’origine étrangère et le plus souvent victimes des réseaux de  proxénétisme et de traite ».

Le spectacle conçu par Carole PRIEUR et HOCINE CHABRA qui donnent la parole à ces clients « invisibles » interpelle le public de façon intelligente et démonstrative.

 Leur réflexion s’est cristallisée sur une question d’Anne ZELENSKY, présidente de la ligue des droits des femmes « Comment se fait-il que des hommes continuent à aller voir des prostituées alors que la liberté sexuelle existe ? ». Mais elle met aussi le doigt sur le fait que « la prostitution a déjà « rejoint la loi des grands marchés » avec un marketing agressif (forfaits clients illimités etc.).

L’enfer est pavé de bonnes intentions rétorquent ceux qui condamnent la loi du 6 avril 2016.  « La prostitution existe depuis la nuit des temps » est l’argument le plus usité. Il n’empêche, il importe que la communauté prenne conscience des crimes perpétrés contre des femmes qui ne peuvent pas se défendre, utilisées comme des esclaves sexuelles. Bon gré, mal gré, les clients qui ne se voilent pas la face peuvent se considérer complices. Il est temps justement que l’argument de la nuit des temps cesse de justifier l’injustifiable.

 Avec une mise en scène très opérationnelle, un texte pertinent et d’excellents interprètes, la Compagnie la Chose publique a offert au public un spectacle très fort, apte à ébranler ceux qui continuent à s’interroger sur ce problème de société et dans tous les cas bienvenu dans le cadre du festival RING 2016 !

  Paris, le 26 Avril 2016                      Evelyne Trân

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

LE PERE GORIOT Du 22 Avril 2016 au 29 Mai 2016 au Théâtre Artistic Athevains 45 Bis Rue Richard Lenoir 75011 PARIS – Mardi, mercredi, jeudi, vendredi à 19 H, samedi 20 H 30, matinée 17 H uniquement en Avril, dimanche 15 H (sauf le 1er Mai) , relâches exceptionnelles , les 3,10, 11 et 12 Mai.

goriot

Avec : Jacques Bondoux (en alternance), Thomas Ganidel, Marc-Henri Lamande, Didier Lesour (en alternance)

Juliette Autin (Masque(s)) , François Cabanat (Scénographie) , Pierre Gilles (Masque(s)) , Michel Winogradoff (Création son)

Que les personnages du roman de Balzac «  Le Père GORIOT » puissent être assimilés à des marionnettes, à des créatures de Grand Guignol, n’est guère surprenant. Balzac est un grand portraitiste, ses descriptions sont un régal pour tous les caricaturistes. Dans quel vivier Balzac a t-il planté sa plume pour sortir de l’ordinaire, de leur fallacieuse banalité des créatures qui nous ressemblent, en soulignant leurs invisibles monstruosités ? Ces défauts communs à l’espèce humaine, l’envie, l’esprit de lucre, la jalousie, la passion etc, sautent au visage du lecteur non seulement à travers le récit de leurs actes, de leurs comportements mais à travers l’imagerie de leurs physionomies. Alors même qu’il dépeint la Rue Neuve-Sainte-Geneviève comme une rue ennuyeuse et terne, cette rue se transforme sous sa plume lorsqu’il  s’attache à ses habitants, pour décrire notamment La Maison VAUQUER « Pension bourgeoise des deux sexes et autres » Comment ne pas bondir sous une telle enseigne ! Et ne pas avoir envie de rire en imaginant la veuve VAUQUER «  Sa personne dodue comme un rat d’église ».

Les romans de Balzac constituent une véritable mine pour celui qui tenterait de s’initier à l’entomologie humaine. Mais la lecture de ses œuvres, requiert beaucoup de temps  et peut paraître indigeste à une époque où « le toujours plus vite » occulte les couacs, les vicissitudes du quotidien. En véritable chercheur, Balzac s’intéresse à ce qu’il y a de viscéral chez l’humain, lui découvrant avant Freud un inconscient, responsable de ses déboires, de ses drames.

