CERNODRINSKI REVIENT A LA MAISON de Goran Stefanosvski – Création du Théâtre national de Syldavie – du 9 Juin au 20 Juin 2015 – du Mardi au samedi à 20 H 30 –

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de Goran Stefanosvski

traduit du macédonien par Maria Béjanovska
avec le soutien de l’Union européenne
et du ministère de la Culture de la République d
e Macédoine

mise en scène Dominique Dolmieu
dramaturgie Daniel Lemahieu – régie Antoine Michaud

avec
Céline Barcq, Alain Carbonnel,
Géry Clappier, Fabrice Clément,
Franck Lacroix, Tristan Le Doze,
Barnabé Perrotey, Salomé Richez
et Clara Schwartzenberg

Quand les auteurs contemporains français doivent remuer ciel et terre pour faire jouer leurs pièces de théâtre, nous ne pouvons qu’applaudir le travail de la Maison d’Europe d’Orient qui se préoccupe de faire sortir de l’ombre des auteurs vivants de l’Europe du sud, en traduisant et publiant leurs textes .

Né en Macédoine en 1952, Goran STEFANOVSKI l’auteur de la pièce « CERNODRINSKI  revient à la maison » est un écrivain voyageur conscient de cette lumineuse relativité du temps et de l’espace. Il n’empêche, la date de publication de cette pièce coïncide avec celle de l’indépendance de la Macédoine en 1991.

CERNODRINSKI (1875-1951) considéré comme le fondateur de théâtre macédonien fait figure de porte flambeau des libérateurs de la Macédoine. Dramaturge, auteur de nombreuses pièces dont les Noces de Sang macédoniennes , sa troupe itinérante a parcouru la Bulgarie et la Macédoine Ottomane au siècle dernier qui a connu les guerres des Balkans et de Yougoslavie.

CERNODRINSKI est devenu un mythe dans la mémoire collective des Macédoniens, il surgit dans les conversations souvent inconsciemment.

STEFANOVSKI a donc eu l’idée d’introduire ce personnage comme facteur invisible de lien social dans une myriade de petits sketches d’une saveur très éclectique . Tourbillonnant voyage dans les années 1900 au cours duquel, les spectateurs auront même la chance de rencontrer Tristan TZARA en piteux poète et André BRETON.

La plume de STEFANOVSKI agit comme un faisceau, chacun de ses sketches oscille dans l’intervalle de la pose et du flash. Procédé surprenant mais très rafraîchissant .

Comment une personne absente en l’occurrence très connue, peut-elle s’insinuer dans la vie d’individus qui eux ne se connaissent pas du tout, dans toutes sortes de situations, dramatiques ou ubuesques ? Prises de vues au-dessus ou par dessus le passé ? Le passé est à venir . Dans des instants d’émotions fortes, les protagonistes n’ont ils pas parfois la sensation d’être observés par un spectateur invisible, et si ce spectateur existe et assiste à nos scènes comprend-il de qui on parle et pourquoi nous nous agitons tant ?

Dans le va et vient d’une conversation, il y a des tours de cache cache entre passé et présent qui procurent ce plaisir spécial de la curiosité. Et c’est ce plaisir là qui préside dans la pièce «  CERNODRINSKI revient à la maison ».

Au cours de la pièce, les interprètes en véritables caméléons endossent chacun plusieurs rôles avec une rapidité étonnante. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le metteur en scène Dominique DOLMIEU et tous les comédiens font de la pièce de STEFANOVSKI un joli feu d’artifice qui nous éclaire, nous emporte là bas en Macédoine ou ailleurs, retrouver notre propre CERNODRINSKI.

Si donc le cœur vous dit de voyager, nous ne pouvons que vous exhorter à aller faire un tour à La Maison d’Europe et d’Orient, découvrir cet étonnant voyageur dans le temps et l’espace, le dramaturge Goran STEFANOSKI .

