« The Nature and Purpose of the Universe », une pièce de Christopher Durang, mise en scène par David Torres, par la Cie. LA MAISON EN PAPIER au Théâtre de la Reine Blanche – 2 Bis Passage Ruelle 75018 PARIS – jusqu’au 13 Décembre 2015 – Tous les mercredis à 19 Heures et les dimanches à 15 Heures –

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Une pièce de Christophe Durang

Mise en scène de David Torres.

Avec Pascale Caemerbeke, Diane Dormet, Paul Feat-King, Pierre Izambert, Emmanuel Grospaud, Eric Rolland, Antoine Villard.

Il devait avoir un coup de sang, ce jour où Christopher DURANG, un jeune auteur, décida de s’attaquer par la plume à la sacro sainte famille américaine puritaine des années soixante dix. Coup de sang suite à l’indignation qui le submergea lorsqu’il apprit que sa charmante voisine très religieuse avait été violée par son mari.

Le destin tragique de cette voisine lui inspire donc l’histoire d’Eleanor Mann, engluée dans un quotidien sinistre où ses hommes, ces fils et son mari ne cessent de l’humilier de façon brutale et abjecte. Elle n’a pas d’autre échappatoire que son aspirateur et quelques rêves de bluette puisque abrutie par le malheur elle croit voir dans un représentant de commerce, un prince charmant.

Quand la religion vous cloue le bec en vous parlant de péché, d’un monde meilleur dans l’au delà, de sacrifice, de miséricorde de Dieu, elle devient complice selon Christopher DURANG de toutes les exactions possibles . Le bon Dieu a bon dos et la pauvre Eleanor et sa famille peuvent bien porter le chapeau des misères de ce bas monde. Quelques anges veillent sur eux sous différentes apparences, parfois même diaboliques. N’oublions pas que Lucifer était un ange.

Des scènes de vie familiales atroces par leur banalité côtoient des scènes fumeuses, grotesques, sidérantes comme cet épisode où l’on assiste à la tentative de coup d’état contre Paul IV par une nonne radicale qui se prend pour une papesse.

David TORRES maîtrise ce maelstrom exubérant, pathétique, en alternant scènes muettes et scènes flash . Le résultat est assez cocasse. On pourrait croire assister à des scènes de feuilleton familial télévisuel, court-circuité par des publicités religieuses mensongères.

Cela donne à penser que les protagonistes de cette satire cruelle ne sont pas sortis de leur écran total, celui d’une religion obscurantiste, celui du machisme devenu à ce point une banalité qu’il colle à la peau de la pauvre Eleanor laquelle à bout de forces finira par comprendre qu’elle n’a rien à attendre de la miséricorde de Dieu.

Voila une pièce fort virulente, décapante qui donne envie de découvrir cet auteur dont l’œuvre s’inscrit dans une « culture gay militante ». Il se trouve que dans cette pièce l’un des enfants est homosexuel, ce qui bien entendu affecte l’image de cette bonne famille américaine !

Une vilaine farce qui hélas ne sent pas le réchauffé mais tout de même il s’agit d’une sacrée tarte à la crème susceptible d’éclabousser ou de réjouir selon l’estomac, les spectateurs.

Reconnaissons que la Cie LA MAISON EN PAPIER, très inspirée, met tout en œuvre pour les satisfaire .

Paris, le 29 Novembre 2015                           Evelyne Trân

 

« Foi amour espérance » d’Ödön von Horváth à l’Usine Hollander – 1, rue du Docteur Roux 94600 Choisy-le-Roi par la Cie La Rumeur. Mise en scène de Patrice BIGEL – du 13 Novembre au 13 Décembre 2015 à 20 H 30 – TEL. 01.46.82.19.63 –

-Foi amour espérance(62)Photo Agathe Hurtig Cadenel

Photos Agathe Urtig Cadenel
Avec  Francis Bolela, François Chanut
Karl-Ludwig Francisco, Bettina Kühlke
Adèle Le Roux, Jean-Michel Marnet
Noémie Nael, Juliette Parmantier
William Santucci.
Scénographie, lumière Jean-Charles Clair
Texte français Henri Christophe
Édition l’Arche

Fi des grands sentiments, dans quelle eau de bois dormante peuvent bien s’agiter encore ces doux mots de foi, amour, espérance ?

L’eau est trouble n’est ce pas, toujours trouble, celle qui reflète nos illusions, nos rêves chargés, nous ne pouvons le croire, des fantômes de quelques noyés. Le désespoir craint le désespoir et celui ou celle qui tombe à l’eau rejoindra l’entrefilet d’un fait divers dans les oubliettes d’un journal.

