Distribution : D’après Aimé Césaire, adaptation et mise en scène Stéphane Michaud. Avec David Valère
C’est à un incroyable retour au pays natal que nous convie la Compagnie CYPARIS CIRCUS dans ce petit Théâtre de la HUCHETTE , sorte d’aimant incrusté au milieu de la foule qui arpente la rue de la Huchette.
Un homme, Aimé CESAIRE a écouté la foule, « cette foule si étrangement muette et bavarde » celle des Antilles, celle de son pays natal. Il s’est promené aussi au quartier Latin pendant ses années d’étude et j’imagine volontiers que s’il rentrait dans la salle du Théâtre de la HUCHETTE, il serait bouleversé de voir son poème en chair, illuminé par l’homme qui l’incarne sur scène, David VALERE.
La langue d’Aimé CESAIRE entraine le lecteur sur des brasiers ardents mais pas seulement, c’est un peu comme si toute la terre des Antilles, Aimé CESAIRE la respirait par la bouche, le nez, le ventre, enfin tout le corps.
Ce qui est formidable avec David VALERE, c’est qu’il ne récite pas Aimé CESAIRE, il évite aussi l’écueil du lyrisme qui emporte la voix mais oublie les silences. David VALERE devient Cyparis, fils putatif de Césaire, l’homme debout qui va témoigner des destins de l’homme humilié, l’homme esclave.
« Vous me voyez comme une bête, alors regardez moi bien en face ! » Et David VALERE , Cyparis, fait le singe face au public en épluchant une banane. Une banane miraculeuse puisqu’en balayant la poussière, elle est sourire de banane pour ceux qui n’ont pas honte de se dire de toutes races.
« Je suis un martiniquais, un Africain transporté, mais je suis avant tout un homme » disait Aimé CESAIRE. « Un cahier d’un retour au pays natal » est devenu un classique « il est peut être lu au lycée et c’est tant mieux ! Je recommande notamment aux jeunes d’aller voir le spectacle de la Compagnie CYPARIS CIRCUS, pour la mise en scène vigoureuse et courageuse de Stéphane MICHAUD.
On y voit un homme entrer dans le texte d’un poète combattant, s’accoucher de lui même, s’accoucher de nos hontes, de nos torpeurs, le feu aux lèvres, ce feu qui doit être transmis puisqu’il est de tous les combats contre toutes les formes de racisme.
Il y a tout un parcours à entendre, extraordinaire, bouleversant, entre tumultes et silences, parce qu’au-delà de la beauté de la langue et du paysage, le volcan de la soufrière qui se regarde dans la mer et ses îles, il n’y a sans doute qu’une chose qui compte, c’est qu’un homme puisse encore se frayer un passage et parler pour les siens et parler pour des hommes debout.
Merci, à la Compagnie CYPARIS CIRCUS, vraiment merci !
Paris, le 28 Février 2014 Evelyne Trân











