Une liaison pornographique, une pièce de Philippe BLASBAND mise en scène par Dalia BONNET de la Compagnie BOSS ‘KAPOK au Théâtre LE CELIMENE – 25 Bis rempart de l’Oulle 84000 AVIGNON du 8 au 31 Juillet 2013 à 20 H 15.

Avec Caroline STEFANUCCI et Justin BLANCKAERT

Une rencontre entre une femme et un homme dans un café. C’est tellement banal et rassurant à la fois, par le biais d’une annonce et échange d’un mail. Oui, le strict minimum, car ces deux personnes ‘n’entendent que réaliser un fantasme, une liaison pornographique.

 C’était écrit dans le mail comme une petite partition sur orgue de barbarie qui n’attend plus qu’une chose, celle d’être grignotée par le temps, le vent, avant de devenir feuille de papier qui s’envole.

Tant d’histoires d’amour crépitent dans le ciel qu’il suffit de tendre la feuille volage d’un désir incertain pour se rêver aussitôt héros ou héroïne d’une romance aussi éphémère que la vie elle-même.

 C’est vrai aujourd’hui, une lettre d’amour ne met pas quinze jours pour trouver son destinataire, un SMS sur portable suffit. Les deux personnages pourtant n’ont recours qu’une seule fois au mail. Ils concentrent leur relation sur un seul motif, celui de l’amour physique et se délestent de tout le reste. Pas de téléphone, pas d’adresse, pas de nom, pas de prénom, pas de famille. En somme pas de réalité, surtout pas.

 Les deux amoureux créent leur bulle un peu comme des enfants. A l’intérieur de la bulle, leurs corps se visitent, s’éblouissent. Ils pourraient se reconnaitre à mille années-lumière, sans visage et aveugles. C’est peut-être cela qu’ils recherchent une musique qui puisse être interprétée sur n’importe quel point de l’univers.

 Dès lors que le point d’orgue est obtenu, que faire sinon redescendre sur terre. Cela,  elle et lui n’y ont pas  pensé. Inconscience juvénile, candeur ? Elle et lui ne sont pas des  adolescents. Il s’agit effectivement de deux musiciens, leurs corps leur servent d’instruments. Lui fait l’éloge de la femme comme il décrirait une belle contrebasse. Elle, sans doute plus expérimentée, sait que les  cordes de sa harpe donnent des signes de fatigue. Quand on ne peut plus jouer, il faut s’arrêter, fin du concert, fin de l’histoire.

 Caroline STEFANUCCI, à fleur de peau, dresse le portrait d’une femme ordinaire, blessée par l’extraordinaire de cette expérience amoureuse, qui en devenant réelle, a dépassé ses fantasmes.

 Justin BLANCKAERT est l’amant idéal, à l’écoute de la femme mais démuni face à l’ampleur de leurs sentiments. C’était tout de même pas écrit qu’ils devaient s’aimer. Quand une liaison pornographique se mue en liaison amoureuse, le catalogue des fantasmes peut bien s’envoler. Reste le rêve beaucoup plus doux, plus vrai, le souvenir presque désuet d’un refrain d’amour, greffé à même la peau.

 La direction d’acteurs de Dalia BONNET sait mettre en lumière, l’originalité des interprètes. Un peu comme une photographe,  elle jette un regard curieux, passionné mais pas voyeur sur le phénomène de l’amour. Et l’eau qui gravite autour de la flamme, on l’entend dans la langue de Philippe BLASBAND, dépouillée de fioritures, qui ne lève jamais la voix, qui la soulève dans une sorte de murmure, celui de l’amour invoqué entre ciel et terre, et cela depuis Adam et Eve, n’est-ce pas …

  Paris, le 30 Juin 2013   Evelyne Trân

ROMEO ET JULIET d’après William SHAKESPEARE – Adaptation : Alain Sizey et Vincianne Regattieri au VINGTIEME THEATRE – 7 RUE DES PLATRIERES 75020 PARIS – du 19 Juin au 28 Juillet 2013

Mise en scène : Vincianne Regattieri

Direction musicale et composition : Vincent Heden

Avec : Lucas Anglarès, Sinan Bertrand, Christophe Bonzom, Alexandre Bonstein, Lauri Lupi, Léo Messe

Coréalisation : Vingtième Théâtre et Magnus Casalibus

Scéniquement, un ROMEO et JULIET interprété par des hommes, ça a de l’allure. Vincianne  REGATTIERI entend mettre le feu aux poudres de cette comédie romantique, dans un corps à corps drolatique où tous les personnages grimés et volontiers grotesques assument leur animalité  au chevet d’une histoire d’amour extraordinaire.

 Les  corps rayonnent et peuvent se livrer à leur nature acrobate, jouer de leurs masques et grimoires. Ce sont eux qui parlent d’amour quand ils ne s’entretuent pas. Avant de s’offrir une couronne mortuaire, l’amour se prononce physiquement, il est dionysiaque, fabulateur comme un tableau d’Arcimboldo.

