Du 8 Février 2012 au 18 Mars 2012 Du mardi au samedi à 20 H, dimanche à 17 H
Distribution : De et mise en scène Jean Petrement. Avec Alain Leclerc, Jean Petrement, Lucien Huvier, Diana Laszlo.
Nul n’est censé ignorer la loi. Nul non plus n’est censé ignorer que PROUDHON, père de l’anarchisme et COURBET peintre du réalisme étaient amis. Leurs noms nous sont familiers mais nous devons surfer sur plus de 150 pages de notre histoire avant de pouvoir poser un doigt sur leur rencontre. Grâce à Jean PETREMENT, nous voici transportés un jour d’hiver 1854, à ORNANS, dans le DOUBS, dans l’atelier de COURBET qui reçoit en compagnie de sa modèle Jenny, son respectable ami PROUDHON.
Nous savons que les deux hommes chacun dans leur domaine, ont bouleversé l’histoire. Ce que nous ignorons véritablement, c’est ce qu’ils se sont apporté, l’un à l’autre.
Extérieurement, COURBET a l’allure d’un paysan rougeaud, bon vivant et PROUDHON d’un pasteur ou d’un professeur plutôt renfrogné et peu amène. Ce qui les réunit, c’est ce qui se trame dans leurs corps respectifs, c’est leurs combats, leur idéal qui pousse l’un à bâtir une œuvre picturale destinée à exprimer son propre vécu, pour rendre l’art au peuple d’une certaine façon, et pousse l’autre à rêver de nouvelles fondations pour une société plus juste.
Nous savons grâce aux correspondances échangées entre les deux amis qu’ils se sont toujours soutenus, PROUDHON ayant salué l’esprit novateur de COURBET, ce dernier l’ayant fait figurer notamment dans sa fameuse toile de l’Atelier.
Jean PETREMENT s’est intéressé davantage aux différences de ces grands hommes qui sauteraient à l’œil d’un enfant. Différences de sensibilités, de tempéraments, l’un est introverti, l’autre extraverti. C’est assez banal en somme, cela le devient moins si l’on considère que ce qui est inné en soi peut conditionner sinon notre existence, sinon notre manière de penser et d’agir.
Dans ce court spectacle d’une heure environ, nous pourrions craindre d’assister à des joutes oratoires un peu intello. Il n’en est rien parce que les escarmouches et la vivacité de la discussion entre les personnages restent très naturelles.
On adore la bonhomie impétueuse d’Alain Leclerc, COURBET, le pinceau à la main. Proudhon, le visage circonspect, aux allures pudibondes est moins sympathique. Survient aussi, le braconnier de passage, qui va réconcilier tout le monde avec sa liqueur à la mirabelle et son pâté de lapin. Et puis surtout, il y a Jenny, la jolie modèle qui entend faire crépiter son existence dans un monde d’hommes.
Un cocktail très explosif ! Pas simple l’espèce humaine, avec toutes ses contradictions, oscillant toujours entre la chair et l’esprit, le fond et la forme, entendez par là, pourquoi pas, Proudhon et son associé, Courbet, et regardez Jenny; tous arrivent tout de même à tenir devant et derrière une même toile, celle de « L’atelier » allégorie réelle, d’une page de vie. C’est formidable !
Jean PETREMENT nous invite à la tolérance et la réflexion, c’est jouissif, et ça s’avale cul sec !
Tous les comédiens sont excellents. Un peu enivrés après le spectacle, gageons que vous penserez encore à PROUDHON et à son modèle COURBET. Des expositions leur sont consacrées mais il fallait réunir les deux amis sur une scène de théâtre, c’est fait !
Merci, Jean Petrement pour cette comédie très vivante, instructive et éloquente !
Paris, le 26 Février 2011 Evelyne Trân










