UN SIECLE D’INDUSTRIE DE MARC DUGOWSON. MISE EN SCENE D’HUGO MALPEYRE au Théâtre de l’Opprimé – 78 Rue du Charolais 75012 PARIS. Du 24 Octobre au 4 Novembre 2012.

Avec Mathieu Lourdel, Nais El Fassi, Tristan Gonzalez, Gaetan Delaleu, Vladimir Golicheff, Dina Milosevic, Maxime Berdougo

C’est du théâtre à cru que nous offre l’équipe théâtrale du spectacle « Un siècle d’industrie ». L’auteur de la pièce Marc DUGOWSON  est le scribe rapporteur de faits « des faits rien que des faits » et de leurs conséquences. Quel est le rôle des individus  toujours fixés sur leurs intérêts personnels sur les événements de l’Histoire ? Comme les faits parlent d’eux-mêmes et qu’ils sont odieux, que les  protagonistes dans l’histoire, n’ont pas de recul, c’est aux générations suivantes qu’incombe la conscience de la barbarie humaine.

Comment une petite entreprise familiale dont on suit l’évolution de 1918 à nos jours, a-t-elle pu participer à l’extermination à grande échelle des juifs, sans états d’âme, dans le but unique de faire prospérer les affaires, en l’occurrence en fabriquant et en vendant des fours  crématoires ?

Bien évidemment Marc DUGOWSON pointe du doigt la bourgeoisie et le monde des affaires, où l’argent et l’ambition font si bien  tourner la terre qu’on pourrait dire comme un certain ministre, lors de la guerre en Nouvelle Calédonie « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs». Les œufs c’étaient les canaques.

Les personnages de la pièce, le patron, sa femme, ses employés ont l’air de vivre en vase clos .Le sexe et l’argent sont les deux mamelles de la réussite de l’entreprise familiale. Les « autres » n’existent pas, ou alors ils sont devenus des chiffres qu’on aligne pour rêver à l’essor des fours crématoires.  C’est banal, puisque la vie d’un ’homme aujourd’hui peut être estimée en monnaie à partir de multiples données faisant l’objet d’études très poussées.

Est-ce  à dire que le pire est à venir ? Les  machines de bonheur et de malheur sont inventées par l’homme mais il y a une marge entre les extrêmes. Marc Dugowson entend parler de la conscience collective où l’Histoire est partie prenante de celle que fabriquent les hommes d’aujourd’hui pour leur progéniture.

 Ecouter, voir. Ça fonctionne comme une douche froide. L’auteur met en avant la grossièreté des personnages, une grossièreté ordinaire, une grosse corde rêche qui nous pend au nez, qui souligne que l’homme n’en a sûrement pas fini avec ses instincts primaires.

Le metteur en scène fait se déshabiller et  se changer devant les spectateurs, les comédiens. Il met « à poil » les personnages comme s’il invitait les spectateurs à  se regarder aussi à poil.

« Nous mènerons le combat contre la barbarie humaine » disent en chœur le metteur en scène, l’auteur, et les comédiens et nous avons envie de les croire. La vision qui nous est donnée de l’humain dans « Un siècle de d’industrie » est crue, choquante et salutaire pour notre épiderme pour peu que nous souhaitions soulever les taies qui bornent « la banalité du mal ».

Le 2 Novembre 2012                                         Evelyne Trân

 

             

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