 Des portants de penderie à roulettes et des malles de magicien forment les accessoires exponentiels des comédiens transformistes qui se déplacent sous les feux d’une musique d’inspiration pop et glam rock.

 Cette déclinaison de l’amour fou pris au piège de sa texture baroque, un brin punk, étouffe   volontairement le feu follet si tendre des déclarations amoureuses de Roméo & Juliet.

La poésie de Shakespeare y perd quelques plumes d’Ophélie au profit de celles de paons plus criantes et comiques.

 Où diable la féminité de Shakespeare allait-elle donc se loger pour faire entendre ce pffuit de l’amour qui  ne trouve refuge  que dans l’ombre. A son époque, tous les personnages étaient joués par des hommes, il n’en demeure pas moins qu’il a créé d’authentiques figures féminines avec Ophélie, Juliette, Lady Macbeth  etc…

 Cela dit, l’artifice est maître au théâtre, il faut y consentir et même changer d’habits en tant que spectateurs, en déplaçant son fusil d’épaule. La version extravagante mais conforme à l’esprit bouffonesque du théâtre Elisabéthain, que nous offre Vincianne REGATTIERI donne toute latitude aux comédiens de se livrer corps et âmes aux fantasmes d’un Shakespeare quoiqu’on en dise, quoiqu’on le joue, toujours bien mystérieux.

  Le 24 Juin 2013                            Evelyne Trân              

IMMERSION un film de Jaques DUTOIT avec Bernard GUILLOT à la Cinémathèque de Paris

Je dois avouer avoir été suffoquée d’émotion lors de la projection du film de Jaques DUTOIT, ce Lundi 10 Juin 2013.

Le titre immersion convient tout à fait à cette plongée dans le quotidien d’un artiste épris de la nature , à l’affût  d’apparitions qui témoignent des correspondances entre son imaginaire et son environnement.

« L’homme fait partie de la nature et j’ai mis du temps à le comprendre  » nous confie Bernard GUILLOT à l’issue de la projection.

L’homme fait corps avec le paysage et le regard de Jaques DUTOIT devient palette de peintre pour partir à la rencontre d’un lieu extraordinaire, une maison de campagne dans le massif central aux Boueix ( commune de Treignat, Allier) . C’est ici que Bernard Guilllot vit en communauté avec l’eau, les plantes, les oiseaux, les insectes et mêmes des fantômes, les êtres invisibles qui peuplent  son histoire.

L’air de rien, on y entend couler la création, l’oeil rivé sur une goutte d’eau suspendue à l’épine d’un buisson et l’on finit par éprouver sur l’instant, le bonheur du peintre aussi humble qu’une fourmi griffant ses tableaux  de toutes  les pensées récoltées au cours de ses voyages .

Le film a la même épaisseur, densité d’une couche de rêve. On imagine volontiers le peintre endormi contre un arbre et ce même arbre entrer en lui et l’envahir végétalement, amoureusement.  Le coup de  crayon de l’artiste devient un dialogue ininterrompu avec la nature, et l’on comprend cette gageure d’invisibilité du peintre ( celle que choisit le réalisateur) pour ne laisser place qu’au mouvement du regard de l’autre, le tableau devenant un puits, une source d’expression en attente,  toujours en émoi puisque vivante , puisque pleine aussi du bruit sourd et magique de la création. Une fleur qui pousse, n’est ce pas de la création? Et la main du peintre qui descend sur la toile pourrait faire penser à une tortue ou autre animal préhistorique, qui vient pondre ses oeufs.

Les commentaires  de l’artiste sont brefs, ils épousent le rythme du film lent  et fluide à la fois. La caméra de Jaques DUTOIT court sur le visage de son personnage comme si elle parcourait une route de montagne. Le visage est un paysage vivant qui bruit comme une forêt, passant à travers une maison, une chaise, un arrosoir, un peu étonné aussi comme un oiseau qui se sentirait observé. Mais l’observation de Jaques DUTOIT  est aussi calme qu’une flaque d’eau devenant réceptacle d’un pétale ou une graine de fleur.

Le spectateur pénètre  dans l’habitat ouvert de Bernard GUILLOT presque comme un personnage de conte de fées qui découvrirait une maison dans la forêt et qui y entrerait innocemment. La maison est accueillante et la nuit quand les oiseaux se sont tus, on y entend aussi de la musique, celle qui accompagne l’artiste.

Remarquablement monté le film, davantage qu’un documentaire, est un poème aussi léger et fort qu’un arbre nous gratifiant d’un signe d’amitié. C’est profondément émouvant.