A l’époque où HORWATH repêche ce fait divers pour écrire sa pièce « Foi, amour, espérance » il est frappé par l’ambiance asphyxiante qui règne en Allemagne et qui annonce l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

L’héroïne Élisabeth est une jeune fille au tempérament indépendant, entreprenante, insoumise qui a foi en son énergie, qui va se débattre en vain contre des ombres, parce qu’elle n’est pas assez cynique, elle est jeune, pour comprendre que ceux qui affichent une bonne volonté de surface, ne représentent qu’une eau stagnante qui exhale la puanteur. La gouttière est engorgée par les problèmes des uns et des autres qui s’empilent, ce qui ne laisse aucun débouché à une jeune aventureuse.

« 6 millions de chômeurs, alors taisez vous, ayez le profil bas ! Chacun pour soi, c’est la règle » . Ces commentaires, vous ne les entendrez pas dans les discours religieux ou politiques, vous les vivrez !

Banal et vrai ! Les hommes, nous dit HORWATH, ne sont ni méchants ni bons. Les instincts de conservation, de peur, de repli sur soi sont inhérents à leur nature. Faut-il donc qu’ils aient au fond de l’estomac une bizarre honte de pouvoir être assimilés à la race animale pour s’habiller de foi d’amour et d’espérance !

Ce n’est pas une sainte, Élisabeth, juste une petite goupille dans l’eau qui aura cet ultime plaisir de lancer cette phrase à son policier d’amant qui l’a abandonnée : – Ne va pas croire que c’est à cause de toi que je me suis jetée dans le canal, pour toi et ton radieux à venir ! Je me suis jetée à l’eau parce que je n’avais plus rien à bouffer… »

La mise en scène de Patrice BIGEL traduit l’obscurité des consciences, la nuit qui s’est abattue sur l’Allemagne en pleine crise économique, la solitude des êtres abrutis qui ne peuvent plus communiquer . La scénographie austère projette une architecture de murs, de bassin, de lits, toute en angle, quasiment mortuaire.

Le bassin étroit du zoo ou jardin public n’est même pas un vieux miroir désenchanté, c’est un objet de fonction démuni d’âme, aveugle. La nature semble s’être évaporée, pas d’arbres, pas d’oiseaux . Seul le préparateur du laboratoire d’anatomie se réjouit de braver l’interdit en nourrissant quelques pigeons invisibles.

Quelques chansons en allemand, naïves et désespérées, trouent l’air de temps en temps rappelant que malgré tout il s’agit d’un monde d’hommes et de femmes qui font partie de la nature…

C’est une ténébreuse perception fonctionnelle du monde et des êtres qui annonce la dictature d’Hitler de façon terrifiante.

HORWATH ne connaîtra pas la suite des événements. Il mourra bêtement, paraît-il, en sortant d’une représentation de Blanche Neige au Théâtre de Marigny en 1938, frappé par une branche d’arbre, en pleine tempête. Curieux salut de la nature !

De facture très moderne, dépouillée, la pièce de HORWATH est toujours d’actualité. Bouffer ! La montre d’HORWATH n’est pas romantique, elle s’arrête avec le cœur de la jeune fille qui flanche, aiguille visible dans l’eau d’une détresse mais aussi d’une volonté de lutter . Sinon HORWATH n’eut pas écrit cette pièce et fait sortir de l’ombre d’un fait divers cette jeune fille rebelle et brave.

- Foi amour espérance(97)Photo Agathe Hurtig Cadenel

Face à la réalité, il n’est pas besoin de se suspendre à de beaux discours, cette vérité qui sort de la bouche d’une jeune chômeuse, HORWARTH l’a entendue, il l’exprime comme il l’a reçue, de plein fouet. Sa pièce résonne comme un véritable gifle . HORWATH n’avait qu’un seul luxe, dire ce qu’il pensait, un luxe inouï dont il nous fait profiter.

Belle distribution des comédiens qui entourent la jeune Élisabeth un magnifique personnage de femme interprétée par Juliette PARMANTIER, étonnante de justesse, de naturel.

Une pièce à voir et à revoir . Éloquente et sévère, la mise en scène de Patrice BIGEL met en valeur par contraste le beau ferment de jeunesse et malgré tout de foi, amour et espérance que dégage Élisabeth, peut-être bien une voisine, une sœur, quelqu’un d’éloigné ou de trop proche.

Paris, le 29 Novembre 2015                                Evelyne Trân

NEIGE NOIRE – VARIATIONS SUR LA VIE DE BILLIE HOLIDAY AU THEATRE DU LUCERNAIRE – 53, rue Notre Dame des Champs 75006 PARIS – Jusqu’au 6 Décembre 2015 à 21 Heures du Mardi au samedi, le dimanche à 19 Heures –

aAFFICHE%20NEIGE%20NOIREAuteur : Christine Pouquet
Artistes : Samantha Lavital, Rémi Cotta, Philippe Gouin
Metteur en scène : Christine Pouquet

Scénographie et costumes : Cécile Delestre
Lumières : Nicolas Gros
Musique et arrangement : Michel Pastre

Trio, Michel Pastre, Pierre Christophe, Raphaël Dever
Composition sonore : Christophe Sechet

Neige noire, quel joli titre pour évoquer l’âme de cette artiste insaisissable Billie HOLIDAY. Dans le spectacle de Christine POUQUET, c’est le poing levé d’une belle jeune femme noire qui illumine son destin tragique. Pour résister aux multiples infamies qu’elle a subies pendant son enfance, il faut imaginer que Billie HOLIDAY avait chevillée dans l’âme, aussi une certaine idée du bonheur.