A partir de la trame des faux semblants, des faux fuyants d’une galerie de personnages infestés par le désir de paraître, de réussir, d’exister en quelque sorte, Balzac explore les bas fonds d’une société peu reluisante. En résumé, le Père GORIOT c’est l’histoire d’un vieillard qui par amour pour ses filles se laisse dépouiller par elles et finit par mourir seul . Le témoin ému de ce drame est un jeune étudiant Eugène de RASTIGNAC qui perdra du coup toute son innocence .

Avec humour et audace , l’adaptateur du roman Didier LESOUR et la metteure en scène Frédérique LAZARINI, convertissent en spectacle de marionnettes « le Père Goriot » s’emparant de la devise de la Maison VAUQUER « Pension bourgeoise des deux sexes et autres ». Trois comédiens se partagent les rôles principaux, Didier LESOUR , le Père Goriot, Marc-Henri LAMANDE, Vautrin, Thomas GANIDEL, Eugène de Rastignac. Mais ils jouent aussi masqués tous les autres personnages féminins avec une aisance absolument confondante.

L’oeil s’amuse et s’habitue assez vite à l’irruption des poupées sorcières, les filles, amante ou cousine de Goriot, d’Eugène de Rastignac et Vautrin.

Et en dépit de l’aspect Guignol de la mise en scène, l’émotion est au rendez vous face à ce Père Goriot défiguré par le chagrin . On ne peut dès lors s’empêcher d’imaginer la misère morale que recouvrent les masques redondants et grotesques de toutes ces créatures.

Nous portons tous des masques. A la fin, ils font partie de nos visages sans que nous puissions distinguer le vrai du faux.Nous les affrontons aussi, ils nous font peur, ils nous font rire, ils nous démangent . Cette profonde réflexion de Balzac sur les faux semblants de la société est contiguë au travail des comédiens eux mêmes. Le désir d’illusion est immense, la vérité reste humaine.

Les spectateurs qui viendront voir ce spectacle déroutant et impressionnant pourront dire qu’ils ont vu le père Goriot à vif, dégommé par des marionnettes. Le corpulent roman de Balzac éternue à nos souhaits !

Paris, le 24 Avril 2016                                     Évelyne Trân

Je l’appelais Monsieur COCTEAU au STUDIO HEBERTOT – 78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris – A partir du 24 Mars 2016 – Du mardi au samedi à 19h – Le dimanche à 17h

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Mise en scène : Pascal VITIELLO

Avec : Bérengère DAUTUN, Guillaume BIENVENU

 Jean COCTEAU filmé par le regard d’une enfant, voilà qui est inattendu, mais au fond ne nous surprend pas. Je suis la petite fille, nous dit Carole WEISWEILLER, qui eût la chance de côtoyer Jean COCTEAU pendant ses dernières années. Carole ne se prend pas pour Alice au pays des merveilles ni pour le petit Prince de Saint-Exupéry, elle sait seulement que la relation qu’elle eût avec COCTEAU fut unique, qu’ils partagèrent ensemble cette gorgée de mystère qui échappe aux adultes et qui tient à cet émerveillement pour toutes choses, à ce désir encombrant pour les âmes fortifiées, d’accorder de l’importance aux apparitions.

A travers le récit de cette enfance, nous éprouvons que la main de l’enfant n’a jamais quitté celle de Monsieur COCTEAU, que le cœur de Carole se souvient d’avoir battu au même rythme que celui du poète qui lui ouvrit en quelque sorte les portes d’un jardin de récréation libre, intuitif, amoureux.

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La Chambre des Sages, ou Chambre des Boucs, dans laquelle Jean Cocteau a dormi de 1950 à 1962

La mère de Carole, Francine WEISWEILLER fut l’amie, la muse et la mécène de Jean COCTEAU, qui séjourna souvent de 1950 à 1962 dans sa villa SANTO-SOSPIR à Saint Jean Cap Ferrat et dont il décora tous les murs.

La mise en scène de Pascal VITIELLO sobre et retenue s’articule autour de la présence de Bérengère DAUTUN qui réussit cette performance de réunir l’enfant et l’adulte pour ce conte intimiste, pudique mais fantastique « Il était une fois Jean Cocteau… ».