Paris, le 23 Juin 2013                          Evelyne Trân

Bernard Guillot, né en 1950 à Bâle en Suisse, vit en France.
Il pratique à la fois peinture, dessin, photographie, photographie peinte, avec un goût du merveilleux, de l’énigme, de l’intemporel. Un lien particulier le lie à l’Egypte, où il façonna son regard 25 ans durant. Il montre régulièrement ses travaux à Paris, New York, au Caire et a obtenu la Médaille d’or de dessin à la Biennale d’Alexandrie en 1984, une Bourse de la Villa Médicis en 1985 et sa monographie catalogue Le Pavillon Blanc (Ed. Filigranes) a obtenu le Prix Nadar en 2003.Bernard Guillot est représenté dans diverses collections incluant le musée d’Art moderne de la ville de Paris, le Centre Georges Pompidou, le Fonds National d’Art contemporain, le musée d’Art moderne de Nice, la Bibliothèque Nationale, l’université Américaine du Caire et diverses collections privées.

A voir et écouter l’interview de Jacques DUTOIT

http://www.telebielingue.ch/fr/talk-du-6-mars-2013

 

 

FRACAS d’Oliver BRUNHES avec « L’improbable troupe » de l’Art Eclair au GRAND PARQUET- Jardins d’Eole – 35 rue d’Aubervilliers 75018 Paris –

Artistes :   Siopi, Baptiste Amann, Sacha Bourdo, Olivier Brunhes, Thomas Caspar, Bastien Courthieu, Nathanaël Favory, Christelle Journet, Frédérique Keddari, Kemso, Olga Kovalesky, Tom Menigault, Emmanuel Nguyen Ngoc, Nadia Sadji, Sandra Sainte Rose, Alice Varenne, Séverine Vincent, Vincent Winterhalter Metteur en scène : Olivier Brunhes

Quand chaque visage devient un tissus voyageur et que nous voudrions nous rappeler que dans certaines circonstances de la vie, nous sommes seuls en scène et que nous pouvons être là debout comme des aveugles parce que nous ne nous voyons pas nous-mêmes, et pouvons imaginer nos mains en train de s’approprier notre visage, le toucher, le remuer , le tâter, de façon à laisser passer , ne serait-ce qu’un instant, cette vérité pour soi et pour les autres qui sort du trou. On l’appellera présence.

 Dire «je » au présent, voilà ce que nous offre le théâtre. Quand ils touchent le ciel avec leurs doigts, les comédiens nous rappellent comment sans nous en rendre compte, nous marchons à l’intérieur d’un sable mouvant . Cela n’est pas invraisemblable de vouloir dire non à des réalités qui offensent notre nature. Etrange tout de même que l’eau des mots puisse continuer à faire circuler le savoir des êtres prisonniers du mur d’en face où l’on jette à la poubelle, tout ce qui crie trop,  ne rentre pas dans les normes .

 Inventer  cela signifie trouver, c’est aller chercher au bord du trou, ce qui peut encore parler, ce qui peut encore sortir et qui va l’oser comme un papillon de nuit, certes fragile, mais démesurément riche de sa sensibilité essentielle, être, être simplement.

 Dans ce spectacle, c’est le corps qui appelle les mots, qui les libère. Nous avons nous spectateurs autant que les comédiens  besoin des paroles pour forcer notre imaginaire. C’est-à-dire qu’à travers le dire, le rapprochement est possible entre soi et le monde mais avons-nous conscience, malgré tout combien nous pouvons être éloignés mentalement, moralement des autres, enfermés que nous sommes dans nos protections.

 Les accidentés de la vie, c’est nous-mêmes, regardés de dos sauf qu’au théâtre, ils se montrent de face. Leurs préoccupations, leurs angoisses, ce sont celles de tout être humain en quête d’amour, de reconnaissance, en quête de sens. La peur du vide, c’est la solitude, le manque de repères. Aujourd’hui, on a le portable, le téléphone, la télévision mais qui sait encore parler avec les arbres, les oiseaux, qui sait regarder une flaque d’eau, qui prend le temps de regarder le visage d’une caissière au supermarché ?    

 Que sommes-nous en train de devenir ? Il y a du devenir en action ou tout simplement de la certitude d’être et de pouvoir, seulement en ouvrant les yeux, quelqu’un qui invente, qui crée dans le mouvement ce que lui dicte son corps apprivoisé, écouté, reçu par d’autres âmes dans d’autres corps.

 Parce que l’écorce des êtres parle, on y entend l’illumination des   visages, et cela est extraordinaire. Cette  fulgurance épanouie parce qu’acceptée, celle de toucher une pierre chaude de soleil, émeut comme  la vision d’un oiseau dans le ciel, sauf qu’il s’agit d’hommes et de femmes qui parlent pour nous.  Quelle chance, quelle rencontre !  Merci les comédiens, merci Olivier BRUNHES !