La voix, l’esprit opèrent comme un filtre, Christine POUQUET entend rendre hommage à la sensualité féminine de l’artiste incarnée superbement par Samantha LAVITAL

Une sensualité, un appétit de vivre exalté,capables de faire plier tels des arbres fantômes, les infortunes, d’atteindre le sommet sur une note bleue, le blues, et réunir dans une sorte de valse naïve, affective, les rencontres et les amours de sa vie dans un tourbillon enchanté, euphorique, rieur, enfantin.

Billie HOLIDAY avait envie d’être heureuse et cela s’entend dans ce spectacle original qui résonne comme un rêve éveillé de cette artiste qui a chanté pour vivre, qui a résisté en chantant de la plus belle façon notamment en interprétant cette audacieuse chanson Strange fruit qui donne un visage à ces noirs lynchés par des blancs.

Ludique et très suggestive la scénographie fait la part belle à des murs de valises défoncées qui évoquent la belle sculpture d’Arman et évidemment l’itinéraire cabossé de la belle Billie. Qu’à cela ne tienne, qu’elle soit assise par terre comme une enfant désemparée ou qu’elle se dresse sublime dans sa robe de scène rouge, Billie du seul souffle de sa voix généreuse ressource l’âme.

Accompagnée d’un trublion comique, excellent caméléon, le comédien et chanteur Rémi COTTA, Samantha LAVITAL incarne une Billie HOLIDAY, solaire, avec un grâce pleine de fraîcheur.

Il y a de l’éternité dans l’air celle que véhicule Billie à travers ses chansons qui murmurent en jazzant à travers la neige les portées musicales de nos peaux noires ou blanches. Un paysage musical fascinant que cette Neige Noire à ne pas manquer !

Paris, le 28 Novembre 2015                            Evelyne Trân

LA RECOLTE de Pavel Priajko – Mise en scène de Dominique DOLMIEU à la Maison d’Europe et d’Orient – 3 passage Hennel, 75012 Paris – DU 2 AU 12 DECEMBRE du mercredi au samedi à 20h30 et le 8 décembre à la Ferme de Bel Ebat – Théâtre de Guyancourt –

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Mise en scène Dominique Dolmieu
Assistante Céline Barcq
Dramaturgie Daniel Lemahieu, régie Antoine Michaud
avec Nouche Jouglet-MarcusBarnabé PerroteySalomé Richez et Federico Uguccioni

production Théâtre national de Syldavie / Maison d’Europe et d’Orient
avec l’aide à la production dramatique
du ministère de la Culture (
DRAC Île- de-France

Voilà une petite pièce tout à fait jubilatoire, sidérante et tristement comique qui met à nu les tics les plus « infâmes » de cet animal civilisé, l’homme face à son environnement.

 La pièce aurait aussi bien pu s’intituler « La récolte des pommes pour les nuls ». A l’heure d’internet et du smartphone, où il suffit d’un clic pour imaginer dialoguer avec le monde entier, quatre gusses, deux femmes et deux hommes se retrouvent dans un verger pour la récolte de pommes. Quoi de plus simple, si l’on imagine que des singes ou nos ancêtres préhistoriques analphabètes ont récolté les pommes bien avant nous.

 Ça parait simple et cela ne l’est pas du tout pour des citadins au demeurant sympathiques qui brillent pas leur incompétence, voire leur bêtise, tout en manifestant une bonne volonté catastrophique.

 La pièce est sidérante parce qu’elle met en lumière le brouillard d’ignorance de quatre individus qui pourraient bien nous ressembler, incapables de se concentrer sur leur action, la récolte de pommes,  plus soucieux de déléguer que d’agir eux-mêmes, qui vont se rendre coupables de la destruction d’une récolte, en s’enfonçant toujours davantage dans leurs bêtises, comme si hélas la bêtise était la chose la plus banale du monde.

 Mais l’auteur, Pavel PRIAJKO ne porte pas de jugement. Les spectateurs assistent à une véritable  leçon de choses en même temps que les protagonistes, apprenant au cours des travaux pratiques de ces jeunes inexpérimentés, qu’il ne faut pas enfoncer deux fois le même clou dans un cageot pourri et qu’il est  inutile de surcharger la caisse des plus belles pommes du monde, si la caisse en question est sans fond.