Paris, le 14 Juin 2015                     Evelyne Trân

TEATRO A CORTE- LE THEATRE EUROPEEN DANS LES DEMEURES ROYALES DU PIEMONT DU 16 JUILLET AU 2 AOUT 2015 sur trois week-ends du jeudi au dimanche

TEATRO A CORTE

 

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C’est devenu un rendez vous incontournable, un événement, celui de l’élan migratoire de plusieurs compagnies venues de toute l’Europe, 8 pays cette année, présenter sinon leurs meilleures créations, celles les plus susceptibles d’aller à la rencontre du public.

Toute une floraison de signes, qui trace son sillon sur la belle terre du Piémont, toujours au mois Juillet . L’empreinte laissée par les compagnies qui se sont succédées au cours des dernières années dans les demeures royales du Piémont est devenue une terre d’accueil pour les jeunes créateurs qui entendent non seulement se faire connaître mais partager leurs émotions. L’effervescence qui règne ne tombe pas pourtant du ciel, car le fondateur du festival , Beppe NAVELLO opère comme un jardinier qui connaît par cœur , au sens propre, toutes ses plantes et est toujours,l’affût de nouvelles pousses.

Le programme de cette année entend permettre au public d’explorer ses sens au seuil du visible et de l’invisible, de l’inouï et de l’impalpable pour qu’il s’inscrive lui même en tant que témoin sur la route de la création contemporaine.

Nos modes de perception ont-ils évolué depuis le moyen âge ? Pas évident d’ajuster nos antennes préhistoriques aux nouvelles sirènes virtuelles. C’est le corps en devenir celui de l’individu et celui de la société que les créateurs d’aujourd’hui, par la danse, le cirque, le théâtre,les vidéo performances, les spectacles de marionnettes interrogent.

Retrouvailles avec un corps imaginaire, en attente, qui nous rappelle nos besoins d’expression des plus élémentaires aux plus délicats. La palette est large, ne l’oublions pas ! Les superbes façades des châteaux du Piémont jouent le rôle d’écran géant aux manifestations de créateurs soucieux de n’être pas seulement d’éphémères reflets des mouvements de notre monde.

Ils pigmentent et bousculent le regard du public leur offrant non seulement le boire et le manger, en écho à l’exposition universelle de Milan, mais une inoubliable valse de sensations .

Cette année,la vitrine sera allemande avec 7 spectacles et au cours de 12 journées de festival, 26 compagnies représentant 8 pays différents. (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Finlande, Israël, Italie, Royaume Uni) présenteront leurs spectacles dont 12 créations in situ.

Fidèles parmi les fidèles de ce festival depuis des années, nous ne manquerions ce rendez vous à aucun prix. Il est vrai que le programme de cette année qui accueille également de nombreuses compagnies françaises, euphorise nos papilles.

Et vu que Turin n’est pas si loin d’Avignon, nous enjoignons leurs festivaliers à aller faire un tour à TEATRO A CORTE, pour y goûter le meilleur miel du théâtre européen, sa gelée royale !

Paris, le 13 Juin 2015                                        Evelyne Trân

Le Banquet de la Sainte-Cécile De et par Jean-Pierre Bodin – Avec la complicité de François Chattot du JEUDI 4 > SAMEDI 6 JUIN à 21H au Théâtre de l’Européen – 5, rue Biot 75017 PARIS –

Affiche le Banquet Européen (2)Tournée 2015 – 2016 

10 octobre 2015 (date à confirmer) : Centre culturel Simone Signoret d’Amfreville

 24 octobre 2015 (date à confirmer) : Montceau-les-Mines

  29 octobre 2015 : Rencontres publiques de la Maison Jacques Copeau à  Pernand-Vergelesses

 Costumes  Alexandrine Brisson, Lumière Gérard Bono, conception et réalisation technique Jean-Baptiste Herry, Jean-Claude Fonkenel, Denis Tisseraud