  Paris, le 22 Juin 2013             Evelyne Trân

SODA – Soyons oublieux des désirs d’autrui – de Nicolas Kerszenbaum, Denis Baronnet et Ismaël Jude au THEATRE DE L’AQUARIUM – Samedi 8 et dimanche 9 juin de 12h à 23h

Une saga théâtrale en 8 épisodes, 11heures, 14 comédiens et 4 musiciens  Mise en scène Nicolas Kerszenbaum Scénographie Thibaut Fack, musique Denis Baronnet, Jérôme Castel, Benoit Prisset, Ronan Yvon, paroles des chansons Denis Baronnet, Nicolas Kerszenbaum.

Avec Bertrand Barré, Magali Caillol, Laurent Charpentier, Françoise Cousin, Elsa Hourcade, Isabelle Juanpera, Cyrille Labbé, Catherine Morlot, Clotilde Moynot, Céline Pérot, Ludovic Pouzerate, Xavier Tchili, Jean-Baptiste Verquin, Clément Victor et les musiciens Denis Baronnet, Jérôme Castel, Benoit Prisset, Ronan Yvon

Une randonnée théâtrale aux confins de l’écriture qui se veut rapporteuse d’une forêt d’histoires, peuplées d’individus qui ont tous quelque chose à déclarer et que l’on rencontre dans les sous-bois, dans les clairières, à la maison, dans les rues, au lit, enfin tout est possible.

 Les 8 épisodes du feuilleton correspondent chacun à un mois, de novembre à juin,  et durent à peu près 45 mn chacun. Il est possible de prendre le train en marche, car les personnages déambulent  leur propre histoire, un peu comme si elle était déjà écrite sur leurs visages, leurs attitudes. C’est aussi impressionnant que le miroir tourbillonnant d’une horloge en éventail  où chaque spectateur est convié à deviner aussi bien l’avenir que le passé d’individus aussi hors de commun que nous-mêmes.

 Et tous ces wagons de moments vécus en société où le temps a été découpé en 24 heures pour tenir compte de l’endurance psychique humaine, peuvent bien regorger de surprises et se caler dans la mémoire ou les fantasmes. Après tout un entretien avec son patron ne peut pas durer plus de 20 Mn, une demi-heure peut suffire à une rencontre amoureuse, et la réminiscence d’un repas familial peu  bien s’accorder quelques minutes. Quant au rendez-vous chez le gynécologue  ou le médecin généraliste ou pôle emploi,  cela fait partie de cette petite longe d’anecdotes qui courent sur l’agenda de n’importe quel quidam.

 Sauf que les personnages en question donnent l’impression qu’ils rêvent tout haut leurs rendez-vous et cela devient comique, ahurissant, jubilatoire.

 Un brin de folie qui s’associe au souffle légèrement iconoclaste des auteurs  embrase le projet de cette pièce au long cours où « les personnages s’aiment, se fuient et ressuscitent » sous le feu de la rampe de notre époque conviée à faire des exercices de respiration théâtrale.

 Promenade  de santé théâtrale aussi bien pour les spectateurs que les comédiens puisqu’ils partagent leur temps, pour l’entendre « laisser passer » au- dessus de la tête, à travers les épaules, les yeux et les oreilles; de la véritable acupuncture théâtrale.

 Dans le fond , tous ces personnages sont des oiseaux et les spectateurs lèvent les yeux pour les écouter vraiment comme dans une forêt où chaque signe, chaque signal deviennent source d’étonnement avec un beau clin d’œil au mystère populaire des grandes représentations théâtrales du moyen âge, composées  d’une succession de tableaux animés et dialogués, qui duraient plusieurs jours (cf. Wikipédia) , et c’est grâce à Soda, le nôtre !

 Paris, le 16 JUIN 2013                    Evelyne Trân

INTERVIEW d’IKIOU, par Jean-Marie-BLANCHE à l’occasion de l’exposition de peintures à LA GALERIE MONA LISA – 32 Rue de Varenne 75007 PARIS – du 18 au 29 Juin 2013 – Vernissage le Jeudi 20 Juin 2013 de 18 H à 20 H 30

C H A I S E   &   A R B R E    S U R    A N T H R A C I T E

IKIOU par Jean-Marie Blanche

 IKIOU, tu as toujours posé des couleurs planes. Maintenant, dans ce gris anthracite, tu fais vivre tes chaises et tes arbres.