 C’est diablement instructif sauf que l’heure tourne et que nos quatre compères à peine décoiffés par leurs malheureuses expériences, n’auront même pas l’idée d’associer leur déconfiture à la vision apocalyptique de ces pauvres pommes  piétinées à même le sol. Ils retourneront tout bonnement à leurs téléphones  portables.

 Drôle et effarante, la pièce surprend par la précision de ses observations, le réalisme des situations dont les déclics sont d’autant plus comiques qu’ils font rejaillir l’inanité des paroles échangées entre les victimes.

 Force est de  reconnaitre que pour mettre en scène de tels « beaufs » il faut disposer d’un humour plutôt féroce. Comment une récolte de pommes peut devenir un événement tragique, toutes proportions gardées. Nous avons envie de dire « Tant pis pour les pommes » mais la défaite de ces quatre jeunes, au bas mot, nous concerne, elle désigne notre propre inertie, nos petitesses, nos lâchetés, notre manque d’appétence pour les choses les plus simples au profit  des virtuelles qui ne demandent pas d’efforts.     

  Il s’agit évidemment pour l’auteur de scruter tout ce qui dans les comportements humains, les plus anodins apparemment peut déboucher sur des désastres.

 En ligne de mire, l’irresponsabilité, l’indifférence, la perte des repères les plus élémentaires au profit d’instances qui dépassent l’individu et l’inclinent à laisser les autres à agir à sa place. « Après moi, le déluge » pourrait être le mot d’ordre de ces pauvres types.

 Une belle énergie se dégage de la mise en scène de Dominique DOLMIEU, dans une pièce qui requiert beaucoup de souffle pour rendre intéressants ces personnages qui brillent par leur inconsistance mais font sourire aux larmes.

 Les comédiens épatants emmènent les spectateurs dans une sorte de tourbillon infernal de la bêtise humaine et nous rions malgré nous de « ce cauchemar humain et social »  qui écarquille nos lanternes.

 Nous devons à la Maison d’Europe et d’Orient la découverte d’un auteur contemporain biélorusse Pavel PRIAJKO particulièrement percutant.

C’est une belle gifle qu’il envoie au dos de nos chimères. Ça fait mal mais ça fait du bien. Que les amateurs de pommes mûres ou pas mûres aillent voir de toute urgence ce spectacle sponsorisé par une pommeraie qui ne demande qu’à exister !!!

 Paris, le 10 Janvier 2014 

Mis à jour le 27 Novembre 2015                    Evelyne Trân

 

 

 

NEMA de Koffi Kwahulé par la Cie Oui Aujourd’hui au THEATRE DU HUBLOT – 87 Rue Félix Faure 92700 COLOMBES Du 18 au 21 novembre 2015 et Du 25 novembre 2015 au 6 décembre 2015 au Théâtre de l’Opprimé, 78 rue du Charolais 75012, Paris. Du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 17h.

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  • Les 28 et 29 janvier 2016 au Théâtre de Fontenay-le-Fleury, Place du 8 mai 1945,78330, Fontenay-le-Fleury. A 20h30.

    Du 5 au 7 février 2016 au Pocket Théâtre, 36 boulevard Gallieni, 94130, Nogent-sur-Marne. Vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 17h.

  • Mise en scène Marie Ballet
  • Assistée de Matthieu Fayette
  • Avec Marion Amiaud, Aurélie Cohen, 
Matthieu Fayette, Jean-Christophe Folly, Emmanuelle Ramu, Ombeline de la Teyssonnière
  • Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, de la Spedidam et de l’Adami

C’est vraiment une très belle écriture que celle de KOFFI KWAHULE d’une fluidité incroyable. Les mots, les phrases qui courent dans la bouche des personnages, qui circulent comme d’infinis rayons de lumière, donnent l’impression d’être suspendus dans l’air, d’en être les émanations . Très souvent, dans cette pièce NEMA qui est une anagramme d’Amen « une longue prière à la vie qui accompagne le troisième mouvement de la symphonie n°3 de GORECKI » , les personnages parlent comme dans un rêve, ignorant s’ils sont entendus.Ils parlent pour eux mêmes et leurs paroles flottent, crépitent telles les vibrations d’un grande vague, d’une histoire à partager. L’écriture de KOFFI KWAHULE nous dit la metteure en scène Marie BALLET, est inspirée du jazz.

Bien que les personnages soient bien définis, les répliques ne sont pas distribuées, ce qui laisse une grande marge à l’improvisation des comédiens et encourage la liberté de Marie BALLET, particulièrement créative.

Abordant un sujet très grave, celui des femmes battues, KOFFI KWAHULE a choisi de regrouper les nuances, les inconsciences des uns et des autres, des victimes et des bourreaux, pour un psychodrame collectif auquel peuvent prendre part des personnages aussi complexes, poignants que celui de NEMA, une domestique semble t-il aimée par son mari, un fleuriste qui ne cesse de lui apporter des bouquets mais également de la battre, exerçant naturellement son droit de cuissage, son droit de mari.

