Chorégraphie Lionel HOCHE Lumières Hervé GARY
avec Sara GIRAUDEAU, Julien BOISSELIER et Jean-Paul BORDES et le Manhattan Jazz Band, Xavier BORNENS (Trompette), François FUCHS (Contrebasse), Aidje TAFIAL (Batterie)
Mise en scène Renaud MEYER Décor Jean-Marc STEHLE assisté de Catherine RANKL Costumes Dominique BORG
Zelda et Scott comme deux fleurs immortelles, collées sur la page d’un livre des années vingt, Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald. Comme si le livre venait de lui tomber des mains, Renaud MEYER les voit s’échapper en trombe, les deux créatures qui exécutent aussitôt une danse endiablée que les connaisseurs sauront attribuer soit au Shimmy soit au Charleston.
Les années folles, les années folles, nous y sommes, comme à Paris que traversèrent Fitzgerald et sa muse Zelda.La fièvre est communicative, nous voilà pincés sous des clichés touristiques, c’est Joséphine BAKER qui glisse étincelante dans la musique de jazz hot qui fait trembler les lustres d’un salon mondain.
Comment évoquer la vie du couple mythique de Zelda et Scott Fitzgerald en deux heures ! Renaud MEYER a choisi l’évocation illustrée, celle qui fait appel aux sens, qui tourbillonnent dans la tête après un verre d’alcool ingurgité à jeun.
Ils étaient jeunes, ils étaient beaux. Il était célèbre, elle était incroyablement séduisante. Ils se sont rencontrés et leurs verres en s’aimantant, se sont brisés. Ils ont bu leur vie, voilà tout, jusqu’à la lie.
Evidemment, tout cela fait frémir… Zelda voulait sortir toute nue d’un journal de célébrités, elle a fini sa vie dans une clinique psychiatrique. Scott n’avait de sang que pour l’écriture, et il est mort en écrivant.
Mais ce qui est fascinant chez Zelda et Scott, c’est que leurs destins forment des écritures de vie qui s’entrelacent et se rejoignent, des écritures très expressives, dansantes, sensibles et poignantes.
Toutes ces pulsations inspirent les jeux des interprètes. Sara Giraudeau est une garçonne, un peu gavroche sur les bords, fantasque, sale gosse délurée. Julien BOISSELIER campe un Scott presque raisonnable sous les vapeurs d’alcool et HEMINGWAY incarné par Jean Paul BORDES, sans qui Paris ne serait pas une fête, fait sourire tant il est sérieux.
De très jolis tableaux arrosés de musique en live, composée par le Manhattan Jazz Band assurent un ton suave et fébrile à la fois à ce spectacle où la légèreté prime sur l’intention dramatique, laissant libre cours au poème « Correspondances » de Baudelaire :
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants… Et d’autres corrompus, riches et triomphants… qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Difficile de résister à une telle ambiance !
Paris, le 14 Septembre 2013 Evelyne Trân