Dans ce gris, il y a de l’eau, et, surtout, les objets contiennent du noir trop contrasté sur le blanc. Je veux le noir sur le gris parfait qui lui donne vie. Après un long travail, le gris est mi-couleur. Ma situation n’est pas tout à fait claire : le gris reflète la couleur du monde actuel. Si même à l’intérieur du vide il n’y a rien, on peut malgré tout s’exprimer en lui. Beaucoup d’artistes rassemblent sur leur toile énormément de couleurs et de sujets. Moi, je prends ce chemin à contre-sens : je simplifie le nombre et réussit à m’exprimer entièrement. Mon style est un peu difficile pour l’artiste occidental, car, moi asiatique, j’ai déjà le vide philosophique comme base : en son intérieur, ça va tenir. Je tiens à l’offrir à mes visiteurs, d’où qu’ils viennent et où ils aillent. Chacun peut s’asseoir dans ma chaise, chacun peut respirer mon arbre dans mon gris qui est à tous. S’exprimer est difficile, mais, moi, même dans le vide, je le peux et je le veux. Travailler en France est à mon avantage, je digère les deux cultures.

L’affinement de ta peinture vient de la réduction du nombre de couleurs sur le fond de toile.

Mon expression s’invite à garder le gris  comme unique source de la vie. Mon anthracite est le vide, mon vide, d’où je fais naître symboliquement l’objet propre à signifier l’être, le mien comme le votre, l’Asie comme la France. Lorsque je regarde mes précédents dessins, je ne les renie pas, chacun représentant le travail de l’instant. Ce n’est pas n’importe quoi, c’est le même chemin. Chaque fois que je prends le pinceau, c’est le grand plaisir, je suis sans peur. Avant 2007, je suis passé par l’abstraction, les personnages, la petite sculpture jusqu’à me rapprocher de mon style avec de nombreux grands fonds faits de carrés de couleur séparés par la verticale qu’est le temps. Les français me demandent ce que je porte en moi venu de l’Asie. Depuis 6 ans, je suis sûr de m’exprimer : heureux, je continue pour exposer mon travail.

D’ailleurs, je voulais te demander la raison pour laquelle tu as commencé à t’exprimer en grand format au début de ces 6 années.

Le jeune artiste débute en grand. Mais pourquoi ? Parce que le grand format capte l’énergie fournie par les jeunes années. Elle me sera rendue à invitation des grandes salles. De plus, comme vous pourrez le voir, je suis capable de montrer en plus petit ce que j’ai trouvé en grand. Je ne vous parle pas de la souffrance due à respirer tant de peinture à l’huile utilisée. Petit à petit, je dois faire attention ; même l’aération ne me protège pas bien.

Qu’as-tu trouvé dans l’arbre ?

J‘adore m’exprimer avec l’arbre, plus précisément le pin. C’est comme Gustave Flaubert dessine dans « Madame Bovary » l’amour de la vie. Le mot « amour » ne lui suffit pas. Mon arbre n’est pas une réalité, mais rien qu’à le regarder, vous l’aimez tout simplement.

Personnellement, le portrait ne me plait pas. Afin d’atteindre la mi-abstraction, j‘ai usé d’un ensemble de couleurs aux formes géométriques, puis recherché ce que j’aimerais poser sur ces carrés. L’arbre fut mon choix, plus particulièrement le pin tellement difficile au début. Je me dois de laisser respirer mon arbre. Sa ressemblance naturelle est fausse.

Ces tableaux te parlent comme tu leur réponds dans la simplicité de la conversation.

Mes dessins et ma peinture sont des symboles : cet arbre est et n’est pas un pin, pourtant il parle.

J’en reviens à ton gris tellement beau : l’arbre a tout pour vivre. Une ou deux chaises posées s’adressent aux visiteurs : venez vous asseoir tranquillement l’espace d’un instant.

Mon art désire être complété par la pensée qui le regarde. Si vous enviez cette chaise à côté de son l’arbre, accrochez le tableau sur le plus proche de vos murs, tout ira mieux. Dans les peintures d’avant, je trouve que des personnes étaient déjà assises à votre place ; maintenant, je laisse un tout petit espoir à ceux qui rêvent. Ne prenez pas ma chaise vide pour du chagrin –je parle aux pauvres-.

J’ai remarqué que certains de tes tableaux sont peints par trois, ils forment une sorte de triptyque.

« Triptyque » est trop ancien et difficile. Je préfère de loin ton nouveau mot « anthracite » appliqué à mes récents tableaux ; il me convient formidablement. Francis Bacon, artiste anglais, a peint son portrait déformé partout. De la même façon, je pose en ce moment la chaise vide dans tous mes tableaux jusqu’à ce que j’en aie marre.

Oui, chaque fois qu’il y a un tableau au ciel anthracite avec une chaise vide, ça ne peut être que IKIOU.

Pour beaucoup, le ciel est gris avec de moins en moins de chaises.

N’ayez pas peur, mais non, mais non : posé sur le vide, IKIOU vous laisse asseoir. Sa chaise appelle au repos.