Alors apparaît Jean COCTEAU éternel jeune homme, frais émoulu, charmant, incarné par Guillaume BIENVENU.

Belle entorse aux règles convenues de l’espace-temps, seul l’arbre compte celui de la poésie; en soulevant les branches de ses souvenirs, Carole WEISWEILLER entend seulement faire partager son émotion, en hommage à l’être poète Jean COCTEAU avec une infinie tendresse, avec amour !

Paris, le 23 Avril 2016                        Évelyne Trân

Au coeur de la planète de Jean-Marie BLANCHE

JEAN MARIE

A U    C Œ U R    D E    L A    P L A N È T E

 à Chantal Muhaya

 Passé, Présent, Futur au cœur de la planète
Et, sur un penalty, la Terre est fécondée.
Première ovulation, une question se pose :
Au dessus de nos têtes, se trouve le Passé.
Plus nous quittons la Terre, plus nous le remontons
Afin de découvrir quel en est le début.
Grands Dieux ! c’est le Présent dont la fraîcheur ne dure
L’espace d’un instant qui fait place au Futur.

Nyirinkombwa
Moi, cosaque plus rouge aux couleurs de la fête,
De singes et pantins, je serai la vedette.

Je reprends la question ; j’y réponds en ancêtre :
Si, du lit, notre union donne une architecture
Où marche un innocent qui regarde le ciel,
Reflet de la sagesse, gageons-lui un Futur.
Il est plus grand que nous à des années-lumière,
Et tellement plus jeune qu’il n’aime que la guerre,
Enflammé par nos livres à la reliure dorée,
Charitable Présent des enfants du Passé.

Nyina wandimasso
Moi, cosaque plus rouge aux couleurs de la fête,
De singes et pantins, je serai la vedette.

Reprenons la leçon : le Passé tout autour,
Le Futur en son sein. La guerre des religions
Explose dans le ciel, y imprime la mort
À l’encre des étoiles et des idées froissées. 
La Mort, ça donne faim ! Imaginez qu’enfin
Je la fasse sourire en vous faisant rougir.
 Il ne vous resterait, par implosion du temps,
Que l’étrange univers de l’amour au Présent.

Nyira gashimbihembe 
Moi, cosaque plus rouge aux couleurs de la fête,
De singes et pantins, je serai la vedette.

Vous vous êtes perdus. Le Futur n’est pas mort,
Le Passé donne vie au Présent imparfait.
Tant qu’il faudra la guerre à chaque nouveau monde,
Les volcans cracheront le sang dans les récits,
Les âmes délétères aux doctrines immondes,
En rimes, sèmeront la haine dans l’esprit.
Chérie, je vous attends pour, une bague au doigt,
Vous offrir mon amour, mes plaisirs et ma foi.

Moi, cosaque plus rouge aux couleurs de la fête,
De singes et pantins, je serai ta vedette.
Raha ya dunia, iko mambo mingi.

L’ Enfant – Mammouth de Jean-Marie BLANCHE

L’ Enfant – Mammouth L’erreur l’a emporté sur le grand ordinateur La discrimination ne s’apprend plus Les églises ont disparu La science n’a plus de cimetière Les vieux livres brûlent faute d…

Source : L’ Enfant – Mammouth de Jean-Marie BLANCHE

L’ Enfant – Mammouth de Jean-Marie BLANCHE

JEAN MARIE

L’ Enfant – Mammouth

L’erreur l’a emporté sur le grand ordinateur
La discrimination ne s’apprend plus
Les églises ont disparu
La science n’a plus de cimetière
Les vieux livres brûlent faute de lecteurs
Le soleil publie sa toute dernière exposition
Les couleurs dégradées quittent tous les musées
L’arc-en-ciel défoncé consume l’horizon
Et la terre, mise à nue, s’arrête de tourner

Son visage couvert de vers néolithiques
Caché derrière un masque en carton recyclé
Le dernier des mammouths, réfugié de l’arctique
Recherche le repos contre un mur effondré

Si ton enfant s’amuse à découvrir la terre
Pourras-tu refuser enfin de faire la guerre ?

