Avec:
Stéphanie Bassibey, Laurent Labruyère, Ludovic Laroche,
Nicolas Saint-Georges, Roch Antoine Albaladéjo,
Vous avez mal à la tête et vous êtes d’humeur morose, voire blafarde, sachez qu’il n’y a qu’un seul remède, celui que conseillait le médecin au mime DEBUREAU alias Sacha GUITRY .
« Allez donc au théâtre mon cher, pour vous dérider ».
En guise de pastilles effervescentes, trois petites pièces virevoltantes de FEYDEAU qui fonctionnent un peu comme la nappe tout sourire des jolies conventions qu’affectionne l’espèce humaine, qu’il suffit de tirer, ne serait-ce que du pouce, pour tout faire dégringoler.
Pas d’odeur de sainteté chez Feydeau, ce n’est pas le drap de l’autel qui glisse, ce sont tous les lieux communs sortilèges de nos réflexes élémentaires qui attisent parmi les sept péchés capitaux, la gourmandise et la luxure, autrement dit la soif du plaisir.
Feydeau a beaucoup joué sur le motif du « linge sale » et le lit est un personnage à part entière sur lequel il fait avancer ses pions, ses personnages indispensables, cocotte, amant menteur et lâche, belle-mère, domestique agent trouble, jeune fille naive, qu’il met tous en émoi, en agitant simplement sa salière de quiproquos et de malentendus.
Dans le spectacle « A la folie Feydeau », les trois pièces, Amour et Piano, Feu la mère de Madame et les Pavés de l’ours, se mordent si bien la queue qu’on oublie leur place dans le tourniquet où s’agitent 4 comédiens aguerris, tous épatants, notamment Nicolas SAINT-GEORGES, adorable en jeune provincial en quête de cocotte. Ils sentent le Feydeau à mille lieues à la ronde, un parfum à la fois attendrissant et drôle, une sorte d’huile essentielle, agrémentée de bouquets de chansons de Léonard MATTON, illustrés par la voix suave, fraiche et colorée de Stéphanie BASSIBEY.
Une séance de ce sauna du rire qui permet de faire transpirer à grosses gouttes nos humeurs les plus malignes, devrait figurer sur toutes les ordonnances médicales. Quelle belle revanche de FEYDEAU qui se savait médecin de l’âme, et qu’on a enfermé pour folie. Complètement inspirée, la mise en scène allègre et musicale de Laurent MATTON, est un subtil rayon de soleil, qui illumine avec facétie, les ombres zébrées des humains. Il n’y a rien plus de sérieux que le rire, c’est ce que vous ne manquerez pas d’éprouver en allant voir « A la folie FEYDEAU » !
Paris, le 8 Février 2014 Evelyne Trân