Propos recueillis par Jean-Marie BLANCHE le 13 Juin 2013

Je pense à Yu de Carole FRECHETTE au Théâtre ARTISTIC ATHEVAINS – 45 rue Richard Lenoir 75011 PARIS – du 14 mai au 30 juin 2013 – mardi 20h ; mercredi, jeudi 19h ; vendredi, samedi 20h30 ; samedi, dimanche 16h ; relâche lundi

mise en scène Jean-Claude Berutti
assistante à la mise en scène Salomé Broussky

scénographie et costumes Rudy Sabounghi
création vidéo Florian Berutti
lumières Dominique Borrini

avec Marianne Basler Madeleine
Antoine Caubet Jérémie
Yilin Yang Lin

« Je pense à Yu » le titre de la pièce de Carole FRECHETTE, c’est un peu comme si nous étions interpellés par une parole lancée par un voisin ou une voisine dans un bus. Parce que nous pouvons confondre Yu avec you, le vous ou le tu anglais. Alors ce you, c’est peut-être nous qui sait ?

 Se peut-il que nous soyons toujours à l’affût d’une information ? Dans notre monde, via les médias et surtout internet, nous pouvons nous distraire facilement d’un quotidien passable en nous projetant mentalement sur ce qui se passe ailleurs. Nous faisons rentrer le monde et sa folie dans notre studio étriqué, notre avenir limité et nous voilà prêts à vagabonder comme des Don Quichotte modernes et à nous enflammer pour une cause chevaleresque.

 Avec beaucoup de finesse Carole FRECHETTE explore notre mode de perception du monde en racontant comment des individus peuvent réagir et se sentir concernés par des événements extérieurs qui les dépassent.

 Madeleine une jeune quinquagénaire, quelque peu esseulée, vient de lire sur internet qu’un journaliste chinois Yu Dongyue, emprisonné pendant 17 ans pour avoir jeté de la peinture sur une affiche de MAO, sur la Place Tian’anmen,  avait été libéré mais avait perdu la raison.

 Cette nouvelle la bouleverse et focalise si bien ses émotions qu’elle parasite ses relations avec d’autres personnes, un voisin malheureux et une jeune chinoise immigrée à qui elle donne des cours de français.

 A travers l’histoire de ce pauvre Yu qui a perdu sa jeunesse et sa raison pour avoir voulu exprimer sa révolte contre la dictature au grand jour, c’est le sens de sa propre existence, de son propre moi que Madeleine est en train de remettre en question. Et ce sont aussi tous les clapets de sa vie affective qui se mettent en branle, se levant en appel et permettant au fur et à mesure à ses interlocuteurs de parler à leur tour, de dévoiler grâce à ce subterfuge, ou plutôt cette passerelle, leur empathie.

 A travers la destinée de Yu, la fragilité de l’individu par rapport à la masse est pointée du doigt alors même que son geste si audacieux prend une dimension universelle.

 Comment un drame historique trouve-t-il des correspondances avec des drames intimes individuels ? Et comment et pourquoi des personnes qui ne se ressemblent pas, qui sont aussi éloignées par leurs intérêts, leur passé etc., peuvent être amenées à communiquer, à discuter ensemble à la faveur d’un événement politique qui les dépasse encore davantage ?

 Antoine CAUBET est une Jérémie poignant, qui ne comprend pas vraiment où veut en venir Madeleine, mais qui se retrouve violemment touché par ses propos qui remettent question son mode de vie, son comportement de résigné. Yilin Yang avec une sincérité bouleversante interprète, la jeune chinoise qui vient de débarquer en France et qui  manifeste sa volonté d’ouverture et de compréhension ici et maintenant.  Marianne BASLER donne au personnage de Madeleine, toute sa force fragile sans ostentation, naturellement, elle est irrésistiblement humaine, anti héroïne, juste émouvante.

 Jean-Paul Sartre dans « Les mots » dit : « Si je range l’impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui. »

  Il ne le dirait pas s’il ne se positionnait pas au  pied du mur. Il s’agit de quelque chose qui le dépasse. «Je pense à Yu » parle de ce dépassement et interpelle chacun en tant qu’individu collectif en pleine permutation de valeurs, crucialement.

  Ce spectacle excellemment joué et mis en scène avec sagacité par Jean-Claude BERUTTI, au plus près de notre environnement quotidien (Quand une page de Google prend la place d’un mur) ne dispose que d’une seule échelle, celle du théâtre, celui de Carole FRECHETTE qui déborde de vitalité.

 Paris, le 15 JUIN 2013

LE DINDON DE GEORGES FEYDEAU avec une mise en scène de Philippe ADRIEN au Théâtre de la PORTE SAINT MARTIN – 18 Bd Saint Martin

À partir du 4 juin
Du mercredi au vendredi à 20h, le samedi à 16h45 et 20h30 et le dimanche à 15h.

Avec Vladimir Ant, Caroline Arrouas, Pierre-Alain Chapuis, Eddie Chignara, Bernadette Le Saché, Pierre Lefebvre, Guillaume Marquet, Luce Mouchel, Patrick Paroux, Alix Poisson, Juliette Poissonnier, Joe Sheridan, François Raffenaud… Décors Jean Haas. Lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne. Musique et son Stéphanie Gibert. Costumes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy. Direction technique Martine Belloc. Mouvement Sophie MAYER.