L’éveil encor sonnera
Et le soleil encor se lèvera

 
Fait le 2 août 2006 à 10h30 au 9, rue des Épinettes, 75017, Paris, sixième étage sans ascenseur avec vue sur le Sacré-Cœur.
Dit au cours de l’émission « Deux sous de scène » sur Radio Libertaire le 00 xxxxx 2010 à 00h00 par Jean-Marie Blanche.

POEMES de Daniel Bahloul Druelle

Photo du 20-12-15 à 13.23POEMES

Rêve d’été

Coquelicot des champs à la veine vermeille
Tu sais le jour heureux de la petite abeille
Elle danse en secret dans la ruche de miel
Un chemin tout tracé de parfum sensoriel

Tu sais le jour heureux de la petite abeille
Te menant par le nez et le bout de l’oreille
Un chemin tout tracé de parfum sensoriel
Rougeoyante beauté dans un ciel sans pareil

Te menant par le nez et le bout de l’oreille
La bête fait la fleur et toi le pince-oreille
Rougeoyante beauté dans un ciel sans pareil
Tu te piques à l’amour tu jouis du soleil

La bête fait la fleur et toi le pince-oreille
Le vert est (sur ta tige) enrobé de merveille
Tu te piques à l’amour tu jouis du soleil
C’est ton rêve d’été jusqu’au bout de l’orteil

Le vert est (sur ta tige) enrobé de merveille
Assouvi de l’azur dans le simple appareil 
C’est ton rêve d’été jusqu’au bout de l’orteil
Coquelicot des champs à la veine vermeille

Libre de tous les temps 

Libre de tous les temps en héros de la fable
Dans un ciel sans soleil d’un éternel minuit
Buvant au puits d’amour pour étancher ma nuit
En typhon déchainé en tornade de sable

Dans un ciel sans soleil d’un éternel minuit
Être pareil à l’air boire l’azur gratuit
En typhon déchainé en tornade de sable
Dévaster les dictons créer une autre table

Être pareil à l’air boire l’azur gratuit
Angélique à foison donc ingérable en diable
Dévaster les dictons créer une autre table
Proclamer l’autre loi sans fiel ni sauf-conduit

Angélique à foison donc ingérable en diable
Voler de nid en nid piller le sous-produit
Proclamer l’autre loi sans fiel ni sauf-conduit
Rénover l’édition en ange impitoyable

Voler de nid en nid piller le sous-produit
Ô voler dans l’azur ne plus être éconduit 
Rénover l’édition en ange impitoyable
Écrire mon poème à compte publiable 

Ô voler dans l’azur ne plus être éconduit 
Loin du monde asservi et plutôt introduit
Écrire mon poème à compte publiable 
Envoyer les nantis à la chose jetable

Loin du monde asservi et plutôt introduit
J’irai dans les salons où l’on me reproduit
Envoyer les nantis à la chose jetable
Libre de tous les temps en héros de la fable

Question

Que vois-je dans l’éther ? Mon âme qui se pose 
Dans la fable des dieux où mon esprit repose
Et le vol prédateur du martinet fécond
Gobant les mouches d’or dans le bleu du plafond

Dans la fable des dieux où mon esprit repose
Le rien qui d’avenir sera bien quelque chose 
Gobant les mouches d’or dans le bleu du plafond 
Se réveille et engendre un sentiment profond

Le rien qui d’avenir sera bien quelque chose 
Dans la terre d’automne et le vert qui chlorose 
Se réveille et engendre un sentiment profond 
Que rien ne dormira en cet œuf qui se pond

Dans la terre d’automne et le vert qui chlorose 
Le bien-être des rais chauffe mon cœur qui ose 
Que rien ne dormira en cet œuf qui se pond 
Je couve le secret qui jamais ne répond
Pantoum pour l’anarchie

Loin est l’humanité tu dois rêver encore
Mâche avec tes dents d’acier tes mots de guerrier 
Annule jusqu’au fragment d’épure le gore
Crache au plus loin ton fiel dans l’impure cendrier

Mâche avec tes dents d’acier tes mots de guerrier 
Donne de la couleur dans le voeu d’artifice
Crache au plus loin ton fiel dans l’impure cendrier
Garde en ton corps le sang pour l’autre sacrifice