Qui aime bien châtie bien. Il faudrait mettre ce proverbe à la poubelle. Car c’est celui là dont se sert impudemment le mari . Et NEMA n’ose rien dire, cela fait partie de son quotidien, elle reste recluse dans la douleur, l’humiliation.Elle a aimé cet homme, elle a été choisie par lui comme épouse, ce qui est une marque de reconnaissance incroyable, alors pourquoi ?

Sa douleur muette draine d’autres souffrances, celles de sa patronne, une directrice d’agence, ambitieuse, qui à son tour est victime des vilenies machistes de son époux frustré professionnellement, et de sa belle mère jalouse.

Photo NEMA

KOFFI KWAHULE observe le mal qui se développe et c’est une baignoire à sabot, objet incongru, presque grossier, qui devient le lieu de rencontre des personnages, quasiment le foyer de leur inconscient, de leurs corps à corps.

Tout se passe sur le même plateau. La boutique du fleuriste, il n’est pas besoin d’imaginer ses murs, Nicolas les trimballe avec lui, de même les paroles des personnages suffisent à suggérer un salon ou une chambre à coucher. Concrêtement se distinguent la baignoire fétiche et cette drôle de personne aussi qui lit des petites annonces de cœur souvent très drôles.

La mise en scène inspirée de Marie BALLET met en évidence l’incohérence des comportements de ces couples qui jurent tout haut leur amour et se détruisent.

Le mal est là invisible. KOFFI KWAHULE dénonce sa sournoiserie dont seuls des objets telle qu’une baignoire pourraient être témoins ou des regards plus vigilants, capables de s’attarder sur les bleus muets des femmes battues.Il dénonce aussi les personnes comme la belle mère qui par leurs propos malveillants encouragent la répétition de ce mal.

En dépit de la gravité du sujet, l’écriture de KOFFI KWAHULE reste poétique, aérienne. La distribution est excellente et le beau personnage de NEMA est servi par une magnifique interprète, Marion AMIAUD.

Avec finesse, KOFFI KWAHULE et l’équipe de la compagnie Oui aujourd’hui, remuent la chair du psychisme des acteurs de ce drame NEMA, qui est aussi la nôtre inconsciemment ou pas . Un spectacle d’une grande sensibilité, vibrant !

Paris, le 22 Novembre 2015                                Evelyne Trân

LES HOMMES DE CHARLOTTE DELBO par la Compagnie pARTage au THEATRE DE L’EPEE DE BOIS A LA CARTOUCHERIE DE VINCENNES 75012 PARIS du Du 18 au 29 novembre 2015 – Du mercredi au samedi à 20h30 – Le samedi et dimanche à 16h – Réservations : 01 48 08 39 74 –

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Mise en scène
Florence Cabaret & Jeanne Signé

Avec Sabrina Bus, Séverine Cojannot, Pauline Devinat, Christine Lietot, Nathalie Lucas, Céline Pitault, Florence Tosi

Décors
Marguerite Danguy des Déserts
Lumières
Sébastien Lanoue assisté de Valentin Bodier
Son
Jeanne Signé

Étrange ce titre LES HOMMES en lettres capitales blanches qui se dresse comme une pancarte, un grand panneau de signalisation. Toute désignation implique nécessairement l’existence d’une frontière, quelque chose à ne pas dépasser, faute de quoi nos repères se troubleraient, faute de quoi tout se mélangerait dans nos petites consciences. Et pourtant communément lorsqu’on parle des hommes, paraît-il les femmes font partie du lot . Les hommes, c’est un terme générique qui englobe l’humanité.

Charlotte DELBO a vécu cette expérience de frontière avec LES HOMMES notamment lors de son incarcération avec d’autres femmes résistantes au Fort de Romainville avant d’être déportée à Auschwitz . Les femmes étaient séparées de leurs hommes, maris, amants ou frères . C’était seulement au cours de promenades dans la cour de la prison qu’elles pouvaient les apercevoir, les guetter à travers des grillages.

L’étiquette de résistante colle à la peau de Charlotte DELBO avec son cortège de douleurs. Elle est aussi un grand écrivain, ce qui lui appartient en propre. Sa pièce LES HOMMES écrite en 1978 est représentée pour la première fois au Théâtre de l’Epée de Bois. Dans cette pièce, il est évident que Charlotte DELBO rend hommage à ses compagnes de détention . Beaucoup d’écrits de Charlotte DELBO ont précédé l’écriture de cette pièce, ce qui lui permet d’aller à l’essentiel, évoquer un moment de partage unique avec ses compagnes lorsque abruties par l’angoisse, le désespoir, elles décidèrent de monter ensemble une pièce de théâtre.