Quel beau manège, rutilant, on croirait une machinerie de montre précieuse  qui se soulève pour laisser se gonfler les atours de belles dames et de beaux messieurs, aussi pimpants que des automates en vitrine !

 Tournez manège ! Que les portes qui claquent et se rebiffent laissent passer en courant d’air,  en ombres découpées, la banderole de personnages qui glisse comme du papier à musique à travers l’orgue de barbarie.

 Feydeau s’amuse, Feydeau adore le mouvement et il connait la musique, celle qui suinte à travers les humeurs des humains qu’il observe avec gourmandise.

 Nous voilà dans un magasin animalier, c’est tout bête. Ce n’est pas pour rien que Feydeau intitule sa pièce le dindon. En digne marchand, fier de sa marchandise, il ne tarit pas d’éloges obséquieux sur ses poules et ses coqs.

Il les couve d’un regard serein et amoureux, sinon tendre, jouant à mettre la pagaille dans le poulailler pour jouir de toutes les réactions possibles ou impossibles de ses ouailles.

 La paille qui dépasse, c’est le bâton d’adultère, il suffit qu’il se lève pour que tous les autres brins de paille  se mettent à trembler et que l’on entende les cris sourds et plaintifs se répandre à travers la ménagerie.

 Qui se plaint, qui rugit, vont-ils se battre ? Match de coqs, concours de poules, valent vraiment le détour. Qui n’a pas vu deux cochons d’inde baver pour une cochonne et grogner de désir avant l’affrontement pourrait s’offusquer des comportements de ces bons bourgeois que l’on finit par trouver sympathiques; ils ne cherchent après tout qu’à assouvir des besoins très naturels.

 Il faut toujours faire durer le plaisir et le suspense. En maitre du vaudeville, du quiproquo et des malentendus, Feydeau  garde la main légère, les graines qu’il jette à ses personnages sont aphrodisiaques, savoureuses teintées de philosophie amorale.

 On pourrait l’entendre pester Feydeau au milieu de son poulailler, en ruminant sa table de multiplication : je ne suis qu’un animal, je ne suis qu’un animal et pourtant j’ai du cœur …

 De la même façon que Flaubert pouvait  dire : Madame Bovary c’est moi, Feydeau pouvait se représenter  lui- même en dindon.

 Philippe Adrien sait déballer les belles plumes de ses personnages, de façon truculente, jouant du contraste entre le beau et le grossier avec jubilation.

Ce n’est tout de même pas évident de voir derrière leurs belles allures, ces bourgeois se culbuter comme des vaches ou courir à quatre pattes.

 Quel coquin ce Feydeau ! Prenons en de la graine, cela n’étouffera pas notre sérieux : Adultère, adultère, est ce que j’ai une gueule d’adultère ??!!

 Pour ceux qui l’ignoreraient, le constat d’adultère par huissier existe toujours. et à défaut de vous sentir concernés, prenez rendez-vous avec Feydeau, au Théâtre de la porte Saint Martin, pour rire de vous-mêmes.

Une leçon de choses n’est-ce pas qui vaut avec sa luxuriance, une visite en famille du salon de l’agriculture. Vous y repérerez de très bons comédiens, et vous serez épatés par le savoir-faire du metteur en scène qui donne de l’élan au manège avec une belle énergie.

 Paris, le 9 Juin 2013                  Evelyne Trân

 

                           

 

LE MEDECIN MALGRE LUI de MOLIERE – LOS ANGELES 1990 – au Théâtre du Lucernaire 53, rue Notre Dame des Champs 75006 PARIS du 29 Mai au 24 Août 2013

Mise en scène : Quentin Paulhiac et Aurélien Rondeau Avec : Augustin de Monts ou Florent Chesné / Sophie Staub ou Amandine Gaymard ou Caroline Anglade / Lydia Besson / Sébastien Faglain / Jérôme Rodriguez ou Benjamin Bourgois / Michael Cohen ou Pierre Khorsand / Aurélien Rondeau ou Hugo Horsin

« Le Médecin malgré lui » est une petite pièce de Molière où il régle ses comptes avec les médecins. Son écriture étonnamment moderne a dû inspirer des humoristes tels que Coluche.

 Il s’agit d’une comédie très légère où à coups de crayon incisif, Molière dénonce le charlatanisme, les mariages d’argent, l‘avidité des bourgeois etc. Il parle même des femmes battues.

 C’est tout de même la marque de Molière de réussir à être léger en orchestrant la bouffonnerie de tous ses personnages.Même s’il est grossier et brutal et  quelque peu ivrogne, Sganarelle, le médecin malgré lui, ne manque pas d’esprit. Il ne lui suffit pas de grand-chose pour retourner les situations les plus absurdes à son avantage et déclencher le rire du public.