Donne de la couleur dans le voeu d’artifice
Aux yeux les plus brumeux le regard le plus clair 
Garde en ton corps le sang pour l’autre sacrifice
Suave parfum noir éjaculé d’éclair

Aux yeux les plus brumeux le regard le plus clair
Voit l’aura d’anarchie flamme d’âme nouvelle
Suave parfum noir éjaculé d’éclair
Son essence éclairée rend pure ta prunelle

Voit l’aura d’anarchie flamme d’âme nouvelle
Dans le cri et sans dieu se parfumer d’aurore
Son essence éclairée rend pure ta prunelle
Loin est l’humanité tu dois rêver encore

2014

Paris censuré

Un grand soleil suait tout l’or de sa lumière; 
L’orpailleur déversait, sur le flot parisien,
Des rayons flamboyants qui dessinaient un chien. 
Sur la vague une esquisse aboyait sa misère.

L'addict à Dionysos ne fait pas bon devin;
L'ombre du SDF s'amarre à l'infortune,
Aux bateaux-mouches d'eau, aux larmes de la lune; 
Comme un ange déchu à l'alcool aigre-vin.

Servante nuitamment de l’espace pleuré, 
L'étoile décroissait bien avant d’être pleine, 
Elle enfantait le tain, où réfléchit la Seine.

Miroir pour un roi nu d’un Paris censuré,
Où son clown se transforme, en une souris grise, 
Petit spectre des ponts, hantise de la "crise"

Mars 2014 sous le pont-neuf

Dieu que la vie est belle par Jean-Marie BLANCHE

JEAN MARIE

Offre-lui des présents qui font battre son cœur.
Démonte le passé que, de rire, elle en pleure.

Le temps n’a plus de lois ; d’ailleurs plus rien à dire.
Étendue près de toi, entends comme elle respire.

Elle dépose les armes, fait mine de dormir.
Délace ta pudeur, embrasse son sourire.

Elle souhaite nourrir ton amour du combat,
Elle frissonne et soupire et se recroqueville.

Bien que te désirant, elle ne te déshabille.
Applique ses désirs qu’elle nomme la foi.

D’accords en désaccords, que vos deux corps s’unissent,
Découvrent en harmonie la note du délice.

Dans ton sommeil d’enfant, Dieu que la vie est belle :
Tu renais de tes cendres, elle replie ses ailes.
Donner vie au Présent, connaître le Passé,
Mémoire d’un Avenir bientôt dans les musées.
Répondez aux questions de l’enfant d’aujourd’hui,
Il saura vous aimer quand il aura compris.

 

 

Deux coquelicots par Jean-Marie BLANCHE

JEAN MARIE

Deux coquelicots font la grève; 
L’abeille bourdonne de douleur;
Le peintre sorti de ses rêves,
Préfère le miel au malheur.
Des mille facettes, il se reflète
le traitement des pesticides;
vous le lirez dans vos gazettes,
Les décideurs sont trop avides.
Leurs essaims attaquent les bébés;
des recherches privées le prouvent.
Par le sang se nourrit le blé,
mais le prix du pain s’y retrouve.
Coquelicots, tant de points rouges
au temps où peu de nouveaux nés
survivent à des guerres déclarées
par la société qui les couve.
Le nombre de chômeurs grossit.
Les fleuristes vont comparaître,
les bébés-boulangers aussi.
Non, les amours n’ont plus lieu d’être.
Un couple de coquelicots,
de la famille des pavots,
suivi de l’abeille tombe à terre,
comme un manteau de la patère.
Levons le poing vers le pouvoir,
d’abord sur le parti des verts,
l’unique raison à savoir :
LE MIEL CHIMIQUE EST DECOUVERT!
Poème écrit le lundi 6 août 2012 à 13h42, revu le 12 juin 2014 à 3h30 & le 19 juin à 16h55,
9, rue des épinettes, 75017, Paris, 6ème étage sans ascenseur avec vue sur le Sacré Cœur par Jean-Marie Blanche.

Dit lors de l’émission « Deux sous de scène » Radio Libertaire le xx juin 2014 vers 15h45 par Jean-Marie Blanche.