Plusieurs d’entre elles hésitent, elles n’ont pas le courage de s’intéresser à des « futilités » et puis elles ressentent la nécessité de rester dans la vie, de réagir, ce qui est une forme suprême de résistance.

Il est vrai que Charlotte DELBO avait dans ses bagages de mémoire la troupe de théâtre de Louis JOUVET dont elle fut la secrétaire. Elle avait quitté la troupe en 1941pour rejoindre La Résistance avec son mari Georges DUDACH, fusillé en 1942.

La pièce sans aucune emphase littéraire est très émouvante . Charlotte DELBO se trouve à l’intérieur du dortoir de la prison sans se nommer; elle fait partie des personnages, de sorte que pendant l’action, on l’imagine réellement être là derrière les épaules de ses compagnes, soucieuse de recueillir leurs pensées, ces angoisses difficiles à partager, muettes. Elle ne cesse de les regarder bien des années plus tard ayant à cœur de retranscrire le plus justement possible leurs paroles, leurs émois et de les faire revivre.

Pas de pathétisme non plus dans cette pièce . La mise en scène extrêmement soignée et les très justes incarnations des comédiennes, réussissent à rendre l’atmosphère à la fois tendue et recueillie de cette chambrée de femmes où les va et vient des mouvements de pensées intérieures et extérieures coexistent . Les femmes ne crient pas, elles subliment leurs douleurs dans l’action, celle que réclame le montage d’une pièce, entreprise qui leur permet de retrouver en elles des trésors d’imagination, de créativité.

Il se dégage de cette représentation une réelle beauté, sans doute la beauté intérieure de Charlotte DELBO . Témoignage renversant d’une femme qui s’est battue toute sa vie pour la liberté, a aimé jusqu’au bout des ongles le théâtre qui fut avec la poésie ses armes de combat. Elle l’a dit, elle a survécu à ses années de déportation grâce à la poésie qu’elle avait logée dans la mémoire, grâce au dialogue avec ses compagnes de détention.

Nous ne pouvons qu’engager le public à aller découvrir LES HOMMES à l’Epée de Bois et de poursuivre la rencontre avec ce grand écrivain, à travers son œuvre majeure, essentielle, encore trop peu connue.

Paris, le 22 Novembre 2015                       Evelyne Trân

C’est la vie de : Peter Turrini, mise en scène : Claude Brozzoni, avec : Jean-Quentin Châtelain, au THEATRE DU ROND POINT 2bis av Franklin D. Roosevelt 75008 PARIS du 17 NOVEMBRE AU 13 DECEMBRE 2015 A 18 H 30 – Relâches les Lundis et le 22 Novembre 2015 –

Il faut avoir un extraordinaire toupet pour imaginer son « moi je » tel le fil de fer d’un ballon tenir la course d’un spectacle poétique, musical et endiablé . Véritable organe que le je de Peter TURRINI auteur de théâtre reconnu internationalement, qui n’a guère besoin de récurer les casseroles pour clamer son existence.

Peter TURRINI n’est pas imbu de lui même . C’est un étonné, un perpétuel étonné qui raconte comment la vie s’est attachée dès ses premiers balbutiements à le faire rebondir, à le surprendre, à le suffoquer, à se moquer de lui aussi.

Reconnaissons tout de même qu’elle est fort résistante cette conscience aimable dont nous sommes tous pourvus qui nous traîne du berceau à la tombe, sans crier gare. Peter TURRINI s’est il vraiment remis de cet extraordinaire événement, celui de sa naissance. Il pose le doigt sur son nombril comme il toucherait une fleur. Il s’est laissé pousser au milieu des diableries de l’existence, découvrant que sa fleur à la fois fragile et folle, il devait la tenir à la bouche, perchée quoiqu’il arrive, il l’a nommée Poésie.

Le metteur en scène Claude BROZZONI séduit par l’aspect irraisonnable du personnage lui a demandé de raconter sa vie et voici l’homme qui souffle dans le ballon le courant de son existence, de la source en Autriche après guerre, dans une famille d’émigrés Italiens, aux divers ruisseaux, fleuve et mer, des tribulations d’un homme qui fit pour gagner sa vie, toutes sortes de métiers, avant d’être reconnu comme artiste écrivain.

Au théâtre, l’homme peut imprimer dans l’air les tourbillons de ses émotions, de ses révoltes politiques, ses déconvenues. La tristesse fait aussi partie de son parcours . Chez lui, la fleur de vie est insatiable et récolte aussi bien les joies que les déceptions. C’est la vie dira quiconque.