Durée du spectacle : 1h30

Coproduction : La Mouline, Quai n°5, le Théâtre de Poitiers, Avec le soutien de la DRAC Poitou-Charentes, du Conseil Régional Poitou-Charentes, des Conseils Généraux des Deux-Sèvres et de la Vienne et de l’ADAMI La Mouline est soutenue par Le Ministère de la Culture/Drac Poitou-Charentes,  le Conseil Régional Poitou-Charentes et le Conseil Général des Deux-Sèvres

Dresser le portrait d’une petite commune de France, c’est un jeu d’enfant, n’est ce pas. Ne suffit-il pas d’installer sur une nappe, l’église, la place de la mairie, les boutiques des artisans et des commerçants, le cabinet du docteur et du dentiste etc., et puis d’ouvrir toutes les portes en laissant parler les habitants.

Vous n’y songez pas ! Chaque ville, chaque village, chaque hameau disposent d’une carte d’identité. Aucune commune ne ressemble à une autre mais toutes n’ont pas la chance d’avoir un portraitiste éclairé qui puisse les mettre en valeur.

Grâce à ce formidable conteur qu’est Jean-Pierre BODIN, Chauvigny est en passe devenir aussi célèbre que Tarascon . Il ne faut pas être sorcier pour décrire par le menu une petite commune de France mais mieux vaut avoir la plume chevauchante, curieuse et aiguisée comme celle d’un détective à la recherche des indices les plus inouïs, tel un Simenon en cavale.

Pour dénicher tous les mystères croustillants et les anecdotes les plus cocasses qui se cachent derrière les bonnes figures du boulanger, du dentiste, du boucher etc. , il suffit de faire partie de l’harmonie municipale de la ville, véritable institution qui permet à tous ses volontaires d’exercer leurs talents musicaux. En effet, pas de 11 Novembre, pas de fête aux flambeaux, pas de 14 Juillet sans la présence de cette harmonie qui répète toute l’année les partitions de la Marseillaise et du chant des partisans.

Véritable voyage en terre inconnue car ce n’est pas si souvent que les facettes de ces gens ordinaires que nous sommes tous dans la vie, révèlent au détour d’un regard plutôt tendre et parfois ironique, leurs curiosités, leurs tics, leurs bizarreries, leurs originalités.

Jean-Pierre BODIN et François CHATTOT, son complice, n’entendent pas faire de la caricature ni de la littérature. Leur parti pris, c’est de composer des sortes de portraits qui échappent à la règle, tout simplement parce qu’ils ont le sentiment que leurs protagonistes, trop vivants, ne méritent pas d’être figés dans un album de photos ou de faire seulement figure de bêtes curieuses dans un documentaire. Cela dit, si l’on rêve que dans la littérature, il y a le mot terre, nous pouvons dire que l’écriture du conteur se confond avec tous ces chemins de terre qu’il faut traverser pour aller à la rencontre des habitants de Chauvigny.

La randonnée dure un heure trente mais nous ne voyons pas passer le temps car le guide a parsemé la route de multiples surprises dont la dernière, dont nous ne dirons, mot est particulièrement réjouissante.

La grande table autour de laquelle s’affaire le conteur est conviviale à souhait et nous n’avons guère de mal à imaginer qu’elle était occupée tantôt par toute l’équipe de l’harmonie partie en vadrouille. Suspense !

Seul en scène, Jean-Pierre BODIN est un conteur plein de malices qui vit tout ce qu’il raconte, un peu comme s’il se roulait dans la terre de son enfance.

Avec lui, nous pouvons nous réjouir de nos ongles tout noirs d’avoir trempé dans cette terre, qu’elle vienne de Chauvigny ou d’ailleurs, c’est aussi la nôtre !