 Le collectif LE PACK a choisi de transposer cette comédie dans la jungle urbaine américaine des années 90. Dans les bas-fonds de Los Angeles, Sganarelle a l’allure d’un sdf qui vit de petits larcins, se drogue, boit tant qu’il peut et bat sa charmante épouse. Puis changement de décor, Sganarelle qui doit officier en tant que médecin se retrouve dans un salon bourgeois américanisé et quelques clichés, un rideau en plastique où trône John Huston, un générique de feuilleton, tiennent lieu d’ambiance.

 S’agit-il d’une référence aux fast food importés d ‘Amérique ou d’une tentative d’exporter Molière aux Etats Unis ? Jouent-Ils Molière dans ce pays de cowboys ?

 A vrai dire le personnage de Sganarelle, grossier et finaud à la fois est suffisamment universel pour se prêter à tous les chantages qu’ils viennent d’Afrique ou d’Asie. Molière peut ronronner en paix, il sera toujours d’actualité.

 Cela dit, comment se passer de la langue de Molière, c’est quand même elle qui nous fait rougir, qui fait remuer nos papilles.  

 Sganarelle évidemment est assez fou pour oublier son identité moliéresque et son interprète réussit à le représenter complètement déjanté, assailli de tics d’alcoolique.

 Dans le fond, nous imaginons fort bien Sganarelle en train de relire « Le médecin malgré lui » sur l’étiquette d’une boisson alcoolisée, en prise à un délire éthylique, bombardé d’hallucinations où s’enchevêtrent dans le désordre ses rêves d’Amérique, les plus fumeux soient-ils.

  Molière continue à nous faire rire, alors pourquoi pas. Les puristes n’ont qu’à bien se tenir. Tout de même, nous voilà à l’aube du 2ème millénaire, et Molière doit rattraper le temps perdu. Au Lucernaire il a déjà atteint les années 90. Nous attendons vaillamment  son odyssée de l’espace.

 Paris, le 8 Juin 2013          Evelyne Trân

WISH de Régis IVANOV au Théâtre des Déchargeurs – 3, rue des déchargeurs 75001 PARIS – du 11 Juillet au 31 Août 2013, les jeudis, vendredis et samedis à 21 H 30.

Metteur en scène Régis Ivanov

Compositeur Alban Rouge

 Production  : Co-Réalisation Les Déchargeurs / wish theatre

Avec Benoît di Marco, Marion Servole en alternance avec Mélanie Aguilar Fauconnier et Régis Ivanov

Parlent-ils une langue étrangère ces deux énergumènes, un patron de grande distribution et une responsable commerciale qui se renvoient la balle d’une marque de maroquinerie à la mode, dans un one man’s land, comme deux insectes en pleine esbroufe gigotant  dans une boite d’allumettes ?

 La boite d’allumettes peut bien figurer l’aspect explosif de la crise mondiale. A l’intérieur, les deux personnages, même s’ils ne pèsent pas lourd, sont bien représentatifs des gros fils qui sous-tendent  en l’espèce,  notre représentation du monde du travail,

 Wish est un leurre qui va permettre pendant toute le durée de la pièce à deux individus de se confondre complètement avec leur rôle social, jusqu’à se convaincre de n’exister qu’à cause de ce leurre.

 Pourtant la balance n’est pas égale. Nous avons d’un côté une jeune commerciale naïve et pleine de foi, et de l’autre un patron cynique qui s’amuse avec sa future proie. L’une a la couleur de l’avenir qui ne cesse de parler de renouveau, l’autre celle du passé décoloré mais encore juteux.

 Fils noirs et fils blancs s’enchevêtrent : qualité prix, commerce équitable, malfaçon, bien être des consommateurs,  corruption, catastrophe humanitaire et morale à l’horizon à cause d’une production malsaine d’une partie de l’humanité contre laquelle il faudrait se défendre becs et ongles sans souci de rentabilité, ben voyons !

 Ils le savent pourtant bien ce patron et cette jolie commerciale qu’il  faut appartenir au gros fil pour entrer dans le trou de l’aiguille et profiter de la vie.

Nous voilà bien loin de l’image d’un vieil artisan, amoureux de son travail,  qui continue aveuglément à faire confiance à son  bout de fil léger mais tenace, quand la qualité n’avait pas de prix.

 Loup aigri contre jeune louve, les deux comédiens assurent avec beaucoup d’aplomb et de présence leurs personnages qui frisent une caricature hyperréaliste.

 Le genre de spectacle à avaler cul sec pour se griser un peu, histoire d’oublier ses chagrins d’employé ou de patron. Mine de rien c’est cruel !

 Paris, le 7 JUIN 2013                      Evelyne Trân