Il y a une fragilité désarmante chez cet homme tonitruant, un pas à franchir qu’exprime fort bien Claude BROZZINI qui introduit sur la scène, le chœur musical de deux musiciens très impliqués et une grande toile de peintre où se projettent des images de la guerre du Vietnam, de Woodstock, de la coupe du monde au Mexique etc. Parce qu’en parlant de sa vie, Peter TURRINI parle de la vie tout court, celle que nous transportons, celle qui nous transporte…

L’interprète Jean-Quentin CHATELAIN est génial. Grâce à lui, le je tempétueux de Peter TURRINI devient un réceptacle de sensations gourmandes, tendres et suaves mais pas seulement. C’est un cri de la vie, qui rappelle celui du nouveau né toujours là chez TURRINI . Oui, cela fait un bien fou d’entendre parler de la vie avec une telle simplicité, un tel appétit. Tous les gens du théâtre le savent, chaque représentation est un événement, c’est ce que nous avons éprouvé avec Jean-Quentin CHATELAIN et toute l’équipe de ce spectacle inépuisable !

Paris, le 21 Novembre 2015                                      Evelyne Trân

EUGENIE – TEXTE ET MISE EN SCENE DE COME DE BELLESCIZE – 13 NOVEMBRE – 13 DÉCEMBRE 2015 au THEATRE DU ROND POINT 2bis av Franklin D. Roosevelt 75008 Paris –

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Crédit illustration: Stéphane TRAPIER

Serions nous d’ores et déjà trop formatés pour appréhender des situations hors normes ? COME DE BELLESCIZE pose un regard oblique sur un fait de société, le contrôle des naissances, la procréation dont l’issue heureuse ou malheureuse n’est jamais garantie.

Faut-il croire les médecins, ces savants avec leur arsenal technologique capables de déceler les malformations d’un embryon avant sa naissance ou comme la mère d’Eugénie dans la pièce laisser parler son instinct qui entend accueillir la vie quoiqu’il arrive.

La naissance d’un enfant lorsqu’il est désiré est un événement fabuleux.Il est évident que si les parents se représentaient tous les risques, toutes les douleurs qui attendent le nouveau né, ils renonceraient à procréer. Pour Sarah qui vient d’apprendre qu’elle est enceinte d’un « monstre» renoncer à accoucher, c’est se couper de la vie elle même, c’est et la douleur doit être infernale c’est avoir à se représenter son ventre comme un lieu de mort.

Dans cette comédie tragique COME DE BELLESCIZE pose en quelque sorte le doigt sur le nombril de notre société rappelant que l’enfant à venir est souvent le sujet de projections parentales. Ce sont ces projections qu’il met scène en créant un nouveau personnage, l’enfant à venir censé toutes les endosser.

Avant même de naître l’enfant est déjà là dans la tête de la mère et aussi dans son ventre, dans la tête du père qui a œuvré pour faire sortir sa graine tel un chevalier antique en quête du Graal. Succulent épisode de l’homme qui fait feu de toute son imagination pour faire jaillir sa semence dans des conditions anti érotiques.

Sam a beau se croire très rationnel, avoir du répondant lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de photocopieuses, cet idéal d’un monde propre, net, performant et sans failles qu’il défend et qui l’intoxique certainement, a quelque chose de monstrueux.

Quant aux couloirs de la conscience des deux parents, ils font penser à des wagons bondés qui déraillent sous le choc de l’émotion.

Mais COME DE BELLESCIZE prend à la source l’enfance, celle des contes de fée, des mythes qui agissent comme des balbutiements de conscience positive, en tout cas soulageante puisqu’elle permet d’instaurer le désir aussi puissant qu’un roi, d’exprimer la vitalité des fantasmes, leur rôle dans nos décisions.

Sur un thème aussi délicat que la procréation d’enfants handicapés, COME DE BELLESCIZE parle aussi de l’enfance, l’inconscience de la société, qui, elle aussi, utilise les fantasmes des individus, les plus primaires, ce qui laisse fort peu de place en réalité au libre arbitre.

Des projections infantiles qui hérissent l’épiderme, remuent profondément grâce à une mise en scène inventive, poétique et drôle, servie par d’excellents comédiens, qui a dans le ventre ce pouvoir de l’imaginaire de croire à la création, à l’avenir toujours à venir…

Paris, le 14 Novembre 2015                             Evelyne Trân

DINO FAIT SON CROONER, SHIRLEY FAIT SA CRÂNEUSE Les dimanches à 18h00 et les lundi à 20 h au Théâtre de l’Atelier Place CHARLES Dullin PARIS – A partir du 13 Septembre 2015 –

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Mise en scène Corinne Benizio
Chant Corinne et Gilles Benizio alias Shirley et Dino
Musiciens Alvaro Bello Bodenhöfer, Benoist Raffin, Arnaud Sacase et Vadim Sher

Production : Achille Tonic productions

Il a bel et bien envie de sortir de son trou, de son chapeau, la ville de POUILLE, l’étiquette d’amuseur public qui lui colle à la peau, DINO qui a décidé de mettre en avant le chanteur de charme qui dormait en lui.

Eh oui DINO est double, le trublion, le clown a un frère siamois romantique, élégiaque capable de rouler des airs, en chansons.