Paris, le 7 Juin 2015                  Evelyne Trân

 

 

 

Au-delà Un spectacle de DeLaVallet Bidiefono et la compagnie Baninga au Théâtre Claude LEVI-STRAUSS – Musée du Quai BRANLY – 37 Quai Branly Du mercredi 3 au dimanche 14 juin 2015

Distribution :

Chorégraphie : DeLaVallet Bidiefono

  • Texte : Dieudonné Niangouna
  • Musique : Morgan Banguissa, DeLaVallet Bidiefono, Armel Malonga
  • Danseurs de la compagnie Baninga : Flacie Bassoueka, DeLaVallet Bidiefono, Destin Bidiefono, Ingrid Estarque, Ella Ganga, Nicolas Moumbounou
  • Chanteur : Athaya Mokonzi
  • Musiciens : Morgan Banguissa, Armel Malonga
  • Création lumières : Stéphane ‘Babi’ Aubert
  • Régie lumières : Cléo Konongo
  • Création sonore : Jean-Noël Françoise
  • Régie son : Périg Villerbu
  • Production déléguée : Le Grand Gardon Blanc / Compagnie Baninga
  • Diffusion et développement : Antoine Blesson, assisté de Allan Périé
  • Production : Émilie Leloup, Léa Couqueberg

 

 Il y a tous ces fantômes qui se dressent, ceux des victimes de la guerre civile à BRAZAVILLE au Congo qui eût lieu entre 1993 et 2001 et les vivants, les rescapés, qui tentent de témoigner, de survivre . Le chorégraphe Bidiefono DELAVALLET, les danseurs, les musiciens et le chanteur Athaya MOKONZI se souviennent dans leurs tripes de l’horreur de la guerre. Ils manifestent que le pont n’est pas rompu entre les vivants et les morts comme dans le  célèbre poème « Souffles » de Birago DIOP :

 Ceux qui sont morts ne sont jamais partis 

Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.:

 La terre tremble sous les pieds de danseurs en quête d’espérance . Que disent les corps, qu’ont-ils à dire, quand se mêlent dans leur mémoire aussi bien la peur de la mort, l’effroi que le simple désir de vivre. La chorégraphie de Bidefiono DLAVALLE exprime ces alternances de peine et de joie de façon très dépouillée, ayant à cœur de laisser circuler l’indicible, de sorte que les spectateurs n’assistent pas seulement à une performance de danseurs, ils partagent l’ombre offensive, celle qui goutte avec les doutes, les inquiétudes, les effarements.

 Ainsi les danseurs se retrouvent sur cette lisière entre la vie et la mort, sachant que chacun de leurs gestes, peuvent aussi bien toucher les vivants que les morts.

 Et comment et pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de frontière au cœur de l’émotion. Et même si les cris de révolte n’obtiennent pas de réponse immédiate, ils ont leur place celle que leur offrent les danseurs .

 Ce faisant, ils convoquent les corps qui  s’expriment aussi bien par le chant que par  le mime, pas de frontière non plus pour les musiciens et le chanteur, invités à les rejoindre. Les figures de l’un et du collectif s’exhortent mutuellement.

 Et la voix ténébreuse,  tel un charbon ardent, d’Athaya MOKONSI, à travers le chant poème de Dieudonné NIANGOUNA, devenue tampon de cette alternance de conflits et de réunions, telle Sisyphe au bord son rocher, avoue « Je suis dans le vide »

 Au-delà, pensons nous, il y a ce partage ineffable qui va du bouillonnement de la vie aux questions les plus secrètes d’un homme, une histoire d’intime conscience d’avoir à partager le même combat pour la  vie.

 Ce spectacle exceptionnel, créé en 2013 à Avignon, a toute sa place au  Théâtre Claude LEVI STRAUSS du Musée du Quai Branly. Impossible de sortir indemne de cette impressionnante manifestation artistique.

 

Quelque chose s’y passe qui va au-delà de l’émotion esthétique, au-delà de l’exotisme, qui nous raccorde au  simple désir de vivre passionnément.

 

Paris, le 6 Juin 2015               Evelyne Trân