Très étrange cette jeune femme Irma qui donne l’impression de faire un marathon sur un tout petit bout de scène. Tournicoti, tournicota, Irma a des ailes très bruyantes, mais le ventre sociétal dans lequel elle nage comme un embryon « ovniesque » a des relents d’amertume. Parce que le tissus de la réalité où tout le monde se retrouve, la sacro-sainte famille, s’il ne passe pas sous le fer à repasser, dispose néanmoins de quelques touffes d’absurdités récréatives nous faisant toujours prendre des vessies pour des lanternes mais après tout, pourquoi pas.
Attention de ne pas vous retrouve face à Irma, elle vous déguste le portrait avec férocité, que vous soyez infirmière, femme au foyer, bourgeoise alambiquée, assistante maternelle ou joggeuse dominicale. Cela dit, elle donne envie de l’embrasser parce qu’elle a une façon de dire du mal de vous plutôt drôle et finalement très tendre.
A la fin, cette chroniqueuse du quotidien se transmue en petit chien qui bave, qui pleurerait presque. « Je vous aime et je vous hais », semble-t-elle dire à la petite frange d’humanité qui lui colle à la peau, comme elle essuierait ses pieds sur un paillasson pour le faire dégorger de sa belle poussière, celle qui fait éternuer de rire ceux qui pestent dans la salle d’attente.
Irma Rose a du talent, de la présence, nous lui suggérerons juste d’agrémenter son marathon de quelques pauses friandises, pour laisser le temps au spectateur d’humer le soufre sous ses pieds comme un bon chien averti, capable de renifler sa belle humeur ironique.
Paris, le 21 Septembre 2013 Evelyne Trân