Mais il n’a pas envie d’entraîner le public dans un voyage cartes postales ou simplement album de famille. A table, à table crie t-il au public, endossant un tablier de cuisinière comme une véritable mamma italienne.

Tout le long du spectacle, il laissera mijoter la sauce de tomates que goûteront à la sortie, les spectateurs. DINO nous raconte que sa grand mère ne cessait pas de chanter tout en cuisinant. Du coup, le fumet de cette sauce devint le signal sonore d’un désir irrépressible de … chanter.

Cela bout dans la marmite, cela crépite et les bulles des mélodies les plus connues s’enchaînent : Come Prima”, “Da una lacrima sul viso”,”tu vuo’fa’ l’Americano”, “Bella Ciao!” etc.

DINO est heureux, il présente les musiciens pour la plupart d’origine italienne comme lui, il s’affaire dans quelques souvenirs. Mais le diable de clown qui ne l’a jamais quitté le tire par les bretelles. Pauvre DINO qui fait éclater de rire alors qu’avec sa belle voix profonde, il crie non point famine mais romance !

Shirley sa muse est de retour et c’est tant mieux car elle n’est pas seulement drôle , elle a vraiment du charme dans sa robe à paillettes sexy, sa voix haut perchée est unique !

Le spectacle est un véritable fête, un gala de bonne humeur à l’italienne, à la bonne franquette !

DINO chanteur de charme ? Mais oui ! Qui eût dit que lorsque le diable sort de sa boite, il ne chante qu’en italien !

Paris, le 13 Novembre 2015                                 Evelyne Trân

LE MONTE-PLATS De Harold Pinter – Mise en scène Christophe GAND au THEATRE DE POCHE MONTPARNASSE 75 Bd du Montparnasse 75006 PARIS du 10 NOVEMBRE 2015 AU 10 JANVIER 2016 DU MARDI AU SAMEDI à 19 H 00, le DIMANCHE A 17 H 30.

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Avec Jacques BOUDET et Maxime LOMBARD

  • Création lumière Alexandre ICOVIC
  • Décor Claire VAYSSE
  • Son Renaud DUGUET

C’est extrêmement réaliste, encore mieux qu’au cinéma, on se croirait dans un scène d’un polar de Simenon. Existent-ils encore ces taudis-hôtels des années cinquantaine qui servaient de niches aux voyous ou aux filles de joie ? C’est assez curieux mais la chambre qu’occupent les deux héros du Monte-plats de PINTER, semble refléter leur propre usure.

Qui sont ils ? Des personnes apparemment ordinaires qui attendent, n’en finissent pas d’attendre dans cette pièce peu avenante, sans fenêtre, équipée tout de même d’un WC et d’un coin cuisine.

Qu’attendent ils ? Ils attendent des ordres de leur employeur . Tous les détails ont leur importance dans la mise en scène , tous les gestes aussi. Ben légèrement affalé sur un lit de camp lit le journal. Gus quant à lui ne cesse de râler . Les deux hommes, des tueurs à gage, collègues de travail, se comportent comme un vieux couple. Ils se chamaillent pour des vétilles. Il faut bien passer le temps, il y a de l’anxiété dans l’air, les ordres ne viennent pas et les deux hommes finissent par se demander s’ils ne sont pas tombés dans un traquenard. C’est à ce moment là que le monte-plats intervient apportant avec un bruit d’enfer à chaque montée une nouvelle commande de plats qu’ils sont bien incapables d’honorer.

Nous n’en dirons pas plus car le suspense, les interrogations, les angoisses qu’éprouvent les deux hommes sont partagés par le public…

Harold PINTER porte un regard plutôt tendre sur ces deux hommes C’est le corps de pauvres bêtes, de pauvres humains, qui parle de façon tout à fait prosaïque. Tout se rapporte au corps, à son bien être surtout lorsqu’on se retrouve enfermé quelque part… Tout ce qui cloche prend des proportions invraisemblables. Si les corps des deux hommes devenus hypersensibles au moindre bruit, crient leurs misères, leurs faiblesses, l’irruption du monte- plat résonne comme une semonce complètement abstraite contre laquelle ils se trouvent absolument démunis.

Il n’est rien besoin de souligner . Nous voyons vivre les deux hommes, éprouvons de l’empathie à leur égard, rions de leurs tracasseries matérielles, jusqu’au bout, le bout de leur vie qui est celle aussi de la pièce.

Les deux comédiens rendent vraiment attachant ce vieux couple. Jacques BOUDET incarne un Gus fatigué et vulnérable, plein de bonne volonté par contraste avec le personnage de BEN plus vif mais plus sec et autoritaire, interprété par Maxime LOMBARD.

Belle farce métaphysique tout à fait croustillante, servie par d’excellents acteurs et la mise en scène très éloquente de Christophe GAND. A ne pas manquer !

Paris, le 12 Novembre 2015                 Evelyne Trân