LES 4 BARBUES dans la lignée des Frères Jacques : Nouvelle création de la Compagnie « Une petite voix m’a dit »

Distribution :
Avec : Isabelle Bonnadier, Josette Lanlois, Sabine Venaruzzo, Sarah Vernette
Accompagnement piano : Dominique Glory
Mise en scène et direction d’actrices : Jean Jacques Minazio
Arrangements et direction musicale : Bruno Habert
Création lumières : Michaël Creusy / Euriell Morvezen

Qui se souvient des Quatre Barbus, ce groupe vocal né dans les années 1930 ? Leur répertoire très vaste fait partie du patrimoine musical français. Nous leur devons notamment un disque de chansons anarchistes,  un grand nombre de chansons paillardes et et des adaptations de chansons de Pierre Dac et Francis Blanche.

Nous  avons été heureux de découvrir que 4 barbues femmes avaient décidé de mettre leurs pas dans la route tracée par ces artistes aux mines un peu patibulaires, en apportant  leur grain de sel, le meilleur sans doute celui de la folie. Mêmes déguisées avec des barbes fleuries, leur féminité explose et pendant tout le spectacle où elles chantent en solo , à tue tête ou en choeur sous la férule d’une pianiste redoutable  et d’un metteur en scène avisé,  c’est un véritable bouquet de  fleurs vocales, un feu d’artifice  qui illumine la scène.

S’enchainent de façon vertigineuse musiques et paroles de l’Ouverture du Barbier de Séville, La Pince à Linge, Honneur aux Barbus, Chant d’Allégresse, Parti d’en Rire, Adèle, Oh Ma Mère, La Révolte, Heureux Temps d’Anarchie, Promenons nous dans les bois, La Truite, Le Petit Lauriston etc, sous la plume de Francis Blanche, Pierre Dac, Boris Vian…

Voilà un spectacle hautement recommandable qui inspirera  les grands et petits pour le karaoké . En sortant du spectacle, nous avions encore l’air de la Danse macchab (SAINT- SAENS et ROUGET DE L’ISLE) dans la tête.

Si vous n’avez pas de soleil dans les environs , un conseil, allez jeter un oeil dans votre agenda culturel et si les 4 barbues sont programmées, courez voir leur spectacle, vous aurez du soleil, plein les yeux, plein les oreilles, pour longtemps.

Le 5 Novembre 2012                 Evelyne Trân

 

 

  

 

 

INTERVIEW DE JEAN PETREMENT AU THEATRE DE L’ESSAION à l’occasion du spectacle « LA DERNIERE BANDE  » DE BECKETT qui se joue actuellement les lundis et mardis à 21 H 30

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Dans la salle du Théâtre de l’ESSAION plongée dans l’obscurité avant le spectacle, nous avons rencontré le comédien, metteur en scène Jean PETREMENT, créateur de la Compagnie BACCHUS à BESANCON, qui présente à  Paris, une courte pièce de BECKETT « La dernière bande ».

 A notre sens, il doit y avoir plusieurs «bandes » de cette pièce car elle est diversement appréciée, suivant les mises en scène.

 Jugée parfois sinistre et ennuyeuse, elle se révèle drôle et piquante grâce à l’interprétation de Jean PETREMENT.

 Il nous parle  de ses rapports avec le personnage de la pièce M. KRAPP, un personnage qu’il entend incarner puisqu’il a commencé  à l’interpréter à l’âge de 39 ans et a fait le pari de le jouer jusqu’à 69 ans l’âge de M.KRAPP.

 Sa vision a l’avantage de mettre en lumière l’humour de BECKETT qui voit chez M. KRAPP davantage un clown qu’un homme en fin de vie rongé par la solitude.

 Avec ce personnage qui  l’accompagne maintenant depuis plusieurs années, Jean PETREMENT continue d’autres aventures théâtrales, notamment en programmant une nouvelle version de « PROUDHON MODELE COURBET » qui a rencontré un franc succès au Théâtre Lucernaire et qui va être représentée à l’ESSAION ainsi que les 44 duos pour violon de BARTOK.

 Nous vous invitons à écouter Jean PETREMENT lors d’une interview enregistrée au Théâtre de l’ESSAION, juste en face de la scène.

 Evelyne Trân

 

 

UN SIECLE D’INDUSTRIE DE MARC DUGOWSON. MISE EN SCENE D’HUGO MALPEYRE au Théâtre de l’Opprimé – 78 Rue du Charolais 75012 PARIS. Du 24 Octobre au 4 Novembre 2012.

Avec Mathieu Lourdel, Nais El Fassi, Tristan Gonzalez, Gaetan Delaleu, Vladimir Golicheff, Dina Milosevic, Maxime Berdougo

C’est du théâtre à cru que nous offre l’équipe théâtrale du spectacle « Un siècle d’industrie ». L’auteur de la pièce Marc DUGOWSON  est le scribe rapporteur de faits « des faits rien que des faits » et de leurs conséquences. Quel est le rôle des individus  toujours fixés sur leurs intérêts personnels sur les événements de l’Histoire ? Comme les faits parlent d’eux-mêmes et qu’ils sont odieux, que les  protagonistes dans l’histoire, n’ont pas de recul, c’est aux générations suivantes qu’incombe la conscience de la barbarie humaine.

Comment une petite entreprise familiale dont on suit l’évolution de 1918 à nos jours, a-t-elle pu participer à l’extermination à grande échelle des juifs, sans états d’âme, dans le but unique de faire prospérer les affaires, en l’occurrence en fabriquant et en vendant des fours  crématoires ?

Bien évidemment Marc DUGOWSON pointe du doigt la bourgeoisie et le monde des affaires, où l’argent et l’ambition font si bien  tourner la terre qu’on pourrait dire comme un certain ministre, lors de la guerre en Nouvelle Calédonie « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs». Les œufs c’étaient les canaques.

Les personnages de la pièce, le patron, sa femme, ses employés ont l’air de vivre en vase clos .Le sexe et l’argent sont les deux mamelles de la réussite de l’entreprise familiale. Les « autres » n’existent pas, ou alors ils sont devenus des chiffres qu’on aligne pour rêver à l’essor des fours crématoires.  C’est banal, puisque la vie d’un ’homme aujourd’hui peut être estimée en monnaie à partir de multiples données faisant l’objet d’études très poussées.

Est-ce  à dire que le pire est à venir ? Les  machines de bonheur et de malheur sont inventées par l’homme mais il y a une marge entre les extrêmes. Marc Dugowson entend parler de la conscience collective où l’Histoire est partie prenante de celle que fabriquent les hommes d’aujourd’hui pour leur progéniture.

 Ecouter, voir. Ça fonctionne comme une douche froide. L’auteur met en avant la grossièreté des personnages, une grossièreté ordinaire, une grosse corde rêche qui nous pend au nez, qui souligne que l’homme n’en a sûrement pas fini avec ses instincts primaires.

Le metteur en scène fait se déshabiller et  se changer devant les spectateurs, les comédiens. Il met « à poil » les personnages comme s’il invitait les spectateurs à  se regarder aussi à poil.

« Nous mènerons le combat contre la barbarie humaine » disent en chœur le metteur en scène, l’auteur, et les comédiens et nous avons envie de les croire. La vision qui nous est donnée de l’humain dans « Un siècle de d’industrie » est crue, choquante et salutaire pour notre épiderme pour peu que nous souhaitions soulever les taies qui bornent « la banalité du mal ».

Le 2 Novembre 2012                                         Evelyne Trân